Faut-il suivre la nature ? Réponse de l'anthropologue Philippe DESCOLA
Publié le 16/01/2024
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Faut-il suivre la nature ?
Réponse de l’anthropologue Philippe DESCOLA
dans Par-delà nature et culture,
Paris, éd.
Gallimard, coll.
« Bibliothèque des sciences humaines », 2005
Pour Descola, professeur émérite au Collège de France (chaire d’anthropologie culturelle), la
nature est une construction, ou plutôt le fait que l’homme soit extérieur à la nature, la séparation des
humains et non-humains, en occident, peut être datée (XVI siècle) : cette séparation a permis le
développement de la science et s’est imposée comme norme universelle.
Or cette opposition n’est pas
universelle et elle ne date que de quelques centaines d’années.
Descola va s’appuyer sur l’étude des indiens Jivaros d’Amazonie et des aborigènes australiens
pour démontrer que le rapport homme-nature, séparation vivant-non-vivant est une construction.
Par
exemple chez les indiens Jivaros, il n’y a pas de distinctions tranchées entre les humains d’une part et
bon nombre d’espèces végétales ou animales d’autre part : la plupart des entités sont reliées les unes
aux autres dans un vaste continuum par des principes unitaires.
A) Les modes d’identification
C’est ce qui nous permet d’établir les continuités et les discontinuités à l’intérieur de notre
environnement.
Descola repère 4 manières d’être :
1) Animisme : les plantes et animaux sont pourvus de l’intentionnalité, de la subjectivité, de la
parole parfois, des affects et des qualités sociales (hiérarchie, statut, etc.), les humains tissent
avec eux des rapports sociaux (ex.
indiens Jivaros d’Amazonie.
2) Totémisme : les systèmes relationnels sont subordonnés aux réalités ; il y a une association
de groupe entre des personnes humaines et non-humaines qui partagent la même intériorité
et ils sont faits de la même matière.
Il y a une fusion entre les humains et les animaux de leur
totem (ex.
aborigènes australiens).
3) Analogisme : c’est un mode d’identification qui fractionne l’ensemble des existants en une
multitude d’essences, de formes et de substances séparées par de faibles écarts ; on
recompose le système des contrastes initiaux dans un dense réseau d’analogies (ex.
Chine).
4) Naturalisme : c’est le contraire de l’animisme : Descola part d’un postulat d’unité de la
nature dans laquelle il y a des diversités de manifestations individuelles et collectives de la
subjectivité.
Ce qui différencie les humains des non-humains c’est la conscience réflexive, la
subjectivité, le pouvoir signifier, la maîtrise des symboles et du langage, qui diffère d’un
peuple à l’autre par sa culture.
B) Les usages du monde
L’organisation sociale n’est pas ce qui explique mais ce qui doit être expliqué.
La séparation....
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