Faut-il être tolérant ?

Il nous faut supposer que les individus soient libres et responsables de leurs actes, pour pouvoir tolérer qu'ils soient capables d?erreur. En effet, chacun peut se déterminer lui-même par ses actions, et prétendre pouvoir choisir sa vie. Cependant, si quelqu'un fait une erreur, est-il légitime, au nom de la tolérance de ne pas le reprendre et lui dire qu'il a tort ? La tolérance pourrait revêtir cette forme de gentillesse qui consisterait à ne jamais critiquer et à ne jamais reprendre quelqu'un qui commettrait des erreurs, sous prétexte que celui-ci est tout à fait libre de faire ce qu?il veut. Seulement, qu?attendre d?un enfant lorsqu?il a été éduqué ainsi ? S'il n'est jamais repris par ses parents, parce que ceux-ci ne veulent pas le contrarier, il risque fort de devenir un « enfant-roi « ou plutôt un « enfant tyran. « Il n?aurait ainsi aucune limite et penserait pouvoir exécuter ses moindres caprices et les imposer aux autres? Ici, se présente à nous tout ce que cette notion peut comporter de fâcheux. Elle prétend éviter la violence, éviter de contrarier autrui et s?affiche comme un respect ultime de la personne. Mais dans le même temps, lorsqu?elle est appliquée, elle contribue à créer des futurs tyrans, autrement dit, des personnes qui, elles, n'auront aucun respect des autres. Simone de Beauvoir critique ainsi la notion d'un devoir moral tel que la tolérance dans son oeuvre Pour une morale de l'ambiguïté.