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Faut-il renoncer à faire du travail une valeur ?

Publié le 16/01/2004

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travail
PUF. 2- "Le travail est donc la mesure réelle de la valeur échangeable de toute marchandise." A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Gallimard, p.61. - "Le travail de quelques unes des classes les plus respectables de la société, de même que celui des domestiques ne produit aucune valeur, il ne se fixe ni ne se réalise sur aucun objet ou chose qui puisse se vendre, qui subsiste après la cessation du travail et qui puisse servir à procurer par la suite une pareille quantité de travail." (ibidem, page 158) 3- "La valeur d'une marchandise, ou la quantité de toute autre marchandise contre laquelle elle s'échange, dépend de la quantité relative de travail nécessaire pour la produire et non de la rémunération plus ou moins forte accordée à l'ouvrier." D. Ricardo, Des principes de l'économie politique et de l'impôt, Flammarion, page 25. 4- ".
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« Cependant, le travail n'élève pas nécessairement l'homme au-dessus de la condition animale; il peut au contrairel'assujettir à une nécessité vitale et économique, en l'asservissant à une classe sociale dominante, comme entémoignent les différentes formes – anciennes et nouvelles – d'esclavage. 2.

Il faut renoncer à faire du travail une valeur en soi A.

De fait, le travail n'a qu'une valeur marchandeDans une société esclavagiste, l'esclave, par son travail, assure à sa place les besoins du maître.Dans une société d'économie capitaliste, le travail est assujetti aux nécessités de la production.

C'est ce quemontre Marx, dans les Manuscrits de 1844: la classe économique qui détient le capital achète la force de travail de l'ouvrier, dont le salaire et le temps de repos sont calculés non en fonction dela valeur (qualité et quantité) du travail fourni, mais des besoins nécessairesau travailleur pour récupérer sa force de travail et la réinvestir au profit ducapital.Ainsi existe-t-il un travail exploité – dans lequel l'homme aliène sa force detravail. Dans une économie capitaliste, la force de travail est une marchandisecomme toutes les autres.

Elle s'achète au prix du salaire, et sa valeur dépendde l'état du marché du travail.

Plus il y a de chômeurs, plus la force de travailest dévaluée, suivant la loi de l'offre et de la demande.

Mais, à la différencede toutes les autres marchandises, la force de travail est elle-mêmeproductrice de valeur.

En une journée, un ouvrier produit plus que ce qui estnécessaire à sa propre survie.

Cette portion de surtravail, ou de travail nonrémunéré dont l'employeur profite pour investir dans l'entretien ou l'achat demachines, se nomme plus-value.

Dans unesociété esclavagiste, le maître possède des esclaves, qui travaillent pourproduire une richesse dont il profite et qui sert en partie à les loger, les vêtiret les nourrir.

Dans une société capitaliste, le salarié n'appartient à personned'autre qu'à lui-même, mais doit se vendre pour survivre.

De plus, il n'estqu'un simple outil vivant de la production.

Son coût (le Salaire minimuminterprofessionnel de croissance) est défini à partir du minimum indispensableà sa subsistance et son entretien.

Le secret du salariat réside dans le fait que la quantité de travail fourni esttoujours supérieure au travail nécessaire à la survie.

A.

Smith notait le parallèle : "On compte que le travail d'unesclave bien constitué vaut deux fois sa subsistance ; et celui du moindre travailleur libre ne peut valoir moins quecelui d'un bon esclave." C'est donc la plus-value qui est source de profit et rend compte de la définition del'économie capitaliste : une richesse qui produit de la richesse au moyen de la plus-value, et qui ne passe pasimmédiatement dans la consommation.

"Le capitalisme est identique à la recherche du profit, d'un profit toujoursrenouvelé, dans une entreprise continue, rationnelle et capitaliste.

Il est recherche de la rentabilité" (M.

Weber).

Letravail est donc source de valeur en tant qu'il produit un profit, une rentabilité.

La valeur des choses ne tient pastant à leur matière qu'au temps de travail qui a été utile à leur production.

La part de valeur non consommée nirétribuée est réinvestie dans le Capital.

Celui-ci est devenu le mythe de nos temps modernes : une richesse quiproduit de la richesse. Même si les progrès sociaux et l'apparition d'une série de classes intermédiaires entre prolétaires et bourgeois en ontprofondément modifié le contexte, cette analyse demeure valable au moins sur un point, dans un contexteéconomique qui privilégie la productivité sur toute autre valeur: le travail a essentiellement une valeur marchande. B.

La «valeur» du travail est en réalité relative aux intérêts du marchéPrécisément, parce que la valeur du travail n'est qu'une valeur économique et marchande, elle ne dépend plus ni dela nature objective de la tâche effectuée ni de la quantité du temps de travail.

Premièrement, en effet, le travail n'aplus de valeur par lui-même; ainsi, du fait de la mécanisation des moyens de production, certaines formes de travaildeviennent-elles superflues (la société n'a plus besoin de polisseurs de verre, par exemple).

À l'inverse, d'autresformes de travail apparaissent et se développent, telles que les métiers concernant les médias, les psychologuesd'entreprise, etc.Deuxièmement, il est de moins en moins possible d'évaluer la quantité du temps de travail: comme l'atteste ladisparition progressive du travail posté, on rémunère de plus en plus une personne en fonction de sa productivité –soit du résultat de son travail –, non des heures effectuées pour le réaliser.La «valeur» du travail est donc en réalité relative aux intérêts du marché. Conclusion et transition Le travail n'a pas de valeur en soi; il n'a qu'une valeur marchande, laquelle dépend elle-même des exigences de laproductivité – ce pour quoi il convient d'abandonner l'idée de «faire» du travail une valeur.

Une ambiguïté subsiste,toutefois, quant à la nature du travail; d'un côté, il aliène l'homme à des impératifs économiques, de l'autre, commeen témoigne le cas du travail artistique ou intellectuel, il porte l'homme à contribuer à l'oeuvre de la culture en mêmetemps qu'il est source d'épanouissement individuel.

Alors, faut-il renoncer à faire de toute forme de travail unevaleur?. »

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