Florilège de citations tirées de la condition ouvrière de S.Weill
Publié le 08/04/2023
Extrait du document
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Florilège citations
La Condition ouvrière, Simone Weil
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L’épuisement au travail
Il faut forcer, empêcher qu’un instant d’arrêt sépare un mouvement
du mouvement suivant.
Plus vite, encore plus vite !
Forcer.
Forcer encore.
o, fournit un effort au terme duquel, à tous égard, on n’aura pas
autre chose que ce qu’on a.
on fait effort seulement pour vivre.
on travaille seulement parce qu’on a besoin de manger.
la cadence de travail qui déjà brise le corps, le cœur et la pensée.
Les rivalités au travail
Il y a pas mal de jalousie parmi les ouvrières, qui se font en fait
concurrence, du fait de l’organisation sympathiques.
Il faut détruire la solidarité ouvrière au moyen des primes et de a
concurrence.
La solidarité fait défaut dans une large mesure.
Malaises au travail
Une docilité de bête de somme résignée.
il ne faut pas chercher des causes à la démoralisation du peuple.
La
cause est là ; elle est permanente ; elle est essentielle à la
condition du travail.
la haine et le dégoût de l’usine, du lieu de travail, que les paroles et
les actes font si souvent apparaître.
la hâte vertigineuse et monotone des heures de travail,
l’accablement des repos trop brefs, la misère insondable des jours
de chômage et des années de vieillesse.
Cette situation fait que la pensée se recroqueville, se rétracte,
comme la chair se rétracte devant un bistouri.
Le chronométrage se fait en dépit du bon sens.
Le tragique de cette situation, c’est que le travail est trop machinal
pour offrir matière à la pensée.
cette porte (de l’usine) leur est plus étrangère que celle de
n’importe quelle maison inconnue.
aucune intimité ne lie les ouvriers aux lieux et aux objets parmi
lesquels leur vie s’épuise.
Le spectacle de manœuvres sur machines est presque toujours celui
d’une précipitation misérable d’où toute grâce et toute dignité sont
absentes.
Je regarde autour de moi.
Personne ne lève la tête, jamais.
Personne ne sourit.
Personne ne dit un mot.
Comme on est seul ! 1 - - - on n’est pas chez soi à l’usine […], on y un étranger admis comme simple intermédiaire entre es machines et les pièces usinées, ce fait vient atteindre le corps et l’âme ; sous cette atteinte, a chair et la pensée se rétractent. Le premier détail qui, dans la journée, rend la servitude sensible, c’est la pendule de pointage. Le dégoût envahit l’âme, au cours d’une longue période de travail monotone. Le travail méconsidéré/ aliéné Les chefs se préoccupent uniquement des pièces et non des difficultés vaincues. on s’intéresse exclusivement à ce qu’il a fait, jamais à la manière dont il s’y est pris pour le faire. L’effort qu’il est en train d’accomplir ne le mène nulle part, sinon à l’heure de la sortie. l’ouvrier ne sait pas ce qu’il produit, et par suite il n’a pas le sentiment d’avoir produit. l’ouvrier, quoique indispensable à la production, n’y compte pour rien presque pour rien. leur peine se transforme en argent dont une petite part leur revient et dont une grosse part va au patron. les choses jouent le rôle des hommes, et les hommes jouent le rôle des choses. - S’exprimer pour exorciser ses angoisses au travail prendre une plume et du papier, et parler un peu de votre travail. écrire de manière à alléger un peu le poids des humiliations que la vie impose jour par jour aux ouvriers. - Réhabiliter l’ouvrier arriver dans le cadre d’une usine à ce que les ouvriers comptent et aient conscience de compter pour quelque chose. faire sentir à ces hommes qu’on les comprend serait déjà pour les meilleurs d’entre eux un réconfort. Toute la société doit être constituée d’abord de telle manière que le travail ne tire pas vers en bas ceux qui ‘exécutent. un passage progressif de la subordination totale à un certain mélange de subordination et de collaboration, l’idéal étant la coopération pure. - - Le travail : précarité et intérêt Il ne peut y avoir d’autre stimulant que la peur et l’appât des sous. Eux ne font rien qui ne soit fait ou par contrainte ou par l’appât du gain. 2 - - - - - Il faut travailler.... »
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