Faut-il placer la liberté humaine dans l'obéissance à la raison ?
Publié le 10/09/2004
Extrait du document
-Être libre, c'est être indépendant de toute détermination extérieure.
-Or, nos comportements sont naturellement déterminés par les objets de nos sens ; il devient donc manifeste que la liberté implique l'intervention d'une puissance capable de renverser l'influence de nos sens : cette puissance, c'est la raison.
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Néanmoins, selon Descartes, cela constitue une faculté "inférieure" de notreliberté ; la faculté supérieure de notre liberté, c'est celle qui consiste à choisirselon ce que nous prescrit notre entendement, et non l'inverse.
Les deux degrés de liberté Être libre, cela signifie d'abord avoir la puissance d'affirmer ou de nier, devouloir ou de refuser, sans être déterminé par quoi que ce soit – bref avoir unlibre arbitre*.
Ainsi, lorsque rien ne me pousse à vouloir une chose plutôtqu'une autre, en l'absence de raisons claires, ma liberté se manifestera parl'indifférence de ma volonté et l'arbitraire de mon choix.
Mais cette indifférence, qui révèle un défaut de connaissance plus qu'uneperfection de la volonté, n'est que « le plus bas degré de liberté ».
Être libre,en effet, ne consiste pas seulement à être indépendant, déterminé par rien,mais aussi à développer sa propre nature.
Or l'homme a une naturerationnelle, créée par Dieu.
Notre volonté est donc destinée à s'accomplirdans la reconnaissance du vrai, et notre nature à y trouver sonépanouissement.
Je serai donc d'autant plus libre que j'aurai des raisons évidentes d'agir etque je ne serai jamais indifférent.
Si je connaissais toujours clairement ce quiest vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer, mavolonté agirait avec facilité, sans hésitation, en pleine lumière.
Liberté et vérité Mais si je suis d'autant plus libre que je me soumets à l'évidence et au bien, que devient le pouvoir de sedéterminer par soi-même ? Le libre arbitre n'est-il pas anéanti par la splendeur contraignante de la vérité ? Non, car l'évidence ne contraint pas la volonté, le libre arbitre ne disparaît pas devant l'évidence, il est seulement« incliné » à donner son assentiment, mais sans nécessité.
Car absolument parlant, il peut le refuser, en préférantl'affirmation de son indépendance à la vérité.
L'homme est donc méritant de reconnaître le vrai, car il pourrait en détourner son attention.
C'est librement quel'homme accomplit sa nature en développant sa raison, et librement qu'il peut déchoir.
Et si réaliser sa nature, c'estdevenir vraiment libre, on doit dire que c'est librement que l'on devient libre.
En disant que le péché lui-même estune erreur, Descartes ne disculpe donc personne, il fait plutôt de l'erreur une sorte de péché contre soi-même.
III.
La liberté, c'est faire le choix d'assumer sa liberté originelle, en deçà de toute considération rationnelle(Sartre).
La raison implique de faire un choix, à l'issue d'une délibération argumentée, entre diverses options possibles ; cechoix est déterminé par la force plus ou moins grande des arguments proposés.
Or, dans le cas de la liberté, nulledélibération n'est en jeu, il s'agit toujours-déjà de se choisir selon l'assomption ou non de sa propre liberté, qui meten jeu l'expérience non-rationnelle de l'angoisse, véritable expérience-limite à travers laquelle la conscience fait faceà son néant constitutif.
L'on ne choisit pas la liberté par raison, mais par orientation existentielle fondamentale,entre l'authenticité et l'inauthenticité.
Conclusion
-La liberté semble impliquer la raison, puisque celle-ci prête la forme pure de son activité à la volonté, pour pouvoirrendre celle-là possible.
-Or, la liberté se révèle comme une puissance indépendante de toute rationalité ; c'est pourquoi faire le choix de laliberté ne constitue pas en soi un choix rationnel, mais un choix existentiel.
-Il faut donc moins être raisonnable pour être libre, qu'être libre pour être raisonnable, c'est-à-dire assumer sapropre liberté pour pouvoir agir selon une conduite responsable et authentique.
Introduction
Être raisonnable peut signifier aussi bien le fait d'être doué de raison, d'une aptitude intellectuelle à articulerlogiquement ses idées que celui d'être capable de tempérer ses désirs, de ne pas être dominé par eux.
On nousdemande donc d'envisager les rapports entre ces deux capacités et la condition de la liberté.
La raison, au doublesens où nous venons de l'entendre, est-elle un obstacle ou un auxiliaire de la liberté ? Elle paraît bien, d'un côté,.
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