Faut-il réduire l'action à ce qui la détermine ?
Publié le 07/11/2009
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Reste que si la connaissance est émancipatrice, parce que la vérité libère, un homme libre est aussi un homme qui sait ce qu'il fait, et qui peut donc être tenu responsable de ses actes. La responsabilité est la capacité à répondre de ses actes : je reconnais que je suis bien l'auteur de cet acte et je l'assume. Par là, l'action semble nécessairement tendre vers le bien : si je dois répondre de mes actes devant l'autre et lui rendre des comptes pourquoi chercherais-je intentionnellement à faire le mal ? Il y a donc toujours un bon choix. Et dans la pensée aristotélicienne, en effet, « toute action vise un certain bien «. L'individu doit donc être en mesure de se fixer un certain type de bien qui orientera son action. Mais, le devoir n'a de sens que par la liberté : seul un être libre a la possibilité de s'imposer des devoirs, des impératifs louables. Donc, le lien qui nous unit à toute chose est bien réel, alors que la croyance que nous pouvons mener notre propre liberté de notre côté, sans avoir de compte à ne rendre à personne, est fictive. La liberté ne s'incarne donc que dans la nécessité et c'est ce que dit Jonas dans le Principe Responsabilité.
«
II – Un acte peut-il être totalement libre ? Qu'entend-on par liberté ? Sommes-nous radicalement libres ? On admet, de façon souvent simpliste, que nousne sommes jamais déterminés, car nous avons la possibilité à chaque instant de dire non.
Nous pensons donc tousqu'être libre, c'est avoir le choix entre plusieurs contraires ou possibilités, et que ce que j'ai fait ou fais maintenant,en vertu de ce (libre) choix, aurait pu être différent, puisque j'aurais pu choisir une autre alternative.
De là émaneplusieurs idées : 1) je n'ai pas été contraint, poussé, déterminé, causé, etc.
à faire ce que j'ai fait, 2) rien ne medétermine à choisir un parti plutôt qu'un autre (que le parti contraire), 3) l'individu a la faculté de se faire tout entierlui-même.
Elles forment toutes le concept de « libre-arbitre », c'est-à-dire la faculté de se déterminer soi-même àagir, et de choisir entre des contraires sans que rien ne m'y contraigne.
Le libre arbitre est donc un pouvoir dedécision absolu en moi, à partir de rien, sans motif contraignant, la capacité d'un commencement pur.
L'exempletype du libre-arbitre c'est l'acte gratuit, l'acte qui serait motivé par rien et nécessité par rien.
C'est ce que Gideessaye de démontrer dans Les caves du Vatican avec le personnage de Lafcadio.
Selon lui, « c'est là ce qui distingue l'homme des autres animaux : une action gratuite, un acte qui n'est motivé par rien, intérêts, passions,rien, l'acte désintéressé né de soi, l'acte aussi sans but donc sans maître, l'acte libre » ( Prométhée mal enchaîné ). Donc, serait libre celui qui agit sans raison.
L'homme aurait le pouvoir d'accomplir n'importe quelle action, même unacte tout à fait absurde, un acte accompli sans fondement par suite d'une décision arbitraire, issue du hasard oud'un pur caprice.
Camus, dans L'Etranger reprend cette idée en ne justifiant par aucune raison fondée l'assassinat dont s'est rendu coupable son anti-héros, Meursault.
Mais alors, peut-on réellement parler d'action quand on estdans l'indéterminé absolu ? La liberté peut-elle s'identifier à la spontanéité, à l'absence de contrainte, à une certaineabsurdité ? Ne consiste-t-elle pas au contraire à agir en dominant la nécessité de la nature ? Ne se rapproche-t-ellepas de la maîtrise de soi et du réel ? N'est-elle pas acceptation délibérée des contraintes nécessaires et des lois ?En définitive, la seule liberté ne réside-t-elle pas dans nos seuls opinions et jugements ? La liberté est perçue tout à fait distinctement dans la pensée existentialiste.
En effet, comme l'énonce Sartredans L'existentialisme est un humanisme , l'existence précède l'essence, c'est-à-dire qu'il y a un être qui existe avant de pouvoir être ne définit par aucun concept : « l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde,et se définit après ».
La doctrine existentialiste laisse donc une possibilité de choix à l'homme, puisque l'homme « estce qu'il se fait », il est tel qu'il se veut.
D'où l'importance du choix qui permet à chaque individu de se définir, etégalement celle de la responsabilité.
L'existentialiste nie le déterminisme et suppose que l'homme a une libertéabsolue, l'homme est liberté.
Nous n'avons ni derrière nous ni devant nous, l'homme doit donc inventer l'homme.L'existentialisme sartrien s'oppose donc au quiétisme, c'est une morale d'action et d'engagement qui pense l'hommecomme une série d'entreprises et qui déclare qu'« il n'y a de réalité que dans l'action, l'homme n'est rien d'autre queson projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, riend'autre que sa vie ».
L'action dépend donc de la capacité de l'homme à décider, elle ne dépend en aucun cas decauses préexistantes, il y a une infinité de possibles, car l'homme peut choisir à tout moment d'être autrement.
III – La vraie liberté n'est-elle pas en partie déterminée ? La liberté en son acceptation philosophique désigne un pouvoir de choix.
Descartes écrit, dans sa lettre àMesland, qu'il nomme généralement libre tout ce qui est volontaire, et qu'en aucun cas il ne faut restreindre laliberté à la puissance de se déterminer, qui est accompagnée de l'indifférence.
En effet, l'indifférence est selonDescartes, « cet état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autrepar aucune perception du vrai ou du bien », qu'il considère comme le plus bas degré de liberté.
L'indifférence relèvede l'ignorance, alors qu'au contraire, connaître c'est être en mesure de choisir, c'est donc être libre.
On voit alors sedessiner un des points fondamentaux de la vraie liberté : l'action libre est celle qui est guidée par la raison, et quifait en sorte que notre volonté « suive si fort la lumière de l'entendement ».
Un acte libre est donc réalisé lorsque lechoix d'agir a été éclairé par la raison.
Au plus haut degré de la liberté se situerait donc la liberté rationnelle quiconsiste pour la volonté à suivre les motifs que l'intelligence lui propose, de sorte qu'avec clarté apparaît qu'un choixs'impose comme meilleur qu'un autre.
La vraie liberté semble donc être la libération et la lutte pour la suprématie del'esprit, et non pas l'absence totale de contraintes ou l'obéissance au flot des passions.
Tout comme l'idée d'unecausalité trop forte, une causalité trop faible ferait disparaître l'action.
L'homme n'est pas auto-constitutif, il y a desvaleurs, des causes qui existent de fait, avant l'homme, des éléments contextuels.
Donc, les raisons de choisirexistent.
Chacun sait fort bien ce qu'il a à faire.
Sa liberté consiste donc à se mettre au niveau de ce qu'il a à faireou de refuser.
Ce n'est pas moi qui donne le sens, mais j'ai à l'assumer.
Reste que si la connaissance est émancipatrice, parce que la vérité libère, un homme libre est aussi un hommequi sait ce qu'il fait, et qui peut donc être tenu responsable de ses actes.
La responsabilité est la capacité àrépondre de ses actes : je reconnais que je suis bien l'auteur de cet acte et je l'assume.
Par là, l'action semblenécessairement tendre vers le bien : si je dois répondre de mes actes devant l'autre et lui rendre des comptespourquoi chercherais-je intentionnellement à faire le mal ? Il y a donc toujours un bon choix.
Et dans la penséearistotélicienne, en effet, « toute action vise un certain bien ».
L'individu doit donc être en mesure de se fixer uncertain type de bien qui orientera son action.
Mais, le devoir n'a de sens que par la liberté : seul un être libre a lapossibilité de s'imposer des devoirs, des impératifs louables.
Donc, le lien qui nous unit à toute chose est bien réel,alors que la croyance que nous pouvons mener notre propre liberté de notre côté, sans avoir de compte à ne rendreà personne, est fictive.
La liberté ne s'incarne donc que dans la nécessité et c'est ce que dit Jonas dans le Principe Responsabilité ..
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