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Faut-il être raisonnable pour être libre?

Publié le 17/03/2005

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Néanmoins, selon Descartes, cela constitue une faculté "inférieure" de notre liberté ; la faculté supérieure de notre liberté, c'est celle qui consiste à choisir selon ce que nous prescrit notre entendement, et non l'inverse.   Les deux degrés de liberté ■ Être libre, cela signifie d'abord avoir la puissance d'affirmer ou de nier, de vouloir ou de refuser, sans être déterminé par quoi que ce soit - bref avoir un libre arbitre*. Ainsi, lorsque rien ne me pousse à vouloir une chose plutôt qu'une autre, en l'absence de raisons claires, ma liberté se manifestera par l'indifférence de ma volonté et l'arbitraire de mon choix. ■ Mais cette indifférence, qui révèle un défaut de connaissance plus qu'une perfection de la volonté, n'est que « le plus bas degré de liberté ». Être libre, en effet, ne consiste pas seulement à être indépendant, déterminé par rien, mais aussi à développer sa propre nature. Or l'homme a une nature rationnelle, créée par Dieu. Notre volonté est donc destinée à s'accomplir dans la reconnaissance du vrai, et notre nature à y trouver son épanouissement. ■ Je serai donc d'autant plus libre que j'aurai des raisons évidentes d'agir et que je ne serai jamais indifférent. Si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer, ma volonté agirait avec facilité, sans hésitation, en pleine lumière. Liberté et vérité ■ Mais si je suis d'autant plus libre que je me soumets à l'évidence et au bien, que devient le pouvoir de se déterminer par soi-même ?

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-Etre libre, c'est être indépendant de toute détermination extérieure.

-Or, nos comportements sont naturellement déterminés par les objets de nos sens ; il devient donc manifeste que la liberté implique l'intervention d'une puissance capable de renverser l'influence de nos sens : cette puissance, c'est la raison.

-Ainsi, la liberté implique-t-elle la raison pour que son exercice même devienne possible ? Ou bien la liberté excède-t-elle en amont toute tendance raisonnable ?

« Je serai donc d'autant plus libre que j'aurai des raisons évidentes d'agir et que je ne serai jamais indifférent.

Si jeconnaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer, mavolonté agirait avec facilité, sans hésitation, en pleine lumière. Liberté et vérité Mais si je suis d'autant plus libre que je me soumets à l'évidence et au bien, que devient le pouvoir de sedéterminer par soi-même ? Le libre arbitre n'est-il pas anéanti par la splendeur contraignante de la vérité ? Non, car l'évidence ne contraint pas la volonté, le libre arbitre ne disparaît pas devant l'évidence, il est seulement« incliné » à donner son assentiment, mais sans nécessité.

Car absolument parlant, il peut le refuser, en préférantl'affirmation de son indépendance à la vérité.

L'homme est donc méritant de reconnaître le vrai, car il pourrait en détourner son attention.

C'est librement quel'homme accomplit sa nature en développant sa raison, et librement qu'il peut déchoir.

Et si réaliser sa nature, c'estdevenir vraiment libre, on doit dire que c'est librement que l'on devient libre.

En disant que le péché lui-même estune erreur, Descartes ne disculpe donc personne, il fait plutôt de l'erreur une sorte de péché contre soi-même.

III.

La liberté, c'est faire le choix d'assumer sa liberté originelle, endeçà de toute considération rationnelle (Sartre).

La raison implique de faire un choix, à l'issue d'une délibération argumentée,entre diverses options possibles ; ce choix est déterminé par la force plus oumoins grande des arguments proposés.

Or, dans le cas de la liberté, nulledélibération n'est en jeu, il s'agit toujours-déjà de se choisir selonl'assomption ou non de sa propre liberté, qui met en jeu l'expérience non-rationnelle de l'angoisse, véritable expérience-limite à travers laquelle laconscience fait face à son néant constitutif.

L'on ne choisit pas la liberté parraison, mais par orientation existentielle fondamentale, entre l'authenticité etl'inauthenticité.

"En fait, nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pasd'être libres nous sommes condamnés à la liberté." Sartre, L'Être et le Néant,1943. Pour Sartre, l'essence de l'homme se confond avec la liberté.

L'existencehumaine est sans justification et il appartient à l'homme et à l'homme seul dedonner un sens à sa vie.

Cela signifie que si l'homme est dans ses choixfoncièrement libre, il n'en est pas moins souvent déterminé par des circonstances extérieures qui limitent sa libertéfondamentale.

En fait, la liberté est à la fois une des structures de la conscience humaine et une réalité àconstruire, car on n'est libre qu'en choisissant.

La tâche du Pour-soi est de s'arracher à lui-même. Conclusion -La liberté semble impliquer la raison, puisque celle-ci prête la forme pure de son activité à la volonté, pour pouvoirrendre celle-là possible.-Or, la liberté se révèle comme une puissance indépendante de toute rationalité ; c'est pourquoi faire le choix de laliberté ne constitue pas en soi un choix rationnel, mais un choix existentiel.-Il faut donc moins être raisonnable pour être libre, qu'être libre pour être raisonnable, c'est-à-dire assumer sapropre liberté pour pouvoir agir selon une conduite responsable et authentique.. »

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