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Faut-il unir la morale et la politique ?

Publié le 17/07/2009

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morale

La morale et la politique renvoient à deux champs a priori bien distincts, il revient au philosophe de thématiser leur distinction mais également la possibilité d’un entrelacs entre ces deux institutions. On peut se demander s’il n’est pas souhaitable de fonder la politique à partir de la morale, en effet on ne voit pas en quoi les principes de l’action publique devraient différer de ceux régissant l’action de l’individu. Cependant nous verrons qu’il est peut-être trop idéaliste de chercher à garantir l’action politique par la morale.

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« n'est pas binaire, il ne s'agit pas seulement de prendre telle ou telle décision, c'est aussi le moment où on la prendet la manière dont on le fait qui importe.

Machiavel excelle à montrer cette dimension temporelle de la politique, laforme y importe tout autant que le contenu.

Enfin, comme La République nous l'apprenait déjà, le pouvoir politique doit composer avec un minimum de faiblesse, d'erreur, de malignité même.

Prôner un pouvoir politique pur, foncièrement bon et moral, c'est risquer desombrer dans le totalitarisme, où le pouvoir se caractérise par la bonne volonté qu'il affiche, et le souci de faire lebien de ses administrés.

III- Il ne faut pas unir la morale et la politique. Kant lui-même n'a pas commis l'erreur, que nous avons développée en première partie, qui consiste à confondre la sphère de l'action individuelle et celle de l'action publique.

Il était conscient du formalisme de l'impératifcatégorique.

La morale ne gagnerait finalement rien à une alliance avec la politique, l'impératif serait dénaturé dèslors qu'il deviendrait un programme imposé.

En effet, Kant défend l'idée selon laquelle l'action morale n'est garantieque si elle n'est pas forcée, mais motivée par la seule bonne volonté.

De plus, elle ne se soutient que d'undésintérêt pour son propre résultat ; or, on voit mal comment le pouvoir politique ne se discréditerait pas enépousant un tel formalisme et en se montrant indifférent aux effets de son action.

La politique est prise dans l'histoire, ses principes sont souples, ils évoluent, tandis que l'impératifcatégorique, marqué par le sceau de l'universel et du nécessaire, ne vieillit pas.

Le pouvoir politique doit donccomposer dans la durée, avec des principes relatifs, il doit faire preuve de plasticité, gouverner ce n'est pasappliquer tant bien que mal un plan mais c'est adapter une action aux circonstances.

De la morale à la politique, il ya tout l'écart qui sépare l'impératif catégorique de la rhétorique et de la promesse, le commandement absolu dudiscours historique.

Enfin, comme nous venons de le dire, la politique ne saurait rester aveugle à ses effets, ce n'est pas laconformité à des principes qu'elle recherche mais une efficacité.

Dans Le Prince Machiavel substitue à la vertu classique, la virtù , morale de l'audacieux qui privilégie l'alliance de la force, du courage et du calcul politique contre une vertu idéale mais peu utile qui prône une alliance formelle entre morale et politique.

Comme le remarqueMerleau-Ponty, dans son article « Notes sur Machiavel », l'art de gouverner se ramène chez Machiavel à l'art de laguerre.

Conclusion : L'écart que l'on constate souvent entre morale et politique nous laisse insatisfait et l'on peut être tenté de le combler.

Or, nous avons vu qu'une telle tentative apparaissait artificielle, sans aucun doute inefficace, voire mêmepréjudiciable.

En effet, lorsque le pouvoir politique entend se porter garant de l'ordre moral, il ne tarde pas à dicteraux administrés la conduite individuelle qu'ils doivent tenir.

Comme le suggère Ana Arendt, il faut travailler àpréserver la sphère du privé ; la morale, loin d'être une affaire d'Etat, doit demeurer le problème de chacun.

Lacomplexité du monde politique, la multiplicité des paramètres (économiques, politiques, militaires, temporels…)interdit une réelle alliance de la morale et de la politique.. »

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