Devoir de Philosophie

Fernand de Magellan

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Le 7 septembre 1522, au coucher du soleil, les pêcheurs réparant leurs filets sur les quais de San-Lucar de Barrameda, à l'embouchure du Guadalquivir, le port d'où était parti Colomb pour l'un de ses voyages aux Amériques, voyaient approcher un bâtiment qu'ils considérèrent avec étonnement. Les mâts en morceaux, les voiles déchirées, la coque rongée par les vers, ce navire devait avoir fait un long et dur voyage. D'où pouvait-il bien venir ? ­ Sébastien, mais c'est Sébastien ! s'exclama tout à coup un vieux loup de mer. Poussant un cri de joie, il se précipita dans les bras d'un homme à la figure amaigrie, aux traits creusés, qui venait de quitter le bord. ­ C'est Sébastien !... clamait-il, c'est la Victoria qui revient des Moluques ! Mais où est Fernando ? ajouta-t-il tout aussitôt. Sébastien del Cano ­ car c'était le pilote basque, compagnon de Magellan, avec lequel, trois années auparavant et presque jour pour jour, il avait quitté San-Lucar ­ Sébastien, un instant, demeura muet, perdu dans une douloureuse rêverie. ­ Fernand, dit-il, n'est plus, hélas ! Des cinq caravelles, seule est restée la Victoria et des deux cent trente-sept hommes partis avec nous, j'en ramène dix-huit. Le reste a péri en route, dans la mer océane ou chez les Indios. Il doit avoir fait un dur voyage, disaient donc les pêcheurs contemplant la manière d'épave qui venait de s'amarrer au quai, par cette belle soirée d'automne.

« dirigés par Luis de Mendoza, commandant d'une caravelle dont les mutins s'emparèrent, le 1er avril 1520.

Lasituation était critique.

Magellan y fit face résolument.

Un émissaire qu'il détacha auprès de Mendoza, soi-disantpour parlementer, poignarda traîtreusement le chef de l'insurrection et les rebelles, impressionnés, se rendirent.

Onen dépêcha quelques-uns pour l'exemple, et parmi eux le chapelain de l'escadre "qui avait mauvais esprit"...

dit lechroniqueur de l'expédition.

Magellan, on le voit, ne faisait pas de sentiment et ne s'embarrassait guère descrupules. C'est sur la rive de Saint-Julien également que, quelques semaines plus tard, l'on aperçut un homme de haute taille,un Indio, dont les pieds étaient chaussés de gigantesques mocassins en peau de guanaco.

"E un patagõe !..." (unpattu) s'écria Magellan...

et l'on donna à cette région le nom de Patagonie qu'elle porte encore aujourd'hui.

DeSaint-Julien, toujours cap au sud, on reprit la mer en octobre, soit au début du printemps austral, et quelquessemaines plus tard, la vigie signalait un cap que l'on baptisa les Onze Mille Vierges.

Là se trouve l'entrée orientale dudétroit portant aujourd'hui le nom de celui qui le découvrit.

Du large, le paysage est lugubre : interminable chapeletde hautes falaises grises, zébrées de noir ou de jaune et coupées, à rares intervalles, de brèches permettantd'entrevoir, s'étendant à l'infini, la vaste plaine de Patagonie, grise et fauve elle aussi, sans un arbre, si loin queporte la vue.

Côte déserte et déshéritée, morne steppe aux teintes neutres, infiniment monotones et que le soleillui-même, assez rare d'ailleurs, n'arrive point à égayer. C'est le 21 octobre 1520 que l'on pénétra dans le détroit, en longeant, au sud, une terre sur les rives de laquelle onvit rougeoyer de nombreux foyers, allumés par les indigènes.

C'était la terre improprement appelée, aujourd'hui, "deFeu", ce qui ne veut rien dire, alors que Magellan l'avait baptisée "Terre des Feux" (Tierra de los Fuegos ).

De cemot Fuegos vient d'ailleurs le nom de Fuégiens donné aux indigènes vaguant dans cette grande île.

Après trente-sept jours de périlleuse navigation entre des rives solitaires, au sein d'un paysage apocalyptique, on sortit, le 27novembre, du détroit que Magellan avait baptisé Todos los Santos.

Ce jour-là, au coucher du soleil, le descubridorvit miroiter devant lui l'immense étendue d'eau qu'il appela Pacifique.

Cet océan, c'était celui qu'avait entrevu, deshauteurs de l'isthme de Darien, sept années auparavant et à des milliers de kilomètres plus au nord Pedro Nuñez deBalboa ! A travers cet océan se lancèrent les trois navires qui restaient.

On passa plus de cent jours entre ciel et mer, sanspouvoir se ravitailler ni en eau ni en vivres frais.

Aussi le scorbut fit-il son apparition : vingt et un marins ysuccombèrent.

Le biscuit de mer, rongé des vers, et les salaisons étaient si répugnants qu'on prenait ses repas dansl'obscurité...

pour ne pas voir ce que l'on mangeait ! Au début de mars 1521, on avisa, dans l'ouest, une terre inconnue que Magellan baptisa les Mariannes ou îles desLarrons, vu les vols répétés que commirent, à bord des caravelles, les indigènes "dont l'adresse était prodigieuse",dit Pigafetta, et où l'on put se ravitailler.

Après quelques jours de repos, l'on reprit la mer pour atteindre, à Cebu, lesPhilippines.

Les indigènes se montrèrent accueillants : au bout d'une semaine déjà, un chef indigène se faisaitbaptiser avec une centaine de ses hommes.

Nommé roi de l'archipel, il entreprit aussitôt une expédition contre ses"sujets" de Mactan, une île voisine, expédition à laquelle Magellan, pour son malheur, voulut participer.

Cependant,les gens de Mactan, guerriers résolus, repoussèrent tous les assauts et passèrent à l'offensive.

S'ensuivit unepanique et Magellan, accompagné de quelques-uns des siens, tenta en vain de l'arrêter.

Atteint par une flècheempoisonnée, blessé à la tête d'un coup de poignard, le découvreur resta sur place avec huit de ses marins.

C'étaitle 27 avril 1521.

En vain del Cano (qui prit alors le commandement de l'expédition et qui amena, au début de 1522les deux caravelles restantes aux Moluques, très voisines) offrit-il aux indigènes forte récompense s'ils luirestituaient le corps de l'infortuné descubridor.

Ils refusèrent obstinément et, selon une légende, le crâne du grandnavigateur, par la suite, aurait orné la hutte d'un chef. Ainsi se termina, à quarante-deux ans, la trop brève et glorieuse carrière du grand navigateur.

Il est impossible, ici,de ne pas songer au sort d'un autre découvreur, l'illustre capitaine Cook, lequel, effectuant lui aussi un tour dumonde, périt massacré par les indigènes àHawaï, deux siècles et demi plus tard. S'il mourut avant d'avoir atteint les Moluques en les abordant par l'ouest, Magellan n'en avait pas moins accompli,faisant preuve d'une énergie et d'une persévérance presque surhumaines, la tâche qu'il s'était tracée.

Il avaitdécouvert cette "route par l'Amérique" dont il avait entretenu Charles Quint.

Il avait de plus franchi, lui premier, legrand océan que nulle caravelle, jusqu'alors, n'avait sillonné.

S'il ne connut pas la joie du retour, la satisfaction dutriomphe, s'il n'accomplit pas entièrement cette première circumnavigation du globe, il n'en demeure pas moins lehéros de cette épopée, l'immortelle figure dont les exploits sont gravés en lettres d'or aux fastes de l'exploration...et dans le ciel austral où le fameux "nuage de Magellan", sorte de voie lactée que j'ai toujours contemplée avecémotion et recueillement, a également inscrit son nom au firmament ! C'est Sébastien del Cano, nous l'avons dit, qui ramena au port d'où il était parti trois années auparavant et presquejour pour jour, le seul navire de l'expédition ayant échappé aux tempêtes, aux brouillards et aux périls de toute sortequi assaillirent, au cours de leur audacieux périple, ces bâtiments d'un tonnage si modeste qu'ils auraient trouvéplace dans une des gigantesques cheminées du Normandie ou du Queen Mary...

écrivait, lors du quatrièmecentenaire de l'épopée magellanique, un quotidien portugais ! Del Cano mérite donc, lui aussi, une mention, de même que l'Italien Pigafetta qui fut le chroniqueur de l'expédition etgrâce auquel nous connaissons les faits et gestes de ces audacieux Argonautes, entrés dans la légende.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles