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Fiche de cours en philo : L'IMAGINATION .

Publié le 02/08/2009

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SUJETS DE BACCALAURÉAT — Imaginer, est-ce seulement nier la réalité? — Comment comprenez-vous cette phrase de Sartre : « Imaginer, c'est donner à l'imaginaire un bout de réel à ronger« ? — Penser, est-ce seulement imaginer? — L'imagination n'est-elle qu'une mémoire qui ne se contrôle plus ? — L'imagination est-elle le refuge de la liberté? — Une oeuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder?

• Distinguez bien l'imagination reproductrice, comme faculté de former des images et de se représenter des objets en leur absence, de l'imagination créatrice, comme faculté de combiner des images ne correspondant à rien de donné (§ 1).  Cette notion d'imagination créatrice n'a rien d'évident, et le problème essentiel qui se posera dans cette fiche sera d'arriver à dégager l'imagination en tant que construction spécifique nous ouvrant au surréel, l'image cessant à ce niveau de copier ou de représenter la réalité pour inventer un monde nouveau (Bachelard, § 8).  • L'imagination est profondément dévaluée dans la théorie classique (Descartes-Pascal), qui saisit en elle une maîtresse d'erreur et de fausseté (§ 2). La théorie d'Alain, niant la réalité de l'image, est le point d'aboutissement de la conception classique (§ 3).  • Sartre a édifié une des premières théories positives de l'imagination : il a dégagé la nature de la conscience imageante (§ 4), le phénomène de quasi-observation (§ 5) et séparé sentiments imaginaires et réels (§ 5). Ce faisant, Sartre a remarquablement mis en évidence la liberté à l'oeuvre dans la conscience imageante (§ 6), mais n'a pas vraiment dépassé le stade de l'imaginaire banal (§ 7).  • C'est Bachelard (§ 8) qui a souligné ce qu'est le surréel, retrouvant ainsi l'essence de la reine des facultés dont parlait Baudelaire (§ 9).  

« comme un néant.« Toute conscience est conscience de quelque chose.

La conscience irréfléchie vise des objets hétérogènes à laconscience : par exemple, la conscience imageante d'arbre vise un arbre, c'est-à-dire un corps qui est extérieur parnature à la conscience; elle sort d'elle-même, elle se transcende...

L'image donne son objet comme un néantd'être.» (Sartre, L'imaginaire, NRF, 1952) V — La pauvreté de l'imaginaire Conscience perceptive et conscience imageante me livrent le monde de façon profondément différente.Quand je perçois, je me transcende vers le monde extérieur dont j'expérimente les inépuisables aspects.

Impossiblede faire rapidement le tour d'un objet! Sans cesse, je saisis en lui des aspects nouveaux et singuliers.

Au contraire,si j'imagine, l'objet se donne à moi une fois pour toutes à travers l'acte synthétique de transcendance vers cetobjet.

D'un seul coup, l'image me livre tout ce qu'elle est.

Dès son apparition, elle est là, tout entière.

En bref, jesuis bien dans la situation d'un observateur, mais cette observation ne m'apprend rigoureusement rien.Mais alors, il y a dans l'image et dans l'imagination une espèce de pauvreté essentielle.

Dans la «quasi-observation»,je sais déjà tout.

Reconnaissons qu'il y a une sorte de stérilité dans l'image, comme si, à travers elle, je ne pouvaisrien connaître de nouveau.« Notre attitude par rapport à l'objet de l'image pourrait s'appeler «quasi-observation».

Nous sommes, en effet,placés dans l'attitude de l'observation, mais c'est une observation qui n'apprend rien.

Si je me donne en image lapage d'un livre, je suis dans l'attitude du lecteur, je regarde les lignes imprimées.

Mais je ne lis pas.

Et, au fond, jene regarde même pas, car je sais déjà ce qui est écrit.» (Sartre, op.

cit.)Aussi Sartre nous décrit-il la vie imaginaire dans sa pauvreté essentielle.

Prenons, par exemple, le cas dessentiments imaginaires.

Il est une différence profonde, de nature, entre les sentiments en face du réel et lessentiments en face de l'imaginaire.

Quand Annie s'en va, dit Sartre, mes sentiments pour elle changentprofondément de nature.

En effet, Annie en image est incomparable à cette Annie que me livre la perception.

Elleest alors affectée d'un coefficient d'irréalité puisque l'image pose son objet comme un néant.

Ainsi, mon sentiment(en face de l'imaginaire) s'arrête, il ne devient plus, il ne se fait plus, il ne participe plus à l'inépuisable richesse de lavie et de l'existence. VI — Imagination et liberté Malgré cette dégradation de la conscience imageante, malgré les aspects négatifs de l'image, Sartre a très biensouligné la valeur positive de la fonction imageante.

Sans l'imaginaire, l'homme serait prisonnier du monde; en effet,imaginer, c'est constituer un objet en marge de la totalité du réel, c'est donc tenir le réel à distance et le nier.Imaginer, c'est s'affranchir du monde et le dépasser.

Si j'imagine un absent, alors que je me trouve immergé aumilieu de présences concrètes et réelles, je néantise le monde : l'imagination n'est rien d'autre que le pouvoirnéantisant de la conscience.

Elle est le fait d'un existant qui n'est pas embourbé dans le monde, mais qui s'endégage et qui est libre.« L'imagination n'est pas un pouvoir empirique et surajouté de la conscience, c'est la conscience tout entière entant qu'elle réalise sa liberté; toute situation concrète et réelle de la conscience dans le monde est grossed'imaginaire en tant qu'elle se présente toujours comme un dépassement du réel.» (Sartre, op.

cit.) VII — Mérites et lacunes de la théorie de Sartre La description de Sartre est certes remarquable : il a mis en lumière le lien profond qui existe entre imagination etliberté.

Imaginer, c'est se déprendre du monde, le mettre à distance, le néantiser.

Un être qui resterait entièrementprisonnier du réel ne serait pas libre.Mais, tout en édifiant une théorie profondément originale de l'imagination, Sartre ne la représente que sous sonaspect le plus schématique et le plus pauvre.

En ceci, c'est tout un palier de la vie imaginaire qu'il décrit : le palierde notre imagination quotidienne, celui de l'imaginaire dans sa banalité de tous les jours.

Mais Sartre n'explicite pasvraiment le sens de l'imagination créatrice des artistes et des poètes. VIII — Bachelard : l'imagination surréelle L'imagination surréelle, comme pouvoir de création et d'invention, représente un autre étage de la vie psychique,fort bien analysé par Bachelard.

Car la seule imagination qui mérite ce nom, aux yeux de Bachelard, est l'imaginationcréatrice.

Ici, nous sommes bien loin de cette imagination stéréotypée, pauvre et schématique que décrit Sartre :l'imagination n'est pas la faculté de former des images de la réalité, mais la faculté de «former des images quidépassent la réalité».

Elle est le pouvoir du surréel, elle est fondamentalement invention et création : elle ouvre àde nouvelles visions et à de nouveaux horizons.

Elle explose, tel l'imaginaire de Rimbaud et des surréalistes.

Il y a belet bien une imagination créatrice : l'imagination, c'est la faculté de nouveauté qui caractérise le psychisme humain,la faculté d'invention.«Tout ce qu'on dit dans les manuels sur l'imagination reproductrice doit être mis au compte de la perception et de lamémoire.

L'imagination créatrice a de tout autres fonctions que celle de l'imagination reproductrice.

A elle appartientcette fonction de l'irréel qui est psychiquement aussi utile que la fonction du réel si souvent évoquée par lespsychologues pour caractériser l'adaptation d'un esprit à une réalité estampillée par les valeurs sociales.»(Bachelard, La terre et les rêveries de la volonté, José Corti éditeur, 1948). »

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