Faut-il prendre comme modèle la nature ?
Publié le 30/01/2005
Extrait du document
«
figures et les paysages." Ainsi Hegel dans Esthétique critique l'idée que l'art imite la nature : c'est certes "dans les données de la nature que l'oeuvre d'art semble puiser son contenu" mais " delà prétendre que le contenu comme tel, en tant que contenu doit être toutentier emprunté à la nature, il y a loin."
Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.
Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.
Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.
C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.
L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.
Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.
La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.
Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.
L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.
L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.
On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.
L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art greclui-même.
Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.
Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme"classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.
La religion chrétienne estessentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et quiest morte en croix.
Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique aété fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualitéchrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit.
Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.
Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.
Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.
Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.
Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.
De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.
Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.
Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.
L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.
Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.
En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.
Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.
L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.
Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.
Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle.
Il faut bien voir aussi que la nature agit au hasard, ce qui est loin d'être le cas pour l'homme.
Ainsi Marx écrit : "cequi distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule danssa tête avant de la construire dans la ruche."( Capital ).
Ainsi les productions de l'homme se caractérisent par la conscience et l'intentionnalité, ce qui ne semble pas être le cas de la nature.
Ainsi, il semble que l'homme acquiert ses premières connaissances en prenant la nature pour modèle, puisque c'est lapremière chose qui se trouve sous ses yeux et dans laquelle il vit.
Et pourtant il est indéniable que l'homme cherchetrès vite à se détacher de ce modèle qui semble défaillant.
Il oppose en effet l'instinct à la raison.
Dès lors, si lanature fournit un point de départ à l'homme, celui-ci dépasse le modèle initial en lui ajoutant conscience,intentionnalité et raison.
Il imprime sa marque dans la nature même..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Quand faut-il prendre la nature comme modèle ?
- Y a-t-il des domaines, concernant l'existence humaine, dans lesquels on peut légitimement prendre la nature comme modèle ?
- l'homme doit-il prendre la nature comme modèle ?
- Dans quel domaine est-il légitime de prendre la nature comme modèle ?
- Dans quels domaines est-il légitime de prendre la nature comme modèle?