Faut-il renoncer à toute idée de progrès ?
Publié le 15/02/2004
Extrait du document
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sont voués.
4- Au niveau du genre humain :
- Les avancées dans le domaine de la culture et des institutions, en tant qu'elles rendent la raison plus propre à réaliser l'idée du droit conformément aux fins morales.
Pourl'individu : son amélioration morale par degré.
- La marche vers un plus grand degré de civilisation, en tant qu'elle lie étroitement le développement des lumières et le développement des institutions, la maîtrise et la diffusiondes savoirs et le respect des droits naturels.
Le progrès n'est pas considéré ici comme unprocessus aveugle, il ne réalise l'union des savoirs et des libertés que sur la base de laconstitution républicaine et de l'instruction publique.
- Le développement graduel de l'humanité, en tant qu'essor de ses facultés les plus éminentes, associant, quoique de façon non mécanique, améliorations pratiques etperfectionnement moral.
Le progrès, pris en ce sens, n'est pas perfectibilité indéfinie, maisdéploiement d'un ordre inscrit dans la nature des choses.
- La marche de l'esprit universel, non en tant que progression à l'infini, indéterminée, mais en tant que conquête progressive par l'esprit du savoir absolu de lui-même.
· Angles d'analyse
La pensée selon laquelle il faudrait renoncer à l'idée de progrès repose sur le constat d'une décadence de la société.
En effet, si nous voyons les connaissances et les techniquesprogresser, nous pouvons constater qu'elles peuvent bien souvent conduire à desdestructions, à des catastrophes qui mettent en péril l'humanité.
Cette idée apparaît doncproblématique.
Pourtant, il faut bien reconnaître que cette idée apparaît tout de même fondamentale lorsqu'ils'agit de penser l'humanité par distinction avec d'autres espèces, comme l'espèce animale parexemple.
Faire de l'homme un être capable de progrès, car perfectible, apparaît en effetcomme la condition de possibilité pour que celui-ci conserve sa place sur son piédestal.
Oncomprend alors d'emblée à quel point l'idée de progrès est problématique.
Il s'agit donc de s'interroger sur la légitimité à renoncer à l'idée de progrès : peut-on, en droit,renoncer à l'idée de progrès sans du même coup renoncer à la notion particulière d'humanité ?De la même manière, il faudra étudier quelles sont les conséquences qu'un tel renoncementimplique.
C'est donc au fond l'idée de progrès elle-même, dans son apparence problématique, qu'il s'agitde mettre au jour.
Problématique
Si de fait l'idée de progrès apparaît comme problématique – du fait même que la société moderne, malgréles évolutions techniques ostensibles, soit socialement en décadence – cela signifie-t-il que l'on puisse, de droit,renoncer à toute idée de progrès ? N'est-il pas de l'essence même du progrès d'être problématique ? Il s'agit doncde chercher à définir non seulement en quoi consiste légitimement cette idée de progrès mais également quel usagelégitime l'on doit en faire.
Plan
I- Une idée problématique à laquelle il serait préférable de renoncer
· La notion de progrès , qui semblait évidente voire « naturelle » aux hommes de la fin du XIX e siècle, est en fait une notion historiquement acquise et diversement comprise selon les temps, les lieux et les civilisations.
C'est une notion plurielle et historiquement située.Aujourd'hui encore, le progrès n'est pas compris, appréhendé, recherché de la mêmemanière en Europe, en Chine, en Afrique ou au Japon, pour ne citer que quelques pays.
Larelation au progrès n'est pas un invariant anthropologique.
Les anthropologues au contraire,relèvent la difficulté qu'ont les sociétés « premières » à appréhender cette idée.
· À défaut d'une détermination prédictive de l'évolution historique, l'observation ne permet-elle pas au moins mesurer le chemin parcouru par les diverses sociétés ? ClaudeLévi-Strauss critique ce projet et les présupposés sur lesquels il repose.
Ainsi, la notion de« développement » appliquée aux pays du Tiers-monde suppose que les sociétés devraientaccomplir le même parcours et ne se distinguer que par l'étape où elles se trouvent.
Lévi-Strauss rejette cette vision unitaire.
Il compare les différentes cultures à des trains enmouvement : en l'absence d'un repère extérieur fixe, il est impossible aux voyageurs d'un.
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