Fiche de cours en philo : LA TECHNIQUE .
Publié le 02/08/2009
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SUJETS DE BACCALAURÉAT - Comment la machine peut-elle être, à la fois, oeuvre humaine et source d'aliénation pour l'homme? - Faut-il redouter les machines? - La diffusion croissante des résultats scientifiques et techniques rend-elle l'homme plus rationnel? - La science et la technique peuvent-elles aider à résoudre les problèmes politiques? - La valeur d'une civilisation est-elle fonction de son développement technique? - Que peut-on attendre de la technique? - La valeur d'une civilisation se réduit-elle au développement de sa technique? - Peut-on parler d'un art industriel?
• Si la technique en tant que telle ne suscite que peu de sujets de baccalauréat, néanmoins, le problème de son utilisation par l'homme est assez fréquemment soulevé. • Distinguez bien le premier niveau de la technique (avec l'outil, § 1 à 4) et son développement ultérieur, avec la machine (§ 5). a Réfléchissez, par conséquent, sur la machine et la civilisation technicienne moderne dans une perspective morale : ici se pose le problème des dangers de la technique (§ 7). • Il est impossible de condamner radicalement la technique : son aspect positif doit retenir l'attention du philosophe (§ 8). L'organisation dichotomique du travail devrait disparaître elle-même avec le développement de l'informatique (§ 8). • En conclusion, le procès absolu de la technique semble absurde. • Lisez en liaison avec cette fiche, celle consacrée au « travail «, qui vous permet d'approfondir des thèmes voisins.
«
et le façonne perpétuellement.
Neuf, l'outil n'est pas «fait», il faut que s'établisse entre lui et les doigts qui letiennent un accord né d'une possession progressive, de gestes légers et combinés, d'habitudes mutuelles et mêmed'une certaine usure.
Alors, l'instrument inerte devient quelque chose qui vit.
» (H.
Focillon, L'éloge de la main, in Lavie des formes, PUF, 1955)
V - De l'outil à la machine
Jusqu'à la fin du xviiie siècle, l'outil, ce prolongement de la main, demeure l'instrument essentiel de la production.
Acette époque naît la machine, qui marque la première grande révolution industrielle.Marx, dans Le Capital, a bien montré ce passage de l'outil à la machine, qu'il faut saisir et examiner sous sa formedéveloppée.
Elle se compose de trois parties : le moteur, la transmission, et, enfin, la machine-outil; la machine-outil exécute ce que le travailleur réalisait auparavant avec ses instruments.
Ainsi l'outil passe dans le corps de lamachine.
La «machine-outil» a constitué la base technique du machinisme, ce nouveau système de production.«La machine-outil est donc un mécanisme qui, ayant reçu le mouvement convenable, exécute avec ses instrumentsles mêmes opérations que le travailleur exécutait auparavant avec des instruments pareils.
Dès que l'instrument,sorti de la main de l'homme, est manié par un mécanisme, la machine-outil a pris la place du simple outil » (Marx, LeCapital)
VI - Les effets du machinisme division du travail intellectuel et manuel
Marx a bien dégagé certains effets immédiats de la machine.
Elle permet l'intensification du travail, par la subdivisiondes tâches.
Elle sépare et oppose travail intellectuel et travail manuel.
Les puissances intellectuelles de laproduction se développent d'un côté, tandis qu'elles disparaissent de l'autre.
Cette dichotomie du travail intellectuelet du travail manuel constituera un problème grave, dans l'évolution industrielle.
Néanmoins, pour Marx, la machineest un instrument de progrès.
Le problème n'est pas celui de la technique, mais celui de la maîtrise de la techniquepar l'homme.
Il s'agit de mettre fin à la scission du travail intellectuel et du travail manuel, grâce à un régime social«désaliéné»)« (Cette scission) se développe dans la manufacture, qui mutile le travailleur au point de le réduire à une parcelle delui-même; elle s'achève enfin dans la grande industrie qui fait de la science une force productive indépendante dutravail et l'enrôle au service du capital.
» (Marx, op.
cité)
VII - La civilisation technicienne moderne
Aujourd'hui, l'homme n'apparaît-il pas de plus en plus comme un apprenti sorcier, prisonnier de ses productions et desa technique? Bien plus encore qu'au temps de Marx, la civilisation technique semble piéger l'homme.La seconde révolution industrielle est apparue à peu près à la mort de Marx, dans le dernier tiers du xixe siècle.
Elleest caractérisée par le moteur à turbine, le moteur à explosion, etç.
Aujourd'hui, les hommes sont entrés dans latroisième révolution industrielle, celle qui correspond à l'application de l'énergie atomique.Non seulement l'organisation dichotomique du travail n'a pu vraiment être dépassée, malgré un besoin accru detechniciens très qualifiés, non seulement subsistent les tâches répétitives et parcellaires, mais le milieu techniquedevient de plus en plus contraignant.«La jungle d'influences quotidiennes que (le milieu technique) installe ne fait que s'épaissir, menaçant de plus en plusles valeurs humaines de l'individu, de la culture dans tous les pays d'industrie évoluée, en Europe comme enAmérique.
La prolifération diurne et nocturne des techniques, la ronde infernale des besoins (qu'elles créent et qui, àleur tour, les nourrissent), leur rythme, leur intensité commandent des actions de plus en plus nombreuses surl'individu, son affectivité, sa mentalité, son équilibre physique et moral.
» (G.
Friedmann, La grande aventure, inSept études sur l'homme et la technique, Denoël-Gonthier, 1977)
VIII - Pour une technique dominée par l'homme
Un vide a été créé par la civilisation technicienne, dans la mesure où elle a arraché l'homme à un milieu naturelqu'elle détruit pour le précipiter dans un environnement artificiel qu'il maîtrise mal.
Elle le dépouille ainsi de larégulation des rythmes naturels sans lui apporter une authentique culture, en le jetant simplement dans l'ennui ou lemalaise on peut parler du vide existentiel de l'homme dans la civilisation technicienne.Néanmoins, il serait par trop facile de condamner radicalement la technique.
Notons, tout d'abord, que la toutedernière révolution industrielle, celle de l'informatique et du traitement de l'information, semble annoncer uneprofonde mutation.
A la longue, le travail ouvrier tel qu'il est conçu aujourd'hui, avec l'organisation dichotomique dela production - énergie intellectuelle d'un côté, énergie manuelle de l'autre - est conduit à profondément changer,puisque l'évolution nous oriente vers des machines capables de prendre des décisions élémentaires.D'une manière générale, la condamnation radicale de la technique paraît impossible.
Comment sous-estimer sonaspect positif, l'allégement du travail qu'elle apporte, le support qu'elle représente pour le développementscientifique et, enfin, l'élimination, grâce à elle, de certains phénomènes naturels catastrophiques (famines,inondations, etc.)?Le problème est, en définitive, celui de la maîtrise de l'homme par lui-même, à travers l'éducation.«L'observation de la civilisation technicienne, malgré tant de misères physiques et morales, d'échecs et de dangersterrifiants, conduit à dire résolument : Oui ! à la technique, mais à la technique dominée par l'homme.
» (G.Friedmann, op.
cité).
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