Faut-il protéger ou respecter la nature ?
Publié le 17/01/2022
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L’homme, c’est l’être humain pris dans la singularité de son mode de vie, en comparaison avec les animaux par exemple, et dans le mode particulier de rapport qu’il entretient avec le monde qui l’entoure et avec la nature.
La question « doit-il « porte sur une obligation : cette obligation peut cependant se comprendre en deux sens, ou bien comme un devoir que l’on nous impose ou que nous nous imposons à nous-mêmes, pour des raisons morales par exemple, ou bien comme une nécessité : nous devons faire telle chose parce que ne pas le faire est simplement impossible, pour des raisons de survie par exemple.
La nature, c’est la partie non modifiée par l’homme du monde qui nous entoure.
L’interrogation que le sujet formule quant à la question du rapport de l’homme et de la nature se présente sous la forme d’une alternative : la première branche de l’alternative concerne le fait de protéger la nature. Protéger, c’est prémunir contre un danger : quel est ici ce danger ? Ce danger consiste en tout ce qui peut menacer la nature, et une de ces menaces possibles est l’homme lui-même, en tant qu’il transforme la nature, en perturbe les équilibres ; autrement dit, l’homme devrait être attentif aux dommages qu’il peut faire subir à la nature, et ce serait pour lui un devoir que de protéger celle-ci. La seconde branche de l’alternative correspond à une protection que l’homme se ménagerait contre la nature : la nature est alors perçue comme un danger possible. On peut d’ailleurs supposer que la technique humaine, à son origine se base notamment sur une volonté de l’homme de se protéger contre les dangers naturels – prédateurs, froid, etc. – contre lesquels il est naturellement mal protégé.
C’est donc une ambivalence du rapport de l’homme à la nature qui est interrogée ici : il faudra travailler respectivement sur les deux branches de l’alternative contenue dans le sujet, et décider finalement quel est le rapport de protection définissant le plus pertinemment cette relation entre l’homme et la nature.
«
D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nosartisans ».
Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».
Il n'est pasindifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.
On connaît comme on agit ou ontransforme, et dans un même but.
La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme,dans son propre intérêt.
Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une naturedésenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de lanature ».
« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.
Cependant, l'homme est ici décrit commeun sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon luisemble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action del'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.
C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.
Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.
De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.
Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harveydécouvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la naturene concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.
La « philosophie pratique » estutile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».
Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel,est objet de science, et même objet principal de la science.
« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rendeles hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher.
»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de lamédecine.
Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres &possesseurs de la nature ».
La science n'a pas d'autre but.
• Respectare en latin, d'où vient notre respect, signifie « regarder en arrière ».
Or, l'homme est un être qui aussiregarde en avant, qui prospecte.
Les pionniers regardent moins la forêt saccagée que la nouvelle ville construite àsa place.
2) Le respect et la protection comme possible est souhaitable.
Nous ne pouvons, néanmoins nous comporter sans égard ni soin.• C'est d'abord une affaire d'intérêt bien compris.
La nature reste un milieu de vie nécessaire et universel : sadestruction nous menacerait dans notre survie.
• C'est aussi une question de devoir que nous avons envers l'humanité future.
Un proverbe indien dit : « Nousn'avons pas hérité la terre de nos ancêtres, nous l'avons empruntée à nos enfants.
»
• Certes nous ne pouvons suivre le point de vue de ces « conservationnistes » qui voudraient arrêter tout le travailde l'homme, au nom d'une pureté originelle plus fantasmatique que réelle.
Et le terme de respect ne peut pas êtregalvaudé.
On peut élargir la notion de respect et l'appliquer à la création de celui qui est lui-même objet de respect.
Ainsi lesoeuvres d'art sont-elles, parmi toutes les productions humaines, celles qui suscitent en nous le plus fort respect,parce qu'à nos yeux, elles témoignent de l'incomparable génie de l'homme.
En ce sens la nature peut être respectée: non parce qu'elle ne doit pas être touchée (ce n'est ni possible ni souhaitable) mais parce qu'en cette fin desiècle, elle est devenue aussi proche, aussi fragile et aussi petite qu'un jardin.
On pourra terminer le devoir en évoquant un principe de précaution et la nécessaire maîtrise de notre technique.
Ainsi que le pensent Herbert Marcuse et Jùrgen Habermas, l'exploitation technique de la nature n'est pas neutre.«L'a priori technologique est un a priori politique», écrit Marcuse dans L'Homme unidimensionnel.
Cela signifie que sila technique accomplit des «miracles», ces derniers consistent bien plus à asservir l'homme qu'à l'émanciper.
• La technique a donc permis à l'homme de maîtriser son environnement.
On accuse pourtant aujourd'hui latechnique : épuisement des ressources énergétiques de la planète, réchauffement de la planète...
La technique,élément de la culture humaine, serait en quelque sorte hors de la culture, l'homme ne pouvant plus contrôler seseffets.
Si nous n'en sommes pas encore à la révolte généralisée contre la technique, au moins nous en méfions-nous..
»
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