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FAUT-IL ÉVITER LES QUERELLES DE MOTS ?

Publié le 23/10/2012

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 Ne dit-on pas : « Vous vous querellez pour des mots «, « ce sont des querelles de mots «. On signifie par là que de telles querelles n'ont pas de fondement réel, que le désaccord n'est qu'apparent, et qu'il suffirait de s'entendre sur le sens des mots et sur leur emploi pour faire taire toute polémique stérile. Mais les querelles de mots viennent-elles des mots ou des querelles ?
 
 
I. A quoi sont dues les dissensions verbales si ce n'est à un manque de clarté, à une ambiguïté propre au langage ? On se dispute parce que l'acception des mots n'est pas nettement définie, parce que les mêmes mots ou phrases ont souvent plusieurs sens, parfois divergents, voire contradictoires. De là les sophismes et imbroglio. (Tous les appartements pas chers sont rares, tout ce qui est rare est cher, donc les appartements pas chers sont chers.) Il semble qu'il faille incriminer l'essence du langage comme source de confusions. Celle-ci peut être double : lexicale et syntaxique.


« 2 exemple, le mot latin « sacer » signifie à la fois sacré et maudit, cela ne signifie pas qu'il enferme deux sens contradictoires, mais qu'il relate l'ambivalence du concept de « sacré ».

E.

Be nvéniste ( Problèmes de linguistique générale) montre que si un mot est ambigu, c'est qu'il draine deux idées contradictoires.

B) Les quiproquos syntaxiques sont des faits seconds et superficiels.

Ainsi Chomsky (La linguistique cartésienne) dist ingue au sei n de la langue une « structu re profonde » limpide et une « structure superficielle » source de conflits.

L'équivocité se tient à la surface des mots et non dans les mots.

III.

Comment dépasser les querelles de mots ? En effet, si le langage est univoque dans sa structure, il n'en reste pas moins qu'il offre des risques d'ambiguïtés dans ses manifestations.

D'où l'idée d'inventer une langue bien faite qui évincerait ces inconvénients.

C'’est le projet d’Arnaud et de Nicole dans L a logique ou l'art de penser.

Leur programme consiste à créer une nouvelle langue systématique et rigoureuse.

Pour généreuse que soit cette thèse, convenons qu'on ne peut éviter les querelles de mots qu'avec des mots ! C'est pourquoi le positivisme logique propose de ne retenir que l es propositions susceptibles de vérification.

« Le sens d'une phrase réside dans les opérations de sa vérification » "(Carnap, La science et la métaphysique devant l'analyse logique du langage).

Selon le logicien, les mots ne renvoyant pas à une donnée expérimentale sont vides de tout contenu.

Le mot « Dieu » serait vide de sens parce qu'il ne répondrait à aucune observation.

De même s'ils ne se soumettent pas aux conventions logiques, les phrases sont dépourvues de sens.

Carnap prend pour exemple la phrase de Heidegger : « le néant néante ».

Cet énoncé, bien que grammaticalement correct, ne peut se formuler logiquement.

Il n'est ni vrai ni faux, étant dépourvu de sens.

Le logicisme réduit donc les problèmes philosophiques à des problèmes linguistiques.

Mais précisément une telle optique n'est -elle pas métaphysique ? Carnap n'est -il pas condamner à faire de la méta- linguistique pour éliminer les querelles de mots ? IV.

Au demeurant une langue ar tificiellement construite ne repose -t- elle pas sur un faux probl ème : celui d'une précision en soi.

Sommes -nous dans l'obligation d'éviter les querelles de mots en ayant recours à la précision des mots par les mots ? K.

Popper suggère que les questions de mots sont dépourvues d'intérêt.

Pourquoi ? Parce que les mots se servent qu'à exprimer des théories, non à les constituer : une théorie peut être exprimé e dans différentes l angues, et n'a que faire de la « précision en soi » du langage ; la précision exigible varie en fonction de la situation du problème posé, et il est toujours possible d'imposer au langage des conventions lui conférant le degré de précision requis.

Par exemple l'énoncé : « Il existe un esprit personnel omnisc ient, omnipotent et omniprésent » peut être formulé logiquement dans la langue naturelle.

Les querelles de mots sont un faux problème dans la mesure où la langue possède en elle -même les moyens de les surmonter.

Conclusion : Les querelles de mots ne viennent pas des mots mais de la querelle, du plaisir de se quereller pour se quereller.

C'est que dans la dispute, on n'est pas à l'écoute des mots mais de soi.

Il n'est pas surprenant que nous prétextions les querelles de mots pour masquer nos joutes passionnelles.

Les querelles de mots se fondent sur une méconnaissance des mots.

En revanche dans le d ialogue ou la discussion, il n'y a pas lieu d'éviter les querelles de mots parce qu'elles n'existent pas.

« Ne vous laissez jamais entraîner à prendre au sérieux les problèmes portant sur les mots et leur signification » (K.

Popper, L a société ouverte) .. »

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