FEUERBACH et la religion
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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Avec ce connecteur logique « c'est pourquoi », s'annonce la conséquence de l'argumentation préalable deFeuerbach.
En effet, ce dernier montre que l'essence divine de l'humanité se manifeste dans la religion.
Puisque Dieusouffre pour l'homme et le préfère aux autres créatures, c'est bien la valeur de l'homme qu'il réaffirme sans cesse.Pour le dire autrement, l'essence divine de l'homme se manifeste dans l'amour que Dieu a pour lui, en tant que cetamour prouve à l'homme qu'il a une grande valeur aux yeux de son créateur.
« Comment peut-on exprimer avec plus de hauteur la valeur de l'homme, que là où Dieu devient homme à causede l'homme, et là où l'homme est le but final, l'objet de l'amour divin ? » C'est encore une fois la figure du Christ qui apparait en filigrane dans le propos de Feuerbach.
En effet, le NouveauTestament lui apparait comme l'expression implicite de la valeur grandiose de l'homme, puisque Dieu lui-même,incarné, souffre à cause de l'homme, et pour l'homme lui-même, les souffrances et l'humiliation de la crucifixion.
Toutse passe comme si la religion était une forme d'amour égoïste, semblable à celui qu'un individu peut porter pour unautre non pour ce qu'il reconnait de bon et d'estimable en lui, mais parce qu'il lui donne une bonne opinion de lui-même.
La religion, en mettant en son centre l'amour de Dieu pour les hommes, confirme à l'homme la bonne opinionqu'il a de lui-même, lui rappelle sans cesse sa propre valeur, et fait de son essence une essence divine.
« L'amour de Dieu pour l'homme est une détermination essentielle de l'être divin : Dieu est un Dieu qui m'aime, quiaime l'homme en général.
C'est là qu'est l'accent, c'est là l'émotion fondamentale de la religion ».
Feuerbach apporte ici une dernière pierre à sa thèse en montrant de quelle autre manière on peut prouver quel'amour de Dieu pour l'homme est au centre de la religion.
C'est finalement l'essence divine elle-même qui estcaractérisée par l'amour du seigneur pour sa créature, une part considérable de son essence est définie par cettecaractéristique.
Ceci permet d'expliquer, pour Feuerbach, que se trouve là « l'accent, l'émotion fondamentale de lareligion ».
Le philosophe allemand analyse en effet les conséquences psychologiques de la religion, les effets decette dernière sur l'individu, ses émotions.
Il apparait en dernier recours que cette émotion éprouvée par l'individu,cette vibration de son cœur a l'idée du sacrifice divin, soit moins causée par l'amour et la reconnaissance qu'il doit àDieu, que par l'amour qu'il se voue à lui-même.
Avec un soupçon de cynisme, Feuerbach montre que l'émotionreligieuse n'est pas causée par l'amour de l'homme pour Dieu, mais bien par l'amour de l'homme pour lui-même,puisque la divinité de Dieu explique sa propre divinité, et l'amour de Dieu pour lui affirme le plus hautement possiblesa propre valeur.
Conclusion C'est à bon droit que ce texte peut être qualifié d'athée, dans la mesure où Feuerbach démontre rationnellement que les ressorts de l'émotion religieuse sont moins à rechercher dans l'amour de l'homme pour son créateur, quedans l'amour que l'homme se voue à lui-même par l'intermédiaire de Dieu.
En effet, tout dans la religion, d'après cetexte, affirme la sublimité de l'homme, sa propre divinité, puisque la valeur de l'homme est sans cesse réaffirmée parle sacrifice divin, par l'amour de Dieu pour sa créature.
Marx se souviendra sans doute des thèses de Feuerbachlorsqu'il rédigera à son tour sa critique de la religion, qualifiée par la fameuse sentence « d'opium du peuple »..
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