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Foi et savoir sont-ils incompatibles / exclusifs ?

Publié le 23/10/2010

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INTRODUCTION : Le savoir est une procédure rationnelle qui permet de parvenir à des connaissances universelles et démontrées. C'est en ce sens que l'on parle, par exemple, du savoir scientifique. La foi, quant à elle, est une adhésion ferme de l'esprit à une doctrine, particulièrement religieuse, et est donc une forme de croyance, c'est-à-dire une conviction intime qui se formule sans preuve. Comme simple croyance, on ne peut alors nier que la foi reste objectivement insuffisante et qu'elle ne peut tenir lieu de savoir. Pourtant, d'un autre côté, on se doit de reconnaître que la foi n'est pas une opinion comme une autre puisqu'elle suppose un engagement qui, subjectivement, se donne comme étant absolument suffisant. En ce sens la foi, ainsi que l'indique l'étymologie, exprime d'abord un acte de confiance et de fidélité, en regard duquel l'exigence rationnelle du savoir peut paraître inessentielle. Ce statut équivoque de la foi laisse ainsi entendre qu'elle pourrait tout aussi bien appeler le savoir que s'en dispenser. C'est à l'analyse de cette difficulté que nous consacrerons notre devoir.

« croire en n'importe quoi mais seulement en ce qui ne peut faire l'objet d'aucun savoir.

En ce sens il importeraitavant tout de distinguer la foi religieuse de la simple opinion ( » doxa ») dont on peut penser qu'elle est toujourssusceptible d'être relevée dans un savoir.2.

Nous serions donc condamnés à croire faute de pouvoir savoir.

On admettra toutefois que l'argument ne suffitpas àconvaincre, sinon nous n'aurions pas à constater l'existence de tant d'incrédules.

L'absence de savoir n'impliquepas en effet la nécessité de croire comme on le voit avec les différentes formes d'agnosticisme qui ne sont pas touset nécessairement athées.

Il faut en effet distinguer ici entre croire que « Dieu n'existe pas » et « ne pas croire queDieu existe », qui est une simple suspension du jugement et la façon la plus modeste de ne pas croire.3.

D'un point de vue strictement théorique, il n'y a jamais de raison de croire puisque s'il y en avait au moins une ilne s'agirait probablement plus d'une croyance mais d'un savoir.

On n'explique donc pas la foi par l'absence desavoir et c'est pourquoi l'acte de foi semble toujours transcender toutes les raisons.

Dans son Épître aux Ephésiens,Paul de Tarse ( dit « saint Paul ») concevra d'ailleurs la foi comme un « don de la grâce », expliquant la croyancepar…la croyance.4.

Faudrait-il alors se résoudre à ce que la foi reste inintelligible ? Il ne le semble pas, même pour un homme de foi,puisque Anselme de Cantorbéry ( dit « saint Anselme ») écrivait : « cela me paraîtrait de la négligence si nous nefaisions effort pour obtenir l'intelligence de ce que nous croyons » 3e Partie : 1.

On admettra donc que le croyant exige de comprendre sa propre foi.

Foi et savoir, foi et raison doivent pouvoiraumoins coopérer au sein d'un savoir théologique comme le veut Thomas d'Aquin.

Il convient peut-être même dereconnaître que, plus profondément, le contenu intellectuel de la foi n'est guère différent de celui que se propose deconnaître le savoir proprement philosophique ainsi que le pense Hegel.

Foi et savoir ont finalement le même objet,à savoir l'inconditionnel ou l'Absolu (Dieu), mais ils l'appréhendent de deux manières différentes : la foi selon lasimple représentation et la philosophie selon la connaissance par concept.2.

Cependant plus on s'efforcera de rendre intelligible le contenu spéculatif de la foi, au point de prétendreconstituerun improbable savoir absolu, plus on dissipera la valeur de l'engagement qu'elle suppose, c'est-à-dire son intérêtpratique ou moral.

À terme, c'est le savoir qui à nouveau nous dispenserait de croire (cf.

I.

4) obligeant le fidèle àrenoncer au mérite que lui octroie sa foi...3.

Il convient donc de laisser une place à la croyance, en limitant les prétentions du savoir.

Le fidéisme s'opposeradicalement alors à toute ambition de constituer une science de Dieu (ou une théologie rationnelle), comme on levoit dans le débat qui opposa Pascal à Descartes.

Il ne s'agit nullement pour Pascal de soutenir que la foi puissenous dispenser de tout savoir, et c'est en ce sens qu'il prit le parti de Galilée contre le décret de Rome qui lecondamnait.

Il s'agit seulement d'indiquer que la science, ou le savoir rationnel, ne peut ni tout définir ni toutprouver si bien qu'il y a un savoir essentiel qui lui échappe et qui n'est accessible qu'au sentiment du « coeur » :« C'est le coeur qui sent Dieu et non la Raison.

Voilà ce qu'est la foi.

Dieu sensible au coeur et non à la raison ».4.

Ainsi la foi ne dispense pas de savoir, mais celui-ci ne dispense pas davantage de croire puisque la foi est elle-mêmede l'ordre d'un savoir non démonstratif ou non rationnel.

Pascal nous oblige ainsi à penser la possibilité d'unsavoir qui échapperait aux exigences de la raison.

Toutefois même si on lui accordait cette possibilité, il faudraitencore admettre qu'un tel savoir demeure incommunicable.

De ce point de vue Descartes avait raison de soulignerdans la présentation de ses « Méditations » que si le savoir rationnel est inutile au fidèle, il est indispensable dèslors que l'on se propose de persuader l'infidèle.

Nous savons comment Pascal tentera de se sortir de cette difficultéen proposant à l'infidèle un pari où il est moins question de nous montrer que la religion est vraie que de nous fairesouhaiter qu'elle le soit.

Ce faisant, il subordonne la question de la foi non pas à un intérêt spéculatif ou théoriquequi intéresserait le savoir, mais à un intérêt pratique ou moral qui concerne notre salut. Conclusion : 1.

On peut alors comprendre dans quelle mesure la foi serait susceptible de nous dispenser de savoir.

Sur le terraindela philosophie spéculative, la foi n'est en effet qu'une simple croyance qui certes vaut mieux que l'opinion(insuffisante objectivement et subjectivement) mais moins que le savoir scientifique et rationnel (subjectivement etobjectivement suffisant).

Par contre, sur le terrain pratique ou moral, elle peut prétendre valoir davantage que lascience ainsi qu'en témoigne cette fameuse formule de Kant dans sa 2° Préface à La Critique de la raison pure :« je dus donc abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la foi ».

Comprenons bien.

Si la foi trouve sapossibilité dans les limites de l'exercice théorique de la raison, elle ne trouve sa nécessité que du seul point de vuede l'usage pratique de la raison.

Les propositions qu'elle énonce sur l'existence de Dieu ou sur l'immortalité del'âme restent ainsi théoriquement problématiques, en tant qu'assertions sur la réalité, mais deviennent nécessairesdès lors qu'elles procèdent de propositions pratiques fondées sur les différentes formules de l'obligation morale queprescrit la raison pratique.2.

La foi n'est donc plus justifiée par son contenu religieux, si bien que toutes les propositions de la religion révélée. »

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