Fiche lecture - Le Rire, Bergson
Publié le 15/06/2014
Extrait du document
«
L'imitation est également comique car on va révéler les gestes mécaniques ancrés chez une personne.
De même que les gestes répétés d'un orateur, qui créent une mécanique, nous font rire, la similitude,
par exemple de deux visages qui se ressemblent, produit un effet comique.
C'est d'ailleurs d'autant
plus risible que les personnages sont nombreux (par exemple les marionnettes).
V.
On a un processus d' « expansion du comique » :
Il faut s'arrêter sur l'expression « du mécanique plaqué sur du vivant ».
En effet, de cette image
centrale partent trois directions divergentes.
1.
Première direction
On peut généraliser l'idée d'une mécanique plaquée sur du vivant à l'idée d'une raideur en général.
Dans cette perspective, il serait facile de dire d'un vêtement qu'il est ridicule en tant qu'enveloppe
rigide.
Pourtant, la mode vestimentaire, aujourd'hui, ne nous fait pas rire.
Par contre, quelqu'un qui
s'habille avec des vêtements d'autrefois sera risible car considéré comme déguisé.
Donc on a une première série de problèmes : on explique le rire par la rupture, l'originalité ; c'est pour
cela que les déguisements font rire.
Alors toute caractéristique d'un corps peut être vue comme un
artifice et nous faire rire (coloration de cheveux, nez rouge...) Par extension, cela est valable pour la
nature (on rira d'un chien à moitié tondu, de fleurs artificielles...) et même pour la société où l'on
trouve des automatismes risibles (par exemple la solennité exagérée lors de commémorations, le
fonctionnement des fonctionnaires comme des machines...)
2.
Deuxième direction
Cette fois-ci, on peut considérer que le corps est une enveloppe rigide pour l'âme, comme l'était le
vêtement auparavant.
La loi régissant cela est la suivante : « Est comique tout incident qu'appelle notre attention sur le
physique d'une personne alors que le moral est en cause ».
Cela signifie que le comique naîtra du
sentiment de superposition de l'âme et du corps.
Ainsi, une situation sera comique quand le corps prendra le pas sur l'âme.
Par exemple, « un orateur
qui éternue au moment le plus pathétique de son discours ».
[autres exemples p.39-40]
Si l'on élargit l'image du corps qui prend le dessus sur l'âme, on arrive à quelque chose de plus général :
la forme prime sur le fond.
Par exemple, au théâtre, on fait parler un médecin comme si la médecine
importait peu et que l'important était qu'il y ait des médecins.
[autres exemples p.41]
Enfin, on a la loi des harmoniques comiques.
Par exemple, toujours en prenant le cas d'une profession,
il s'agit d'ajouter au ridicule professionnel le ridicule physique.
3.
Troisième direction
Quand on plaque du mécanique sur du vivant, on rit parce qu'on transfigure une personne à une chose
(puisque le mécanique est une chose).
Donc on peut généraliser le mécanique à l'idée de chose
puisque « nous rions toutes les fois qu'une personne nous donne l'impression d'une chose ».
Par
exemple, lorsqu'on regarde deux clowns qui se cognent, tombent, et rebondissent de façon répétée,
on perd peu à peu l'idée que ce sont des individus et ils deviennent à nos yeux des objets [autre
exemple p.45].
Il faut noter qu'il n'est pas nécessaire d'aller au bout de l'identification personne/chose
pour obtenir un effet comique.
Il y a en effet un travail de l'individu pour engendrer du comique : c'est
le « suggestion ».
Chapitre II : Le comique de situation et le comique de mots
I.
Le comique de situation suit la loi suivante : « Est comique tout arrangement d'actes et d'événements
qui nous donne, insérées l'une dans l'autre, l'illusion de la vie et la sensation nette d'un agencement.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Fiche de lecture Bergson: Le rire
- Pensée et le Mouvant, la [Henri Bergson] - fiche de lecture.
- Matière et Mémoire [Henri Bergson] - fiche de lecture.
- Durée et Simultanéité [Henri Bergson] - fiche de lecture.
- Fiche de lecture: L'Evolution créatrice de Bergson