Faut-il tolérer toutes les idées ?
Publié le 17/01/2022
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Introduction.
Nous sommes ici interrogés sur la tolérance ou, plus précisément, le fait de tolérer, cad de laisser à tout individu outout groupe la faculté d'exprimer librement la totalité de ses opinions ou idées.
Voici des termes qui renvoient à unenotion historiquement récente, puisque le mot de tolérance, en son sens moderne, comme fait de respecter laliberté d'autrui en matière d'opinion, de religion, de politique, etc., apparaît à la fin de XVII ième siècle.
Est-ilnécessaire de laisser à chacun la liberté d'exprimer toutes ses idées, toutes ses représentations intellectuelles ? Telest le sens de l'intitulé du sujet.Mais doit-on bien admettre toutes les idées ? Ne serait-ce pas faire preuve d'un scepticisme tel que l'on présupposeque toutes les opinions et idées se valent ? N'est-il pas des idées à la fois intolérables et très forte ? dès lors, lesproblèmes sont les suivants: doit-on tolérer l'intolérable ? N'y a-t-il pas de limites à la tolérance ?
Première partie : il faut tolérer toutes les idées.
Faut-il tolérer toutes les idées ? Comment, a priori, ne répondrait-on pas affirmativement à la question posée ? Uneidée, c'est une représentation mentale et intellectuelle, faisant partie de la vie de l'homme et lui permettant demener une existence proprement humaine.
Nous vivons dans les idées, réellement indispensables à notre vie.
Lesidées forment un élément naturel à notre être.
Nous pensons et vivons avec elles.
La vérité, le progrès, l'amour sontdes idées.
Nous existons dans la sphère des idées.
Comment pourrait-on ne pas tolérer toutes les idées, puisqu'ellessont vitales à l'homme ?C'est au XVIII ième siècle que se fonde vraiment la grande notion de tolérance.
Voltaire etLocke, en particulier, combattent pour cette dernière.
Toutes les notions doivent être admises et acceptées, et ceau nom de la liberté qui définit l'homme et donne sens à sa vie.
Locke préconise la tolérance religieuse.
Tout homme doit avoir le droit d'exercer le culte de son choix et de discutertous les sujets théologiques, à condition bien sûr de ne pas attenter aux droits de tous.
Quatre exceptions sonténoncées à cette idée de tolérance : ceux dont les dogmes sont contraires à la société humaine et aux bonnesmoeurs nécessaires à la conservation de la société, ceux qui sont intolérants, les papistes parce que le pape estsouverain d'un État étranger auxquels les citoyens n'ont pas à obéir et enfin les athées parce qu'on peut démontrerl'existence de Dieu et parce que cette existence est le fondement de la conduite morale, de la valeur des sermentset des contrats.
Toutefois, le problème porte évidemment sur le "toutes" de "toutes les idées".
Locke lui-même s'interroge sur ce"tout" et introduit l'idée de limites de la tolérances.
En bref, faut-il bien tolérer toutes les idées ?
Deuxième partie : il ne faut pas tolérer toutes les idées.
Tolérer toutes les idées, n'est-ce pas admettre leur équivalence ? N'est-ce pas sous-entendre que toutes les idéesse valent ? Cela signifie que nulle idée ne possède de supériorité.
D'où le relativisme et le scepticisme.
L'esprit nepeut plus dès lors atteindre la vérité.
Une critique de ce relativisme s'impose.
Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deuxdiscours exactement contraires, et il usa de cette méthode ».Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui nesont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, parréférence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sensindividuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, «Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existentpour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a).Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinionsindividuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à lafois, être et n'être pas » (Aristote).
C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principede non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas enmême temps, au même sujet et sous le même rapport ».
Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionnéet donc non démontrable.
En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un telprincipe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il étaitsensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration detoute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait àl'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».
C'est dire qu' « il est absolument impossiblede tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, unedémonstration qui le fonderait, au sens fort du terme.Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la mêmechose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».
Le point de départ, c'est donc lelangage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.
Or,précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.
Si dire « ceci estblanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.
Le négateur du principe de contradiction semble parler,mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité,avec soi-même ».
En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas.
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