Faut-il faire confiance à l'intuition ?
Publié le 14/05/2012
Extrait du document
«
Il.
Le problème a son importance, car la réponse à faire à la question
(Jrincipale que nous nous sommes posée (quelle confiance mérite l'in ::.uition 1) dépend de la réponse qu'on lui donnera ..
Seule, la véritable intuition mérite une absolue confiance.
En effet, J'erreur peut se glisser dans l'intervalle qui sépare la chose signifiée du
signe par laquelle nous parvenons jusqu'à elle; au contraire, quand la
chose elle-même est donnée directement, il n'y a pas d'erreur possible.
A.
Méritent une confiance absolue parce qu'intuitions véritables : l'in· tuition empirique et l'intuition rationnelle, conçues comme nous les avon~ rléfinies.
a)
L'intuition empirique nous fait connaître les phénomènes, c'est-à-dire
les impressions et les représentations 'que les choses font sur nous.
De ces impressions et de ces représentations, nous n'avons aucune raison de
douter.
Sans doute, il peut y avoir des illusions : je puis croire qu "une cloche sonne alors qu'il y a le silence le plus absolu; un amputé souffre à son
pied qui n'existe plus.
Aussi bien ne disons-nous pas que l'intuition empirique nous fait connaître des choses : elle ne nous fait connaître que des phénomènes ou des représentations des choses.
Il est bien vrai, rians les exemples cités, que j'ai l'impression d'une cloche qui sonne,
de froid aux pieds ...
Un kantien nous dira peut-être que toute intuition empirique est erronée, puisqu'elle nous représente les choses dans l'espace et dans le temps qui, d'après KANT, n'existent pas.
Mais, ici encore, il reste vrai que si leE choses elles-mêmes, qui dépassent la possibilité de l'intuition empirique, sont hors de l'espace et du temps, leur représentation s'étale effective· ment pour nous dans la durée et dans 1 'étendue.
b)
L'intuition rationnelle, qui nous fait percevoir, non pas l'existence de phénomènes réels ou de choses, mais 1 'existence de rapports, mérite aussi une confiance absolue.
S'il s'agit de rapports de fait (j'ai devant
moi un livre), la certitude de cette intuition est du même ordre que
celle de la réalité des phénomènes en rapport (dans l'exemple donné, la
réalité de la représentation du livre).
Pour les rapports de droit (le tout est plus grand que la partie), cette intuition se présente avec une évi dence qui ne laisse place à aucun doute, et si nous voulons la mettre systématiquement en doute, nous constatons que nous devons renoncer à penser.
B.
Au contraire, l'intuition divinatrice ne mérite pas une confiance
absolue et ses trouvailles doivent être contrôlées parce que ce n'est pas une intuition véritable.
a) Tout d'abord, elle ne présente pas les caractères de clarté, d'évidence
cogente et communicable de la véritable intuition.
Tandis que le géomètre peut donner à tout homme cultivé l'intuition rationnelle qui lui permettra de voir la logique d'un théorème, la lecture d'un dossier judiciaire ne donnera pas à tous les juges et à tous les avocats la même intuition.
b) Ensuite, une analyse plus approfondie découvre dans l'intuition divi natrice des éléments discursifs.
Souvent.
on se fonde sur une analogie mtre le problème actuel et des problèmes résolus antérieurement.
Parfois, c'est sur un indice qu'on hasarde une hypothèse.
Le plus souvent, il ~e produit un travail de réflexion et de discussion à demi conscient qui.
»
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