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Fiche VÉRITÉ ET DÉMONSTRATION

Publié le 24/05/2023

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« 1 VÉRITÉ ET DÉMONSTRATION La vérité n’est pas dans les choses.

En effet dire que la réalité est vraie n’a pas de sens.

La réalité existe, c’est tout.

Une chose est ou alors elle n’est pas, mais elle n’est pas vraie ou fausse. La vérité n’est pas dans la pensée ou le langage.

En effet, je peux très bien penser ou parler sans me soucier de la vérité.

Du coup, ma pensée ne sera ni vraie ni fausse (ex : un roman).

Pour être dans le vrai ou le faux, il faut avoir la volonté de faire correspondre ma pensée ou mon langage avec la réalité. C’est pourquoi la vérité réside dans l’accord entre la pensée ou le langage et la réalité.

Nous aboutissons ainsi à la définition classique de la vérité, défendue par la plupart des penseurs depuis l’Antiquité : la vérité réside dans l’adéquation de l’esprit humain (et de ses idées) à la réalité. Tout ce que nous venons de dire précedemmment est parfaitement repris par ce texte (1) de John LOCKE, tiré de l’ ESSAI SUR L’ENTENDEMENT HUMAIN (1689) : « Nos idées ne sont que des manifestations ou des perceptions dans notre esprit, et on ne peut donc les dire en elles-mêmes proprement et simplement vraies ou fausses, pas plus qu’on ne peut dire vrai ou faux le simple nom d’une chose.

L’idée de centaure n’implique pas plus de fausseté quand elle apparaît dans l’esprit que le nom de centaure n’implique de fausseté quand il est exprimé oralement ou écrit sur du papier.

Car la vérité ou la fausseté résident toujours dans une affirmation ou une négation, mentales ou verbales, et donc aucune de nos idées n’est susceptible d’être fausse avant que l’esprit ne porte sur elles un jugement, c’est-à-dire n’affirme ou ne nie quelque chose à leur sujet.

» Mais qu’est-ce qui nous assure alors de la coïncidence entre la structure de la pensée et celle du réel ? Le langage et la pensée ont-ils pour fonction de connaître le monde ? N’ont-ils pas d’abord pour fonction de nous y adapter, et ce au mépris de toute objectivité ? Notre esprit atteint-il les choses mêmes ? Autrement dit, une connaissance objective et universelle est-elle possible, qui non seulement mette tous les esprits d’accord entre eux, mais concerne vraiment le monde tel qu’il est, et non tel qu’on veut qu’il soit (tel que notre action le simplifie et l’organise à des fins subjectives qui tiennent aux intérêts de notre espèce, de certains groupes humains, de tel ou tel individu) ? Que pouvons-nous connaître de la réalité ? Et par quels moyens ? I.

LA THEORIE DE LA VERITE-CONSTAT 1) Première étape : l’esprit reçoit ses idées du monde tel qu’il est, soit par l’intuition sensible soit par l’intuition intellectuelle. Première hypothèse : pour atteindre la vérité, l’esprit pourrait se contenter de constater ce qui est.

« Il pleut », « Socrate est un homme », « Ce chat miaule », «Je pense », autant de constats, autant de vérités. 1 2 On pourra remarquer que dans les exemples cités, trois semblent tirés d’une perception extérieure, tandis que le dernier est tiré d’une « perception interne ».

En effet, par la perception externe (ou intuition sensible), l’esprit semble pouvoir connaître le monde extérieur, qui provoque en lui des idées.

Par la perception interne (ou intuition intellectuelle), l’esprit se connaît lui-même, et sait par exemple qu’il pense et existe. Mais il ne suffit pas d’énumérer des constats et des idées pour connaître la réalité. Encore faut-il découvrir comment ces idées objectives sont liées entre elles (d’où la question : pourquoi ?), et voir si certaines idées ne peuvent pas être rassemblées sous une idée encore plus générale. Cette méthode nous permettrait de comprendre comment les monde est organisé, et d’en expliquer et prévoir les événements.

D’où la deuxième étape. 2) Deuxième étape : l’esprit lie les idées qu’il reçoit entre elles.

Cet enchaînement d’évidences s’appelle démonstration. L’art de la démonstration est bien décrit par Locke dans ce texte (3) (Essai sur l’entendement humain) : « Parfois l’esprit perçoit la convenance ou la disconvenance de deux idées, immédiatement et par elles-mêmes, sans l’intervention d’aucune autre.

C’est ce qu’on peut appeler, je pense, connaissance intuitive.

Car l’esprit n’a aucune difficulté ici à donner des preuves ou à examiner ; il perçoit la vérité, comme l’œil perçoit la lumière, du seul fait d’être dirigé vers elle.

Ainsi l’esprit perçoit-il que blanc n’est pas noir, qu’un cercle n’est pas un triangle, que trois est supérieur à deux et égal à deux plus un.

C’est de cette intuition que dépendent toute la certitude et l’évidence de toute notre connaissance, certitude que chacun éprouve telle qu’il ne puisse en imaginer, ni donc en exiger, de plus grande.

Celui qui exige une plus grande certitude, exige quelque chose qu’il ignore, et manifeste uniquement son envie d’être sceptique alors qu’il n’en est pas capable.

Le degré suivant de connaissance, c’est la perception par l’esprit de la convenance ou de la disconvenance entre idées, mais pas immédiatement.

Lorsque l’esprit ne peut joindre ces idées de façon à percevoir, par leur comparaison immédiate, leur convenance ou leur disconvenance, il est obligé de découvrir la convenance ou la disconvenance qu’il cherche par la médiation d’autres idées (une ou plusieurs selon les cas) ; et c’est ce qu’on appelle raisonner.

Ces idées intermédiaires qui servent à montrer la convenance de deux autres, on les appelle preuves.

Là où la convenance ou la disconvenance sont perçues manifestement et clairement par cette voie, cela s’appelle démonstration, parce qu’on montre à l’entendement et qu’on fait voir à l’esprit qu’il en est ainsi.

Or, dans la connaissance démonstrative, à chaque étape que construit la raison il y a une connaissance intuitive de la convenance ou de la disconvenance cherchées avec l’idée médiatrice la plus proche utilisée comme preuve ; car s’il n’en était pas ainsi, cela même demanderait une preuve.

» Ainsi la démonstration chez Locke (il reprend ici Descartes) n’est qu’un enchaînement d’intuitions, c’est-à-dire de constats que l’esprit ne peut s’empêcher de faire, dont il ne peut douter, et qui sont donc autant de certitudes fondées sur l’évidence. Démontrer est nécessaire, car certains jugements (on dira qu’un jugement est l’établissement d’un rapport entre deux idées) ne sont pas en eux-mêmes évidents.

Mais si on 2 3 parvient à enchaîner avec évidence ces jugements à des jugements qui eux, sont évidents, alors ces jugements, qui étaient incertains, deviennent certains : ils sont démontrés.

Trouver la preuve, c’est trouver le jugement intuitif (donc certain) ou le jugement déjà démontré qui permettra de déduire avec évidence le jugement dont on n’est pas encore certain. Inversement, on peut prouver qu’un jugement est faux en montrant qu’il est en contradiction avec un jugement intuitif ou déjà démontré. La vérité réside donc d’abord dans la connaissance immédiate que l’esprit humain a du monde (y compris l’esprit humain).

Puis ensuite elle s’obtient par inférence (opération qui consiste à admettre une proposition en raison de son lien avec une proposition préalable tenue pour vraie). C’est pourquoi les premiers principes de la connaissance ne sont pas démontrables, mais intuitivement certains.

Dire qu’il faut les démontrer, ce serait douter d’eux, et donc cela les ferait dépendre d’autres principes, qui eux-mêmes devront être démontrés, à moins d’être intuitifs.

Ainsi, ou le fondement du savoir est intuitif, ou alors le savoir n’est jamais certain, et suppose une régression à l’infini vers des principes qui ne seront jamais premiers. Tout démontrer est donc impossible, et vouloir tout démontrer, c’est ne pas comprendre que la source ultime de toute certitude est le constat intuitif.

C’est vouloir à tout prix être sceptique, alors que ce scepticisme est impossible.

Quel esprit prétendrait qu’il n’est pas certain que A est A, et n’est pas non-A (principe de non-contradiction), ou encore qu’un cercle n’est pas un triangle, ou qu’il ne pense pas ? Un esprit dérangé, ou alors de mauvaise foi. II.

UNE TELLE CONCEPTION DE LA VERITE-CONSTAT EST SIMPLISTE, AUSSI BIEN EN CE QUI CONCERNE L’INTUITION SENSIBLE QUE L’INTUITION INTELLECTUELLE 1) Critique de l’intuition sensible En effet, prenons la perception, dont nous tirons la plupart de nos soi-disant constats intuitifs.

Cette perception a une histoire, aussi bien naturelle que culturelle, qui lui ôte toute immédiateté.

L’acte de constater n’est pas intuitif : il contient déjà une interprétation. Autrement dit, nos perceptions cachent des attentes, et des prédictions, comme le montre Karl Popper dans le texte (4) suivant : Karl POPPER LA CONNAISSANCE OBJECTIVE 1972 : « Sous ses diverses formes subjectives, la connaissance est faite d’attentes et de dispositions.

Elle consiste en des dispositions des organismes, .

Soit un type d’organisme qui ne peut vivre aujourd’hui que dans l’eau, et un autre que sur terre ; comme ils ont survécu jusqu’à présent, leur écologie propre détermine en partie leur « connaissance ».

Comme toutes nos dispositions sont, en un certain sens, des adaptations à des conditions environnementales invariantes ou qui changent lentement, on peut les décrire comme imprégnées de théories,.... »

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