Faut-il toujours nier l'opinion pour penser ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Faut-il toujours nier l'opinion pour penser ?
Le problème posé par ce sujet est celui des rapports entre pensée et opinion. L'une est-elle opposée à l'autre ? Une conciliation est-elle possible ? Au nom de la pensée et de la vérité, ne faut-il pas envisager une éducation de l'opinion ?
Ainsi s’il nous apparaît possible de saisir une contradiction entre une pensée libre et une négation de l’opinion (1ère partie) il faudra interroger tout de même de manière plus précise et technique le rapport entre la pensée et l’opinion afin peut-être d’entrevoir une possibilité de nier l’opinion au nom d’une pensée qui se veut science ou savoir (2nd partie). Mais s’il arrive à ce stade que nous ayons défendu les deux points de vue de l’alternative que propose le sujet, il nous faudra sans doute chercher à dépasser ce clivage (3ème partie).
I – Pensée et opinion
II – Négation de l’opinion
III – Nécessité d’une éducation de l’opinion
«
dit Bachelard dans La Formation de l'esprit scientifique : « l'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissances.
» Ce que signifie Bachelard pour nous c'est ledivorce ou la distinction qu'il faut établir entre la pensée et l'opinion.
Ces sontdeux sphères radicalement différentes dont les objets n'ont pas le même pointde vue.
L'opinion n'est donc pas un produit de la pensée.
Et dans ce cas, onpeut se demander si défendre réellement la liberté de penser ce ne serait pasjustement avoir le droit de disqualifier l'opinion comme ensemble descroyances et des dogmes.
La pensée contrairement à l'opinion ne se donnepas immédiatement et pour vrai ; c'est pour cela qu'en science l'opinion peutconstituer un obstacle épistémologique.
Autrement dit, celui qui croit savoirn'aura pas à chercher et en ce sens on peut qu'il est d'une certaine manièreennemi de la liberté de pensée.
L'OPINION ET LA SCIENCE
"L'opinion a, en droit, toujours tort." Bachelard, La Formation de l'espritscientifique, 1938.
La science n'a rien de commun avec l'opinion, l'accord entre la science etl'opinion ne peut porter que sur une question de détail car la science construitune vision du monde totalement fondée sur des principes rationnels.
L'opinionest surgissement spontané d'idée ; elle n'est pas le résultat d'un processusconscient de réflexion.
C'est la conscience spontanée qui a des opinions, seule la conscience réfléchie peut passer de l'opinion à la connaissance.
b) Or c'est bien pour cela que Platon niera déjà la valeur de l'opinion dans la mesure où elle n'est pas sujette à la réflexion.
L'opinion est en effet soumise à la séduction du discours, à la rhétorique comme on peut le voir dans leGorgias .
L'opinion se courtise tandis que la pensée doit être convaincue de manière irréprochable.
Et c'est pour dans le Théétète l'opinion ne sera pas la définition adéquate de la science.
En effet, puisqu'il est impossible d'affirmer que toute opinion soit vraie, Théétète propose de définir la science comme opinion droite.
L'opinion est un discoursprononcé en silence et à soi-même.
En pensant à deux objets à la fois, l'on ne peut juger que l'un et l'autre.
Mais sil'on ne pense qu'à l'un, l'on ne peut prendre l'un pour l'autre.
Quand l'opinion ajuste directement et exactement àchaque objet les empreintes et les marques qui lui sont propres, elle est vraie; si elle les ajuste de travers, elle estfausse.
L'âme ressemble alors à un colombier où demeure les pensées en attente d'être sollicitées.
Il faut doncdistinguer entre deux chasses à la connaissance : celle qui se fait avant l'acquisition, l'autre après, en vued'attraper ce que l'on possède de longue date.
En outre, l'on voit bien que l'opinion vraie n'est pas science puisqueles orateurs parviennent à produire la conviction en suggérant des opinions dont la preuve n'est pas à dispositiondes auditeurs.
c) La pensée et l'opinion sont donc radicalement différentes.
Et c'est bien ce que l'on peut voir chez Platon avec le cas de la ligne dans La République VI, 509d - 511 e.
L'enjeu général de ce passage est de classifier les différents niveaux ontologiques de l'être ou de la réalité et de les faire correspondre avec différents modes de connaissance.La « parabole » de la ligne permet de schématiser cet argument et de nous orienter (comme une sorte de vecteur)vers la connaissance la plus claire, à savoir celle qui nous fait remonter à l'Idée.
L'opinion est une croyance et en cesens elle est de l'ordre du visible tandis que la science est de l'ordre de l'intelligible.
Et cette distinction entre lascience et l'opinion se retrouve dans le mythe de la caverne.
En effet, les personnes enchaînées et voyant lesombres portées sur la paroi de la caverne sont dans l'ordre de l'opinion et ce n'est qu'après s'être sorti de ceschaînes afin de remonter à la surface donc métaphoriquement vers l'Idée que la science peut advenir.
Science etopinion sont donc dans deux ordres de réalité différente l'une le monde de l'apparence et l'autre le monde de l'Idée,des intelligibles, celui de la pensée.
Et c'est pour cela que l'on peut disqualifier l'opinion au nom de la véritablepensée.
Transition :
Ainsi relevant de deux sphères différentes, la pensée et l'opinion peuvent s'opposer.
Et cela d'autant plus quel'opinion peut apparaître comme le contraire de la pensée.
Au nom de la liberté de pensée il est donc possible deréfuser l'opinion dans la mesure où elle véhicule un ensemble de croyances et de dogmes dont il faut se défairecomme les prisonniers de la caverne.
Mais dès lors comment cela est-il possible ?
III – Nécessité d'une éducation de l'opinion
a) L'essentiel pour rétablir un lien entre opinion et pensée est d'éclairer l'opinion et c'est bien toute l'entreprise qui.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Partagez-vous cette opinion du philosophe Henri Bergson : Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d'action ? (message au Congrès Descartes)
- Tout est dit et l'on vîent trop tard, depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concerne les moeurs, le plus beau et le meilleur est enlevé; on ne peut que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes. Que faut-il penser de cette opinion de La Bruyère, au chapitre « Des ouvrages de l'Esprit »,dans les « Caractères » ?
- « Faut-il être seul pour penser? »
- Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?
- Philosophie, Faut-il s'abstenir de penser pour être heureux ?