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Faut-il libérer le désir ou se libérer du désir ?

Publié le 08/07/2005

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Mais cette manière de procéder revient à nier toute notre partie sensible. Même si cette dernière ne nous caractérise pas en tant que telle comme homme, puisque nous la partageons avec les autres vivants, elle fait néanmoins partie intégrante de notre être. Se libérer du désir permet certes de ne pas souffrir de sa non réalisation, mais cela nie en même temps notre propre nature. Et il ne semble pas possible de parvenir à la sagesse ou au bonheur en niant notre nature. 

III/ Il faut apprivoiser le désir :              

Les deux positions extrêmes proposées par le sujet ne semblent donc pas être satisfaisantes, et mener au même résultat : l'homme qui nie son désir ne peut pas être heureux puisqu'il nie sa nature, et celui qui le laisse libre non plus car il en devient esclave. Il faudrait donc trouver une position intermédiaire.           C'est ce que propose Spinoza dans L'Éthique, où il montre que "le désir est l'essence même de l'homme" III, et qu'il est donc non seulement impossible de s'en libérer, mais aussi inutile. Le désir est une dynamique concrète fondée sur le conatus, est la puissance même d'exister, l'affirmation positive de soi : c'est une force vitale. Mais il faut cependant apprendre à le connaître et à le maîtriser car selon la chose sur laquelle il porte, il peut provoquer soit la joie - accroissement de la puissance d'exister, soit la tristesse - rend l'homme passif, il subit au lieu d'agir, et n'a plus de puissance.           Pour que le désir soit positif, qu'il apporte la joie, et pour éviter la tristesse, il faut étudier l'objet sur lequel il porte, et en avoir une connaissance juste.

Introduction :

Bien définir les termes du sujet :

- " Désir " : vulgairement, c'est avoir envie de quelque chose, en souhaiter sa possession pour avoir du plaisir. C'est ce que l'on ressent lorsqu 'un besoin spontané s'est transformé en une tendance consciente orientée vers un but conçu ou imaginé. Le terme ici au singulier, laisse supposer que le désir est considéré comme une sorte d'entité avec des caractéristiques et des lois propres. Il s'agit du désir en général, de la possibilité de désirer qui est en nous, et non pas du désir de telle chose en particulier que tel individu aurait en lui.

- " Libérer le désir " : C'est décider de ne plus exercer aucune contrainte sur le désir qui est en nous, laisser libre cours à son expression, le dégager de ce qui le lie, le retient, et gêne son accomplissement.

- " Se libérer du désir" : C'est se délivrer d'un asservissement, faire de manière à ne plus être sous l'emprise du désir. 

 

Construction de la problématique :

           Le sujet propose une alternative, deux choix extrêmes seulement sont possibles : se défaire complètement de notre capacité à désirer, ou lui laisser libre cours. La question "faut-il" semble marquer la nécessité, qu'elle soit morale ou plus simplement pratique (= possibilité de vivre effectivement ou non avec le désir) d'adopter l'une ou l'autre des positions. Ce choix ne vaut pas pour lui-même, mais pour ce qu'il, permet. En effet, le but recherché ici semble de trouver la position adopter face au désir pour parvenir à une certaine sagesse ou à un certain bonheur ou vie agréable.

           Il s'agit donc maintenant de voir en quoi consiste chacune des deux positions, quelles sont ses conséquences, ce à quoi elles permettent de parvenir, pour décider laquelle il est bon d'adopter face au désir. Autrement dit, quel rapport l'homme doit-il entretenir avec le désir pour parvenir à une vie équilibrée ?

« Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législation rationnelle.

L'homme est lié à sondevoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.

Aucun intérêt ne vient leforcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vientle contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre maishétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas delui-même.

Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.

Être libreet moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.

Le principe suprême dudevoir est inconditionné et absolu.

La volonté n'y est pas intéressée, et ellen'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.

Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondéesur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriétéqu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriétédes objets du vouloir).

Le principe de l'autonomie est donc : de choisir detelle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même tempscomme lois universelles dans ce même acte de vouloir." Mais selon Kant, le sage, l'homme parfait et véritablement libre, estcelui qui vit selon sa raison, et donc celui qui nie son coté sensible et de cefait ses désirs.

Ainsi, pour parvenir à la sagesse –Kant ne parle pas debonheur, car pour lui ce terme est rattaché à la nature sensible de l'homme, qui ne le caractérise pas complètementet uniquement comme Homme – il faudrait se libérer de ses désirs, c'est-à-dire n'agir que selon sa raison. Mais cette manière de procéder revient à nier toute notre partie sensible.

Même si cette dernière ne nous caractérise pas en tant que telle comme homme, puisque nous la partageons avec les autres vivants, elle faitnéanmoins partie intégrante de notre être.

Se libérer du désir permet certes de ne pas souffrir de sa non réalisation,mais cela nie en même temps notre propre nature.

Et il ne semble pas possible de parvenir à la sagesse ou aubonheur en niant notre nature. III/ Il faut apprivoiser le désir : Les deux positions extrêmes proposées par le sujet ne semblent donc pas être satisfaisantes, et mener aumême résultat : l'homme qui nie son désir ne peut pas être heureux puisqu'il nie sa nature, et celui qui le laisse librenon plus car il en devient esclave.

Il faudrait donc trouver une position intermédiaire. C'est ce que propose Spinoza dans L'Éthique, où il montre que "le désir est l'essence même de l'homme" III,et qu'il est donc non seulement impossible de s'en libérer, mais aussi inutile.

Le désir est une dynamique concrètefondée sur le conatus, est la puissance même d'exister, l'affirmation positive de soi : c'est une force vitale.

Mais ilfaut cependant apprendre à le connaître et à le maîtriser car selon la chose sur laquelle il porte, il peut provoquersoit la joie – accroissement de la puissance d'exister, soit la tristesse – rend l'homme passif, il subit au lieu d'agir, etn'a plus de puissance. Prendre la mesure de Dieu, c'est prendre la mesure de la Nature commesubstance infinie, nécessaire et suffisante.

Cela étant, tout est en quelquesorte comme un rapport de forces, comme s'il y avait plus de force, depuissance dans une idée adéquate que dans une image ou une illusion, plusde force dans la raison que dans la passion, et comme nous le verrons plusloin, plus de force dans un Etat démocratique que dans la tyrannie oul'anarchie.En effet, tout être, toute chose «veut» — non par vouloir propre, par librearbitre, mais par nécessité, du fait même de ses propriétés — persévérer dansson être essentiel, dans sa force, dans sa puissance.

Si bien que l'homme estessentiellement désir, non un ensemble de facultés ou de capacités..Chaque chose, selon sa puissance d'être, s'efforce de persévérer dans sonêtre.J'entends ...

sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits etvolitions de l'homme...Le désir est l'essence même de l'homme, c'est-à-dire l'effort par lequell'homme s'efforce de persévérer dans son être.A telle enseigne que c'est le désir qui est au fondement de nos actes et nonl'illusoire jugement moral (bien/mal) et le libre arbitre.

Il y a là, chez Spinoza,un étonnant renversement de nos raisonnements habituels.

Tout se passe comme si — ce qui est d'ailleurs vrai — j'« aime» la vie parce que je vis, et non l'inverse : je vis parce que j'aime lavie.

De même — ce qui est tout aussi vrai mais moins reconnu — j'aime cette femme parce que je vis avec elle, etnon : je vis avec cette femme parce que je l'aime.

Car, c'est la passion et non la raison qui nous donne l'illusion de. »

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