Faut-il opposer la théorie et les faits ?
Publié le 14/03/2004
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Nous avons pour habitude de dire que les principes sont justes en théorie, mais ne valent rien pratique. Aussi nous reconnaissons universellement qu'il ne faut pas mentir pourtant, mis en situation, nous trouvons mille et une excuses pour justifier le recours au mensonge. Dès lors il y a opposition entre les faits et la théorie, c'est-à-dire entre ce qui est de l'ordre théorique et ce qui est de l'ordre pratique. Pourtant, une théorie n'a de sens et de valeur que si elle a pour but de s'appliquer. C'est bien en ce sens par exemple que peut se comprendre la détermination et l'usage des théories scientifiques ; dont la confrontation aux faits constituent le critérium de vérité ou validité dans la mesure où ces théories ont pour objet de décrire le réel. Or dans le champ moral, la question n'est pas de savoir si les faits vont dans le sens des impératifs mais bien comment nous devons nous régler indépendamment des faits. En ce sens, s'il y a pas nécessairement opposition entre les faits et la théorie il faut pourtant remarquer, notamment en morale, que la théorie ne doit pas se régler sur la pratique mais bien l'inverse, contrairement à ce qui se passe en science. Dès lors s'agit-il de comprendre leurs rapports.
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La notion de PARADIGME Explications
Désigne une manière d'êtreet de penser propre à unecommunauté scientifique.(La communauté scientifiqueest une société comme lesautres, avec ses circuits,ses relations, sescommunautés d'intérêt et dediscussion.)
1) Un même cursus de formation; dans les matières scientifiques, cette « initiation professionnelle estsemblable, à un degré inégalé dans la plupart des autresdisciplines » : même enseignement, même littératuretechnique, mêmes exemples, etc.).2) Un ensemble d'objectifs communs, « qui englobent la formation de leurs successeurs ».3) Des réseaux spécifiques de circulationd'informations : périodiques, conférences spécialisées, articles, correspondances officieuses ouofficielles.
Désigne la matrice disciplinaire de cette communauté.
(Le paradigme représente «l'ensemble de croyances, devaleurs reconnues et detechniques qui sont communesaux membres d'un groupedonné.
» C'est ici unecommunauté technique depratiques, de gestes et devocabulaire qui soude legroupe de chercheurs.)
1 ) Des généralisations symboliques : ce sont les éléments formalisables (symboles, concepts, principes,équations de base...) couramment utilisés.
Certaineséquations fonctionnent à la fois comme lois de la natureet comme définitions conceptuelles.
Par exemple, laformule newtonienne : la force est le produit de la massepar l'accélération, est à la fois une loi de la nature, etune définition de la force.2) Des croyances en des métaphores, desanalogies fonctionnant comme modèles heuristiques (qui aident à la découverte).
Par exemple, l'analogieentre le courant électrique et le modèle hydraulique ;entre des molécules de gaz et des boules de billardélastiques se heurtant au hasard...3) Des valeurs générales : exactitude des calculs, cohérence interne, simplicité, «beauté» d'unedémonstration, efficacité des théories...
Ces valeurspeuvent être communes à plusieurs groupes, mais leurapplication, leur hiérarchisation diffèrent souvent d'uncercle scientifique à un autre.
Désigne au sens strict les exemples communs utilisés fréquemment et qui forment lapensée et la pratique dugroupe.( Les solutions exemplairessont « les solutions concrètesde problèmes que lesétudiants rencontrent durantleur carrière de recherche etqui leur montrent aussi, parl'exemple, comment ils doiventfaire leur travail.
»)Une partie de l'efficacitéopérationnelle d'un groupe dechercheurs provientd'habitudes intellectuellesinconscientes.
Ces exemples fonctionnent comme :
1 ) Outils d'initiation pédagogique : « en l'absence de tels exemples, les lois et les théories que [l'étudiant]a déjà apprises auraient peu de contenu empirique.
»
2) Outils d'initiation intellectuelle : l'exemple permet de « voir » les ressemblances mathématiques oude structures, entre problèmes différents.
« Une foisque [l'étudiant] a vu la ressemblance et saisi l'analogieentre deux ou plusieurs problèmes distincts, il peutétablir une relation entre les symboles et les rattacher àla nature d'une manière qui s'est déjà révélée efficace».Le chercheur s'incorpore des règles méthodologiques àpartir de ces exemples, sans même s'en rendre compte.
3) Outils d'initiation sociologique : « dans l'intervalle, [l'étudiant] a assimilé une manière de voirautorisée par le groupe et éprouvée par le temps ».
Il.
L'illusion du positivisme
• Cette notion de fait est à relier à la philosophie d'Auguste Comte, le positivisme : «Toute proposition qui n'est passtrictement réductible à la simple énonciation d'un fait, ou particulier ou général, ne peut offrir aucun sens réel ouintelligible » (Discours sur l'esprit positif).
L'esprit humain, pour Comte, passe par trois stades : les étatsthéologique, métaphysique et enfin positif.
L'homme a expliqué ce qu'il observait en postulant d'abord des espritscachés derrière les phénomènes (Zeus produit les éclairs), en utilisant des abstractions pour remplacer les esprits.
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