Faut-il éviter les idées abstraites ?
Publié le 20/11/2012
Extrait du document
«
1) Les idées abstraites passent fréquemment pour être réservées à des intelligences supérieures, seules
capables de les former et de les concevoir.
Qu'on songe par exemple à certaines applications de la physique
quantique que seuls des physiciens de haut niveau paraissent capables de maîtriser, ou bien aux travaux les
plus récents des mathématiciens contemporains que le public même cultivé peine à suivre.
2) Les idées abstraites paraissent obscures et difficiles.
On croit souvent qu'on en abuse pour mieux se
soumettre les esprits profanes auxquels on tient un discours d'autorité, en abusant d'un jargon spécifique à
ses compétences ou à sa spécialité.
Ainsi agirait l'ingénieur de recherche qui se ménagerait de la sorte un
espace de liberté en se gardant soigneusement dans ses propos de laisser prise à la moindre critique.
3) Du point de vue de l'opinion, c'est certainement la philosophie qui constituerait le domaine par excellence
des idées abstraites : celles de sujet transcendantal, d'aporie, de réduction eidétique, d'intentionnalité, de libre
arbitre d'indifférence, et tant d'autres encore.
Mais sur ce point, la philosophie n'a rien à envier aux sciences, au
droit ou à l'économie politique, dont le vocabulaire d'usage est au moins aussi étroitement spécialisé, nous
allons le montrer.
[Conclusion partielle :]
Rien de plus délicat à appréhender que les idées abstraites, qui apparaîtraient sans doute d'autant plus
abstraites à l'ignorant qu'elles lui seraient proprement inaccessibles.
[2ème partie :] En quoi les idées abstraites seraient-elles incontournables ?
1) En réalité, il n'est rien de plus naturel et familier que les idées abstraites.
Le jeune enfant commence à s'en
former dès qu'il se met à penser avec l'acquisition du langage.
Penser, c'est nécessairement abstraire à partir
des mots de la langue qu'on parle, dont les signifiés sont les concepts spécifiques à cette langue.
Déjà
percevoir les choses nous conduit nécessairement à abstraire certaines qualités particulières de ces choses en
excluant d'autres propriétés, ce qui nous permet de les comparer.
C'est ainsi que nous pouvons acquérir une
certaine expérience du monde qui nous entoure, mais aussi nous rappeler le passé que nous avons vécu.
Et
une intelligence humaine qui serait dans l'incapacité d'abstraire, ce que nous pouvons toujours concevoir, mais
qui ne saurait exister, serait une intelligence prisonnière de la pluralité et de la diversité des choses, à laquelle
ne pourrait que toujours se révéler pour elle de la nouveauté, incapable par conséquent de se souvenir et de.
»
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