Faut-il fuir la technique ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
b) Rousseau, dans cette perspective, se fera l'un des principaux adversaires de la technique.
Selon lui, endéveloppant les techniques, l'être humain est sorti de la place que la nature lui avait attribuée et il a rompu l'ordrenaturel.
Plutôt que de progrès, il faudrait alors parler d'après lui de décadence.
D'après Rousseau, l'homme neconnaît à l'état de nature que la liberté, le bonheur et la justice et ceux-ci ne font qu'un car l'homme écoute alorsles impulsions de son cœur et c'est en toute bonne volonté qu'il suit ses conseils.
Il est forcément juste, car dansson cœur parle sa conscience, cet « instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant etborné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l'homme semblable à Dieu » ainsi qu'il l'écritdans le livre IV de l' Emile . Rousseau: "Conscience ! Conscience ! Juge infaillible du bien et du mal"
Cette formule de Rousseau, que l'on peut lire dans l'Emile, aborde la question de la conscience dans sa dimensionmorale.
En effet, si comme nous l'avons montré dans l'analyse de la citation de Pascal, la conscience signifie ausens premier « accompagné de savoir », elle prend également un sens moral, et les expressions que nous venonsd'évoquer montrent qu'elle apparaît comme ce sentiment qui pourrait nous permettre de distinguer le bien du mal.Tel est le sens de la formule de Rousseau puisqu'il la qualifie de « juge infaillible ».
Ainsi, la conscience morale serait ce sentiment moral inné que tout homme possèderait.
Il suffit alors d'écouter « lavoix de sa conscience » pour savoir qu'on a mal agi, ou, pour bien juger, de juger « en son âme et conscience ».
Sion peut alors définir l'homme par la conscience, c'est donc aussi en tant qu'être moral ou, en tout cas, en tantqu'être pour qui la question morale se pose.
Pourtant, faire reposer la morale sur un sentiment n'est pas sans poserproblème.
En effet, n'est-il pas possible de faire le mal en toute bonne conscience ?
Comment dans ces conditions Rousseau peut-il soutenir l'infaillibilité de ce sentiment ? Parce qu'un sentiment animele cœur des hommes et caractérise l'humanité : la pitié, sentiment qui le conduit à souffrir au spectacle de lasouffrance de l'autre.
Pourtant, de nombreux événements dans la vie courante et dans l'histoire nous montrent quece sentiment n'est pas toujours présent chez les hommes.
En effet, si on affirme que l'homme est animé par cesentiment, que sa conscience le guide, comment, une fois encore, comprendre la barbarie, la violence, la cruautédont les hommes peuvent être capables ? L'argumentation de Rousseau est double :- si les hommes sont capables de cruauté, c'est parce que la société les a pervertis en faisant naître le vice, lacomparaison et la rivalité ;- l'existence de ce sentiment est avérée par la réalité.
En effet, si la morale ne reposait que sur la raison, cela feraitbien longtemps que l'humanité aurait disparu.
c) Les techniques, nous dit Rousseau, font apparaître de nouveaux besoins.
L'homme ne se contente plus des désirsnaturels, car les techniques repoussent ses besoins au-delà de ses capacités naturelles.
Ainsi, alors qu'à l'état denature il pouvait facilement satisfaire ses désirs (ceux-ci n'étant constitués que de « la nourriture, une femelle et lerepos » comme il l'écrit dans la première partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ), sous l'effet du progrès, ses désirs se complexifient, et ils deviennent de plus en plus difficiles à assouvir. Pour cette raison, il semble bien qu'au lieu de vouloir se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature », ilvaille mieux apprendre à vivre en harmonie avec elle.
En effet, si les malheurs que la technique veut résoudre sontengendrés par la technique, le salut ne peut se trouver de son côté.
De la sorte, il semble bien plus sage de fuir latechnique que de la rechercher.
Transition : Toutefois, cette conception rousseauiste de la nature n'est-elle pas qu'un pur fantasme ? La nécessité d'une limite éthique à la technique. 3..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Faut-il avoir peur de la technique ?
- Faut-il avoir peur de la technique ? (dissert)
- faut-il avoir peur de la technique?
- Faut-il craindre la technique ?
- Faut-il avoir peur de la technique?