Faut-il respecter l'autre ?
Publié le 06/12/2011
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Dans la pensée commune, la notion de respect envers l'autre est admise dans le sens où elle prône des valeurs morales. En effet, la culture occidentale conserve un héritage du christianisme qui invite aussi au respect de tous les hommes. Quels que soient leur culture les hommes sont considérés comme des créatures de Dieu et comme des « frères «. L’injonction « Aime ton prochain comme toi-même «, cette maxime de la morale chrétienne témoigne bien de ce fait. Cela montre bien qu'il est généralement et communément consentis que les hommes sont égaux en droit et en dignité. Mais les souhaits moraux d'une quelconque Église ne suffisent pas à déterminer si l'autre est digne de respect. Nous devons d'abord définir « autrui «. Nous pouvons dire d'abord que c'est l'autre, le différent; mais la notion d'altérité ne peut soutenir la définition complètement. L'autre est aussi mon semblable, mon alter ego, c'est-à-dire un autre moi et un autre que moi, il est à la fois le même et l'autre. Donc autrui est essentiel à la constitution même de la conscience de soi.
Nous pouvons dès lors nous poser une question : faut-il respecter l'autre ?
«
au-delà qui me révèle l'idée d'infini que je ne peux trouver en moi -même.
Quand on observe la couleur
des yeux on n'est pas dans une relation sociale avec autrui.
La relation avec le visage peut être
dominée par la perception mais ce qui est spécifiquement visage c'est ce qui ne s'y réduit pas.
Rien
n'est pl us étrange, ni plus étranger que l'autre.
Il est l'inconnaissable.
La compréhension d'autrui est
inséparable de son invocation, l'injonction éthique, qui a sa source première dans le fait qu'autrui me
regarde.
Le visage oblige, commande : il exige réponse, aide, sollicitude.
Bref, il implique la
responsabilité à l'égard d'autrui.
Chez Levinas, le visage me convoque, me rappelle à la
responsabilité; c'est ce qui interdit de tuer.
Par conséquent, le moi ne se voit pas réduit par l'autre à
l'état d'objet mais le choc de sa rencontre m'élève à la condition de sujet et, loin de heurter ma liberté,
l'investit.
Le visage est en l'homme ce qu'il y a de plus vulnérable mais c'est dans cette fragilité que
s'inscrit l'impératif éthique.
Sa première injonction est « tu ne commettras pas de meurtre ».
L'Autre
est en même temps celui contre lequel je peux tout et celui auquel je dois tout.
Il exige le renoncement
à la violence.
Levinas restaure l'humanisme sur l'obligation dans laquelle chaque homme se trouve de
veiller s ur son prochain sans pouvoir prétendre à une quelconque réciprocité.
C'est ce qui rend la
relation avec autrui authentique.
Levinas substitue l'obéissance à ce que le visage exige.
Il n'est pas
autrui dans son contexte, le visage est sens à lui seul.
L'éthique n'est plus la simple loi de la raison
subordonnant la volonté à l'universel mais l'épreuve d'une subjectivité jugée, hantée par l'altérité
obligeante du prochain.
La relation à autrui est fondamentalement dissymétrique.
La survenue d'autrui
arrache le moi à sa condition et le place en situation d'infiniment obligé.
Le « après -vous » de la
politesse, la filialité, les préoccupations pour le besoin du démuni ou de l'étranger sont des exemples
de cette dissymétrie.
Lévinas dit : « "Après vous" : cette formule de politesse devrait être la plus belle
définition de notre civilisation.
» Cette mutation du souci pour soi en souci pour autrui, de la
subjectivité qui ne se définit plus comme persévérance dans l'être, accaparement, domination, mais au
contraire co mme « sujétion » est ce qui constitue la véritable humanité de l'homme.
Ainsi, l'homme
doit accepter d'être le « gardien de son frère ».
Pourquoi donc alors respecter autrui ? Dans sa Critique de la faculté de juger , Kant recommande un
esprit ouvert.
C'est ce qu'expose la seconde maxime du sens commun.
I l s’agit de raisonner en se
mettant à la place de to ut autre parce que chacun, quand il juge, risque d’être victime de la
particularité de son point de vue subjectif.
La pensée élargie s'oppose donc à l'é troit d'esprit (borné),
celui dont les talents ne suffisent pas à un usage important.
Il n'est pas en ceci question des facultés de
la connaissance, mais de la manière de penser et de faire de la pensée un usage final; et si petit selon
l'extension et le d egré que soit le champ couvert par les dons naturels de l'homme, c'est là ce qui
montre cependant un homme d'esprit ouvert que de pouvoir s'élever au- dessus des conditions
subjectives du jugement, en lesquelles tant d'autres se cramponnent, et de pouvoir r éfléchir sur son
propre jugement à partir d'un point de vue universel, qu'il ne peut déterminer qu'en se plaçant au point
de vue d'autrui.
Penser exige de se décentrer, de prendre sur une question donner la perspective de
l'altérité.
La prétention à l'univ ersel n'a aucune légitimité.
Or cette prétention est implicite dès que
nous parlons puisque tout locuteur présuppose de droit, la vérité de ce qu'il dit et attend de l'autre qu'il
reconnaisse ce présupposé.
Qu'est ce qui nous sauve de l'arbitraire de la « singularité logique » ? C'est
l'accord des autres sujets pensants.
Pour Kant : « Le seul caractère général de l'aliénation est la perte
du sensus communis et l'apparition d'une singularité logique (sensus privatus); par exemple un homme
voit en plein jour sur sa table une lumière qui brûle, alors qu'un autre à côté de lui ne la voit pas; ou il
entend une voix qu'aucun autre ne perçoit.
Pour l'exactitude de nos jugements en général et par
conséquent pour l'état de santé de notre entendement, c'est une pierre de touche subjectivement
nécessaire que d'appuyer notre entendement sur celui d'autrui sans nous isoler du notre et de ne pas
faire servir nos représentations privées à un jugement en quelque sorte public.
» (Anthropologie du
point de vue pragmatique).
Al iéné est celui pour Kant qui prétend qu'on peut penser tout seul.
Il faut
frotter sa cervelle à celle d'autrui et se soucier de l'accord des esprits pour échapper à la folie.
Héraclite disait même : « ceux qui parlent avec intelligence, il faut qu'ils s'ap puient sur ce qui est
commun à tous.
».
Mais à partir du moment où l'on conserve un esprit élargi et que l'on respecte
autrui, faut -il finalement tout respecter, même les actes méprisables d'autrui ?.
»
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