Fiche de cours en philo : LE TRAVAIL .
Publié le 11/08/2009
Extrait du document
La question réelle n'est pas d'abord celle du loisir, mais celle du sens et de la signification du travail humain. Le vrai travail est celui qui est librement choisi, selon ses propres valeurs, celui où la peine est liée au plaisir. Alors le plaisir s'y ajoute comme à la jeunesse sa fleur. Peut-être, toutefois, sommes-nous à l'aurore d'une nouvelle société les techniques de production contemporaines, d'une part, la puissance de production du travailleur moderne, d'autre part, laissent prévoir un temps moindre nécessaire à la subsistance par le travail et, peut-être alors un déplacement du champ des désirs humains.
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cercle d'activité déterminé, auquel il ne peut échapper.
VI - L'aliénation du travail
Initialement, l'artisan produit en totalité un objet qui est donc sa création propre et dans lequel il se reconnaît.Progressivement, avec la manufacture, puis la grande industrie, le travail ouvrier devient travail aliéné.
En quoiconsiste l'aliénation du travail? En ce que l'homme se trouve devant son produit comme devant une réalité qui lui estétrangère et le domine.
Le producteur ne se reconnaît plus dans la chose qu'il produit.
Ce phénomène de l'aliénation(alienus : étranger) a été mis en lumière par Marx dans les Manuscrits de 1844 : le travail devient extérieur àl'ouvrier qui n'y développe aucune énergie libre et authentique, qu'elle soit physique ou morale.«L'objet que le travail produit, son produit, l'affronte comme un être étranger, comme une puissance indépendantedu producteur.
» (Marx, Manuscrits de 1844)
VII - L'exploitation du travail : travail et plus-value
Le travail, a montré Marx, est non seulement aliéné, mais également exploité.
En effet, le propriétaire des moyensde production achète la force de travail de l'ouvrier, son énergie physique et nerveuse.
Cette force de travailconstitue la seule ressource des producteurs, qui la vendent quotidiennement.
Mais le propriétaire, s'il rétribue lesproducteurs, ne paye pas pour autant à son juste prix la force de travail incorporée dans les marchandisesproduites.
Sur la valeur de huit heures de travail fournies il n'en paye, par exemple, que celle de cinq.
Les troisautres sont gratuites et créent une plus-value, c'est-à-dire une valeur supplémentaire produite par le travailleur, encontrepartie de laquelle il ne perçoit aucune rétribution.«La production de plus-value n'est autre chose que la production de valeur, prolongée au-delà d'un certain point.
Sile processus de travail ne dure que jusqu'au point où la valeur de la force de travail payée par le capital estremplacée par un équivalent nouveau, il y a simple production de valeur; quand il dépasse cette limite, il y aproduction de plus-value.
» (Marx, Le Capital)
VIII - Bilan sur l'aliénation et l'exploitation
Que penser de cette critique marxiste du travail humain aliéné et exploité? L'exploitation proprement dite diminue denos jours progressivement,_ sous l'effet de longues luttes ouvrières.
La part de plus-value tend donc à se réduiredans nos sociétés contemporaines ; elle reste cependant un principe même de la société capitaliste : touteentreprise, industrielle ou commerciale, fait des bénéfices, sans lesquels elle ne pourrait survivre.
Par ailleurs,l'aliénation demeure : la tâche' parcellaire et déshumanisée dont le travail à la chaîne est l'aboutissement ultime,constitue encore une des donnée de base de notre civilisation industrielle.
Mais un mouvement de réaction s'est amorcé depuis une vingtaine d'années pour restituer au travail sa valeurhumaine : on tend à attribuer à de petits groupes la responsabilité collective de certaines productions.
IX - Le loisir
Le loisir peut-il apporter une réponse aux multiples problèmes du travail et constituer - malgré l'aliénation de laproduction - une sphère de liberté et d'épanouissement? C'est ce que semblent suggérer certains sociologues quidéfinissent le loisir comme un ensemble d'occupations auxquelles l'individu peut s'adonner de son plein gré.Il nous paraît vain de rêver d'un loisir libre et pur de toute aliénation si le travail demeure déshumanisé.
Le loisir nepeut alors que prolonger la servitude du travail.
La routine du labeur entraîne la passivité et la dévalorisation duloisir, comme le notait justement Marcuse«L'aliénation et l'enrégimentement débordent du temps de travail sur le temps libre.
Une telle coordination ne doitpas être imposée de l'extérieur par les agences de la société et, formellement, elle ne l'est pas.
C'est la longueur dela journée de travail elle-même, la routine lassante et mécanique du travail aliéné qui accomplit ce contrôle sur lesloisirs.
Cette longueur et cette routine exigent que les loisirs soient une détente passive et une re-création del'énergie en vue du travail futur.
» (H.
Marcuse, Eros et civilisation, Editions de Minuit, 1966)
Conclusion
La question réelle n'est pas d'abord celle du loisir, mais celle du sens et de la signification du travail humain.
Le vraitravail est celui qui est librement choisi, selon ses propres valeurs, celui où la peine est liée au plaisir.
Alors le plaisirs'y ajoute comme à la jeunesse sa fleur.
Peut-être, toutefois, sommes-nous à l'aurore d'une nouvelle société les techniques de production contemporaines,d'une part, la puissance de production du travailleur moderne, d'autre part, laissent prévoir un temps moindrenécessaire à la subsistance par le travail et, peut-être alors un déplacement du champ des désirs humains..
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