Fiche de cours en philo : L'ART .
Publié le 02/08/2009
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SUJETS DE BACCALAURÉAT - La laideur peut-elle faire l'objet d'une représentation esthétique? - L'oeuvre d'art nous met-elle en présence d'une vérité impossible à atteindre par d'autres voies ? - L'art est-il le règne de l'apparence? - L'art peut-il ne pas être sacré? - Est-il possible, dans le domaine des arts, d'avoir tort ou raison lorsqu'on dit : « C'est beau « ? - Qu'est-ce qui distingue la création artistique et l'invention technique? Une oeuvre d'art est-elle un objet sacré? (Amiens, A, juin 1985). - En quoi l'art peut-il être considéré comme une chose sérieuse? - Peut-on expliquer une oeuvre d'art? - Pourquoi applique-t-on le terme de «création« à l'activité artistique? - En quel sens peut-on parler de beauté morale? - En quel sens l'artiste a-t-il besoin de modèles? - Une oeuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder? - Est-il vrai qu'on ne peut pas discuter des goûts ?
• Il s'agira, dans cette fiche, de comprendre la spécificité de l'Art et du Beau. L'Art est la création d'une réalité spirituelle authentique (§ 5), et non point une pâle imitation de la nature. Quant au Beau, il est irréductible à l'agréable ou à l'utile, comme l'a montré Kant (§ 10). • Distinguez bien l'art, au sens moderne du terme, comme création de choses belles, de l'art dans sa signification originelle, comme ensemble de procédés permettant d'obtenir certaines fins (§ 1). • L'Art n'est ni une imitation de la nature comme le voulait Platon (§ 2 et 3), ni un objet du désir (§ 4). Hegel a critiqué, à juste titre, ces fausses visions de l'art, et montré (§ 5) que l'art est création d'une réalité spirituelle. Dès lors, le Beau artistique peut se définir comme la manifestation sensible de l'Idée (§ 6). Distinguez bien la Beauté de la Vérité (§ 7). • La création artistique est moins un délire, comme l'entendait Platon (§ 8) qu'un travail et une action de l'intelligence (§ 9). • Quant au jugement de goût, il est à la fois désintéressé, universel et nécessaire, comme l'a montré Kant (§ 10).
«
Mais peut-être le désir, cette tendance qui.
pousse l'homme à nier l'objet et à le sacrifier à sa satisfactionpersonnelle, est-il en mesure de nous faire comprendre le Beau artistique et l'oeuvre d'art.
Le Beau n'est-il pas ceque je désire et veux posséder?Cette vision de l'art est radicalement fausse, nous montre Hegel.
Si la représentation d'un nu éveille en moi quelquedésir sexuel, c'est que je ne perçois pas le tableau dans sa dimension esthétique.
Le Beau artistique ne s'offrejamais à mon désir, il ne concerne que le côté théorique de l'esprit, lequel laisse l'objet subsister dans sa liberté.
Larelation de l'homme à l'oeuvre d'art et au beau n'est pas de l'ordre du désir.
Ce point est fondamental.L'oeuvre d'art, loin de se rattacher à mes désirs sensibles, me délivre d'eux et m'entraîne bien loin, dans unesatisfaction désintéressée et purement contemplative, comme l'a montré Kant (Cf.
§ 10).
V - L'art est création d'une réalité spirituelle
Toute définition de l'art à partir du sensible ou du désir se révèle insuffisante.
L'art est réellement l'esprit se prenantpour objet, il représente la création d'une réalité nouvelle et spirituelle.
Il dégage la vérité profonde des apparencessensibles et l'exprime.
Hegel nous donne l'exemple de la statuaire grecque : l'art hellénique rend la forme humaineplus parfaite, l'anime et la spiritualise.
Ce que nous percevons dans l'art hellénique classique, c'est l'esprit toutentier comme constituant le fond de l'ouvrage d'art.
André Malraux verra, lui aussi, dans l'art une démiurgie, lacréation d'une nouvelle réalité spirituelle, une invention de formes:« L'art naît...
de la fascination de l'insaisissable, du refus de copier des spectacles, de la volonté d'arracher lesformes au monde que l'homme subit pour les faire entrer dans celui qu'il gouverne...
Les glands artistes ne 'sont pasles transcripteurs du monde, ils en sont les rivaux.
» (A.
Malraux, Les voix du silence, NRF, 1959)
VI - Hegel : le beau est la manifestation sensible de l'Idée
Ainsi, l'Art est l'esprit se prenant pour objet.
Nous pouvons, dès lors, voir dans le Beau artistique une expressionsensible de l'Idée.
Le Beau se définit comme la manifestation sensible et empirique de l'Idée', élément le plus élevéde la pensée et de l'Être, principe même de toute transcendance.
Le Beau, c'est l'unité de la forme sensible et del'Idée universelle.
VII - Le Beau et le Vrai
C'est donc la représentation sensible de l'Idée qui appartient au Beau artistique.
Il y a, par conséquent, unedifférence essentielle entre le beau et le vrai.
Le vrai, c'est l'Idée considérée en elle-même, indépendamment detoute forme sensible.
La connaissance tend, en effet, vers l'Idée comme vers son terme ultime.
C'est l'Idée en tantque telle qui donne sens au savoir et permet de le totaliser.
Au contraire, dans la beauté artistique,l'Idée est engagée dans une représentation sensible.
Dans un tableau, ce qui compte, ce n'est pas seulement l'Idéequi s'y manifeste, mais la couleur, le pastel, la matière, les données d'ordre sensible et concret.
On voit ainsi toutela différence entre le vrai et le beau.
Le premier est purement intellectuel, le second est tout pénétré par le concretet le sensible.«Lorsque le vrai apparaît seulement à la conscience dans la réalité extérieure et que l'idée reste unie et identifiée àson apparence extérieure, alors l'idée n'est pas seulement vraie, mais belle.
Le beause définit donc comme la manifestation sensible de l'idée.
» (Hegel, op.
cité)
VIII - La création artistique et le problème de l'inspiration
Mais en quoi consiste la création de cette oeuvre d'art que nous définissons comme essence spirituelle des choses,comme manifestation sensible de l'Idée? Ici surgit le fameux problème de l'inspiration artistique.
Créer, n'est-ce pasd'abord être inspiré par les dieux ou les Muses?C'est ce que pensait, non sans une apparente contradiction, Platon, pour qui le poète crée grâce à un don divin, undélire, un enthousiasme.
L'artiste détient un mystérieux privilège : la suggestion divine le pousse à composer oupeindre, lui qui ne connaît rien à tout ce qu'il fait.
Ce n'est point de sang-froid que l'artiste travaille, il est aucontraire relié à la chaîne des Muses.« C'est chose légère que le poète, ailée, sacrée; il n'est pas en état de créer avant d'être inspiré par un dieu, horsde lui, et de n'avoir plus sa raison; tant qu'il garde cette faculté, tout être humain estincapable de faire ouvre poétique.
» (Platon, Ion)
IX - Edgar Poe et Nietzsche : la critique de l'inspiration
Cette théorie de l'inspiration n'est guère satisfaisante et éclaire mal la création artistique.
Comme l'a remarqué EdgarPoe, elle représente plutôt une coquetterie de l'artiste - ou du philosophe - qu'une expérience réelle.
Le poète oul'écrivain préfèrent dissimuler leurs laborieux efforts.
Les enfantements pénibles de la pensée, le travail incertain etmille fois répété, les manuscrits raturés seraient peu agréables au public.Nietzsche ne parle pas.
autrement : la croyance au « miracle » poétique prend naissance dans le goût de l'hommepour ce qui est fini et parfait.« Tout ce qui est fini, parfait, excite l'étonnement, tout ce qui est en train de se faire est déprécié.
Or personne nepeut voir dans l'œuvre de l'artiste comment elle s'est faite; c'est son avantage, car partout où l'on peut assister àla formation, on est un peu refroidi.
» (Nietzsche, Humain, trop humain)Comment donc opposer la création artistique en général à l'action de l'intelligence et du travail ? La création.
»
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