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Faut-il pour qu'une société soit juste que les individus qui la composent le soient ?

Publié le 13/03/2005

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la responsabilité et autrui Texte Emmanuel Levinas Ethique et Infini       "Je suis responsable des persécutions que je subis. Mais seulement moi! Mes proches ou mon peuple sont déjà les autres et, pour eux, je réclame justice...     Je suis responsable même de la responsabilité d'autrui. Ce sont là des formules extrêmes qu'il ne faut pas dégager de leur contexte. Dans le concret, beaucoup d'autres considérations interviennent et exigent la justice même pour moi. Les lois écartent certaines conséquences pratiquement. Mais la justice n'a de sens que si elle conserve l'esprit du dés-inter-essement qui anime l'idée de la responsabilité pour l'autre homme. En principe, le moi ne s'arrache pas à sa "première personne"; il soutient le monde. La subjectivité, se constituant dans le mouvement même où elle incombe d'être responsable pour l'autre, va jusqu'à la substitution pour autrui. elle assume la condition - ou l'incondition- d'otage.

S’il fallait que les homme soient justes pour qu’une société le soit également, il y a fort à parier qu’on pourrait immédiatement renoncer à toute tentative de faire advenir une société juste. En effet, même les meilleurs des hommes finissent toujours par céder à quelque petite envie mesquine qui les pousse à commettre des injustices. Cependant, il est certain qu’on voit mal comment il serait possible de faire naître une société juste en ne la composant que d’éléments injustes. Tout le problème consiste donc à savoir dans quelle mesure le tout peut être différent des parties qui le composent, dans quelle mesure une société juste peut voir le jour avec des individus injustes en son sein.

« tout ce qui leur plaira; suivons-les ensuite, et voyons où la passion les conduira l'un et l'autre.

Nous netarderons pas à surprendre l'homme de bien marchant sur la trace du méchant, entraîné comme lui par le désird'acquérir sans cesse davantage, désir dont toute nature poursuit l'accomplissement, comme d'une chosebonne en soi, mais que la loi réprime et réduit par force au respect de l'égalité. 3.

TRANSITION Il semblerait que le sentiment même du juste soit ancré au plus profond des hommes.

Comment expliquer alors lesinjustices ? Que devient un tel sentiment ? Comment la justice peut-elle régner ? II.

Les rapports entre justice et injustices. l'homme peut-il être à la fois bon et méchant ? 1. Texte Rousseau Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), note IX. Les hommes sont méchants; une triste et continuelle expérience dispense de la preuve; cependant l'hommeest naturellement bon, je crois l'avoir démontré.

Qu'est-ce donc qui peut l'avoir dépravé à ce point sinon leschangements survenus dans sa constitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises ?Qu'on admire tant qu'on voudra la société humaine, il n'en sera pas moins vrai qu'elle porte nécessairement leshommes à s'entre-haïr à proportion que leurs intérêts se croisent, à se rendre mutuellement des servicesapparents et à se faire en effet tous les maux imaginables.

Que peut-on penser d'un commerce où la raison dechaque particulier lui dicte des maximes directement contraires à celles que la raison publique prêche au corpsde la société et où chacun trouve son compte dans le malheur d'autrui ? Il n'y a peut-être pas un homme aiséà qui des héritiers avides et souvent ses propres enfants ne souhaitent la mort en secret, pas un vaisseau enmer dont le naufrage ne fût une bonne nouvelle pour quelque négociant, pas une maison qu'un débiteur nevoulût voir brûler avec tous les papiers qu'elle contient, pas un peuple qui ne se réjouisse des désastres deses voisins.

C'est ainsi que nous trouvons notre avantage dans le préjudice de nos semblables, et que la pertede l'un fait presque toujours prospérité de l'autre.

Mais ce qu'il y de plus dangereux encore, c'est que lescalamités publiques font l'attente et l'espoir d'une multitude de particuliers.

Les uns veulent des maladies,d'autres la mortalité, d'autres la guerre, d'autres la famine; j'ai vu des hommes affreux pleurer de douleur auxapparences d'une année fertile, et le grand et funeste incendie de Londres, qui coûta la vie ou les biens àtant de malheureux, fit peut-être la fortune à plus de dix mille personnes.

Je sais que Montaigne blâmel'Athénien Démades d'avoir fait punir un ouvrier qui vendant fort cher des cercueils gagnait beaucoup à la mortdes citoyens, mais la raison que Montaigne allègue étant qu'il faudrait punir tout le monde, il est évidentqu'elle confirme les miennes.

Qu'on pénètre donc au travers de nos frivoles démonstrations de bienveillance cequi se passe au fond des coeurs et qu'on réfléchisse à ce que doit être un état de choses où tous les hommessont forcés de se caresser et de se détruire mutuellement et où ils naissent ennemis par devoir et fourbes parintérêt.

Si l'on me répond que la société est tellement constituée que chaque homme gagne à servir lesautres, je répliquerai que cela serait fort bien s'il ne gagnait encore plus à leur nuire.

Il n'y a point de profit silégitime qui ne soit surpassé par celui qu'on peut faire illégitimement, et le tort fait au prochain est toujoursplus lucratif que les services.

Il ne s'agit donc plus que de trouver les moyens de s'assurer l'impunité, et c'està quoi les puissants emploient toutes leurs forces, et les faibles toutes leurs ruses. 2.

De la possibilité d'établir une cité juste ? Texte Platon La République , livre II, 358e-359c, traduction Dacier et Grou révisée par É.

Saisset (1869). La cité qu'il faut placer au premier rang, la cité dont la constitution et les lois sont les meilleures, est celle oùrégnera le plus complètement possible dans la vie sociale sous toutes ses formes l'antique maxime d'après laquelletout doit être réellement commun entre amis.

Ainsi, que cette cité existe actuellement quelque part ou qu'ellevienne à exister quelque part un jour, il faut qu'il y ait communauté des femmes, communauté des enfants,communauté de tous les biens sans exception ; tout doit être mis en oeuvre pour éliminer de notre existence, soustoutes ses formes, ce qu'on appelle propriété privée ; on doit y travailler, autant que faire se peut, à rendrecommun, d'une manière ou d'une autre, même ce qui est naturellement personnel à chacun de nous, si bien que, parexemple, tous les yeux, toutes les oreilles et toutes les mains croiront voir, entendre et faire les mêmes choses etque, dans l'éloge comme dans le blâme, tous ensemble soient comme un seul homme, tous joyeux ou tous affligés àpropos des mêmes objets. 3.

TRANSITION Si les hommes ont en leur essence inscrite l'idée même de la justice, cela ne présage pas d'une cité qui sera sanscesse juste.

Comment expliquer alors les dérives de la société qui est aussi une dérive de la justice ? III. Justice - Loi – Violence 1.

Peut-on parler d'une violence juste ? Texte Platon La République , , traduction Dacier et Grou révisée par É.

Saisset (1869).. »

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