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Faut-il voir pour savoir ?

Publié le 09/04/2009

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A la différence de la connaissance en général, ou d'une simple information, qui consiste en une représentation vraie ou fausse d'une réalité donnée, le savoir consiste à posséder une représentation certaine, non douteuse de cette réalité. Dans ce sens, du point de vue du sens commun, il est nécessaire que je voie que cette table est bleue pour être sûr qu'elle l'est effectivement car sans la vue je pourrais décider qu'elle m'apparaisse d'une autre couleur, comme c'est le cas lorsque l'objet est absent et que je peux l'imaginer. Pourtant il existe des savoirs a priori, indépendants de toute expérience visuelle ou sensible en général, tels que "tout changement doit avoir une cause" : avant même d'avoir vu la cause du changement d'un phénomène, je sais qu'elle doit exister, ce principe s'applique en effet à tous les phénomènes sachant que je ne peux évidemment voir tous ceux-ci en une vie. Faut-il donc voir pour savoir ? Comment peut-il être à la fois nécessaire et superflu de recourir à une perception sensible pour obtenir une connaissance certaine ? Pour traiter ce problème, nous devrons donc nous poser les questions suivantes : s'il est nécessaire de voir pour savoir, qu'en est-il des savoirs a priori ? Peut-on parler de savoir si nos connaissances s'appuient sur des représentations aussi peu fiables que celles qui viennent de la vue et des sens en général ? Mais si l'on peut savoir sans percevoir sensiblement, comment peut-on faire l'économie de l'expérience ? L'enjeu de ce questionnement est ainsi de préciser l'extension et les limites de notre savoir : est-il possible que nous ayons des certitudes concernant des objets hors de toute expérience possible ?

« connaître ce qui est "le plus probable" avec une expérience répétitive, ce n'est pas la certitude et donc le savoir,mais ce n'est pas l'ignorance non plus).

Cependant, la connaissance ne peut se réduire à la seule expérience sinonon ne dépasserait jamais le stade d'une simple collection de sensations sans ordre et sans rapport nécessaire, orHume lui-même s'appuie dans son raisonnement sur l'idée de nécessité pour montrer que la raison ne peutfonctionner "à vide".

Ex.

Reprise de l'ébullition de l'eau, Ref.

Kant). Comment peut-on faire l'économie de l'expérience ?Nous sommes ainsi conduits à envisager finalement l'hypothèse rationaliste selon laquelle des savoirs a priori sontpossibles, c'est-à-dire des certitudes objectives indépendantes de toute expérience.

La difficulté est donc alorsd'expliquer comment la raison peut-elle se passer d'expérience sensible pour savoir ? N'y a-t-il pas dans les savoirspurement rationnels un rôle indispensable joué par l'expérience sensible ? Cela signifie-t-il que la raison seule peutconstituer un savoir ? 1.

Comment la raison peut-elle savoir a priori ? Contrairement à ce que nous avons dit en 1.1, toute connaissancedirecte ou intuitive n'est pas nécessairement sensible (et même, les faits sensibles sont beaucoup plus construitsqu'on ne croit habituellement) : il existe aussi une intuition a priori de certains contenus simples tels que l'étendueou le fait que tous les événements se produisent toujours dans une certaine temporalité.

Or la raison peut utiliserces représentations a priori pour construire ses représentations de ce qui existe nécessairement en dehors de notreesprit.

Un savoir pur de toute représentation sensible est ainsi possible, c'est-à-dire un savoir authentiquementuniversel et nécessaire.

Ex.

en géométrie, utilisation de la pure notion d'étendue, cf.

Descartes et l'idée innéed'étendue ou Kant, critique de la raison pure. 2.

L'expérience ne joue-t-elle cependant pas un rôle dans ces savoirs ? L'expérience elle-même suppose qu'on atoujours affaire à des objets extérieurs étendus ou existant temporellement, sans quoi nous ne faisons aucuneexpérience.

Or l'idée que tout corps est étendu ou existe dans une temporalité est nécessairement antérieure àtoute expérience.

Donc l'expérience ne joue pas de rôle fondamental dans des savoirs comme par ex.

"toutchangement doit avoir une cause" puisqu'elle est ici secondaire.

Elle joue cependant un rôle dans la prise deconscience que nous pouvons avoir de ces savoirs, autrement dit un rôle pédagogique. 3.

Cela signifie-t-il que la raison seule peut constituer un savoir ? On a vu que "l'intuition a priori" qui fournit lamatière des raisonnements purs n'était pas elle-même de l'ordre de la raison mais permet cependant de ne pasdépendre de l'expérience sensible.

On peut donc dépasser les limites particulières et contingentes de l'expériencedans des savoirs comme la géométrie, les mathématiques.

Mais il faut que ces savoirs a priori puissent être l'objetsd'une expérience possible (ex.

observation d'un changement et de sa cause) pour pouvoir être pleinement compris.La métaphysique, comme science de ce qui dépasse absolument toute expérience possible (portant sur des notionscomme Dieu, l'âme ou la liberté), semble alors remise en cause à moins qu'on ne montre à quelle expérience ilspeuvent se rapporter, ce qui est le cas notamment dans le domaine des valeurs morales qui ne sauraient dépendrede l'expérience, et en l'occurrence de l'être en général, mais qui concernent le devoir être au sens moral.

Cf.

Kant,Critique de la raison pure ou, dans un sens plus dogmatique, Spinoza, Ethique. (Conclusion) Pour résoudre le problème du rôle de l'expérience dans la constitution du savoir, nous avons doncmontré d'abord comment celle-ci semblait nécessaire pour donner un contenu à des raisonnements qui autrementresteraient vides, pour qu'un savoir puisse être objectif.

Mais s'est alors présentée la difficulté de la certitude mêmeà laquelle le savoir peut prétendre si c'est l'expérience avec sa dimension particulière et contingente qui le fonde.Nous avons donc dû montrer comment la raison pouvait se passer d'expérience, non en créant ses propres objets,auquel cas on aurait encore pu douter de leur objectivité, mais en les tirant d'intuitions a priori, inhérentes à laraison ou plutôt à l'esprit humain en général.

La possibilité du savoir en général a pu alors être sauvegardée et celled'une connaissance métaphysique envisagée, au moins dans le domaine moral.. »

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