Faut-il se libérer du désir ou libérer le désir ?
Publié le 27/01/2015
Extrait du document
«
un acquis de la philosophie moderne, porté notamment par Spinoza, pour qui le « désir » est le
moteur de l’affirmation de soi et de la persistance dans l’être, « l’essence de l’homme »
comme il l’écrit brièvement dans l’Ethique.
Nous aurions donc non seulement des désirs, mais quelque chose à faire , au sens sartrien du
terme, avec le désir, qui serait la forme générale de nos projets, et de nos craintes du même
coup, qui ont pour point commun, comme le désir lui-même, de s’inscrire dans le temps.
2) Désir et existence :
En libérant le désir, il ne s’agit pas de libérer tous les désirs, ni de libérer totalement un seul
d’entre eux.
Il n’est donc pas question d’opposer l’existence à la morale, mais bien d’intégrer
la morale à l’existence, en plaçant le désir là où il apparaît le plus satisfaisant au sens premier,
c’est-à-dire suffisant.
Epicure ne procède pas autrement dans son matérialisme éthique.
Les désirs « naturels et
nécessaires » doivent gouverner l’action de chacun, il y a donc bien une limitation du désir à
cette catégorie seule, mais un épanouissement rendu possible par cette limitation même.
Reprendre cours.
La personnalité de chacun est à l’œuvre à l’échelle d’une existence, depuis les envies
enfantines jusqu’aux projets, souhaits et ambitions de l’âge adulte où est censée régner la
délibération rationnelle.
On ne quitte pas définitivement en ce sens le terrain moral, mais la
réflexion philosophique, qui se veut rationnelle, doit être capable de reconnaître justement la
rationalité d’un criminel, là où fait manifestement défaut son caractère raisonnable : la
mythologie et l’Histoire coïncident et collaborent pour donner des exemples, de Satan à
Médée, de Don Juan à Sade, de Néron à Hitler, le désir de puissance et de cruauté traverse
l’humanité de part en part, sans qu’il faille admettre que la faute, le péché, diraient certains,
en est le désir.
La religion bouddhiste le fait pourtant radicalement, parce qu’elle ne s’en remet pas au salut
divin et à son incarnation en un homme (Christianisme), mais à la seule réalisation spirituelle
dont l’homme soi capable précisément en pointant la source de tout mal : le désir, ou plus
exactement la « soif ».
Mettre un terme au désir d’exister est le cœur de la « philosophie » de
cette religion, et cela se traduirait par le « nirvana », l’extinction du cycle des renaissances,
typique des religions indienne et extrême-orientale (le Bouddhisme est né en Inde).
Cette
position radicale, qui effrayait même Nietzsche pourtant fasciné par l’Orient ( Ainsi parlait
Zarathoustra ), ne peut satisfaire la philosophie, à moins qu’elle ne prenne parti.
Mais le désir peut plus largement aider à la réalisation des choix de vie, y compris une vie de
sagesse, comme le suggère le nom même de la philosophie, « amour de la sagesse ».
L’artiste, le savant, le chef d’entreprise, le leader politique, bref celui ou celle qui réussit, y
compris dans la famille et la sphère privée, sont portés par un désir, qui peut être sur le même
plan de réalisation, mais d’un côté opposé, le désir de « s’en sortir ».
Les réussites
individuelles, célèbres ou anonymes, ne sont pas incompatibles avec la soumission modeste à
des principes raisonnables, et à des désirs limités.
Ils sont des modèles, des sources positives
de désir.
2.
»
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