Faut-il faire du bonheur le fondement de la politique ?
Publié le 10/11/2012
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Mais alors, ou est le juste milieu ? Quel doit être le rôle de la politique dans la quête du bonheur des
citoyens ? Alexis de Tocqueville a, dès les années 1830, prophétisé l’apparition de l’Etat Providence, le
Welfare State. Il s’agit d’une
prise en charge des individus par l’Etat (notamment par la protection sociale), qui assure aux citoyens la
possession d’un minimum vital. Cette conception peut en effet être une solution au problème du rôle de la
politique dans le bonheur : au lieu de l’imposer ou au contraire de ne pas s’en occuper, la politique devrait
assurer à chacun les bases de son bonheur. En effet, en apportant à chacun le minimum, ils sont dans la
capacité de construire eux-mêmes leur bonheur. On peut donc retourner la thèse de Rousseau : en
apportant aux individus des « petits bonheurs «, et en les rendant désireux, ne sont-ils pas plus en clin à
améliorer leur propre bonheur ? Ils viseraient plus haut, auraient envie de continuer dans leur quête du
bonheur.
«
la rejetteront par le vote.
Bien entendu, ce système ne peut fonctionner qu’en démocratie.
Cet argument
a été vérifié maintes fois dans l’Histoire.
En effet,
sous la monarchie absolue, les citoyens français, non satisfaits de leur condition, ont renversé le
gouvernement en 1789.
A l’inverse, on remarquera la grande stabilité politique durant les Trente
Glorieuses, due à la satisfaction des individus qui ne manquaient de pas grand-chose dans la société de
consommation.
En principe, il faudrait que le bonheur soit le fondement de la politique, mais en pratique c’est un projet
difficile à mettre en place, de par les objectifs premiers de la politique qui pourraient limiter le bonheur et
parce que faire de ce dernier le fondement de la politique pourrait avoir des conséquences négatives.
* * *
Il est pourtant possible de considérer que faire du bonheur le fondement de la politique est un projet trop
ambitieux et difficile à réaliser.
On a montré que le bonheur était un désir universel, car chacun souhaite être heureux ; mais le
bonheur n’est cependant pas universel à proprement parler.
En effet, comme le soutiennent les
nominalistes, il s’agit d’une notion individuelle, qui est donc considérée différemment selon les individus :
le bonheur n’est donc pas unique et applicable à toute l’humanité.
Selon Kant, le bonheur serait un idéal
de l’imagination qui n’est pas de l’ordre de la raison, et qui n’est donc pas universalisable.
Ainsi, chaque
individu a sa propre vision du bonheur : pour l’un on est heureux si l’on est riche, pour l’autre si l’on a un
certain
prestige, ou pour un autre si l’on peut jouir des plaisirs simples de la vie.
Un individu pourrait donc
considérer un autre heureux alors que ce dernier ne se sent pas heureux.
C’est pour cela qu’il est
impossible pour la politique de gérer le bonheur individuel, à moins d’accompagner chacun dans la
quête du bonheur.
Le bonheur est aussi une situation difficile à cerner : quand est-on heureux ? Il est
toujours possible d’être plus heureux encore… Tout ceci rend donc le bonheur inapproprié pour être le
fondement de la politique : il s’agit d’une notion d’ordre individuel alors que le politique vise la collectivité.
Comme défini précédemment, la politique concerne tout ce qui vise l’exercice de l’autorité publique
au sein de la communauté.
Il s’agit donc d’une entité qui cherche à assurer la cohésion des citoyens.
En
vue de remplir ses fonctions, la politique doit donc fixer un certain nombre de règles, de lois et de droits
qui assurent le bon vivre ensemble de la société et font en sorte que les individus ne nuisent pas au
bien-être de leurs concitoyens.
Ces lois interdisent le meurtre, le viol, le vol… et établissent les valeurs et
normes à respecter pour être un bon citoyen, pour assurer le bon fonctionnement de la société.
Le
problème est que tous ces comportements que la politique punit sont du ressort des pulsions, de
passions et quelque fois des plaisirs.
Un certain refoulement des pulsions des
individus est donc requis par la politique, ainsi que certaines de leurs aspirations profondes qui seront
condamnées à ne jamais trouver satisfaction, ce qui place un frein à la quête du bonheur et qui, dans les
cas extrêmes, peut provoquer des névroses, ce qu’a pu constater Freud dans ses consultations.
Aussi,
l’Etat est vu comme le possesseur de la violence légitime (Weber) ; ce qui amène une certaine crainte
dans la société et qui peut aussi limiter le bonheur : les citoyens se sentent menacés, contraints par l’Etat
et ne peuvent donc pas agir de leur plein gré dans le but d’être heureux.
« Le bonheur des uns fait le malheur des autres » : évidemment, tout le monde ne peut pas être
heureux.
Le système politique a tendance à accentuer ce phénomène : en effet, toute communauté est
fondée sur une certaine hiérarchie, a des élites.
Dans la cité de l’Antiquité, seuls les citoyens ont la
possibilité de s’épanouir grâce à la politique (les femmes, les métèques et les esclaves sont exclus de la
vie politique : la prise en compte de leur bonheur n’est pas envisageable).
Au Moyen Age, seuls les.
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