Faut-il être naturel ? Faut-il garder son naturel ?
Publié le 20/09/2012
Extrait du document
Le conseil « Sois naturel « peut signifier « Retourne à une vie plus
simple«, c'est-à-dire prends le temps de faire remonter en toi ce que tu es
vraiment, «Connais-toi toi-même«. Et cela ne peut se faire dans le bruit
et la cohue des grandes villes. Il faut savoir parfois s'arrêter. « La vitesse,
dit le cinéaste allemand Wim Wenders, c'est l'arrêt de la pensée. Plus tu
vas vite, plus tu penses lentement. « L'homme occupe une place particulière
dans la nature, en ce sens qu'il est le seul à pouvoir innover pour
échapper au déterminisme strict et faire surgir sa liberté.
«
CORRIGÉ
[Dissertation rédigée]
[Introduction]
Toute la philosophie nous explique combien il fut difficile pour
l'homme de s'extraire de l'état de nature afin
de devenir vraiment
homme.
Contrairement
à l'animal, dont la nature est une et achevée,
entièrement déterminée par des besoins strictement vitaux, l'homme
se
caractérise par une nature divisée entre la sensibilité et la raison, et par la
possibilité de dépasser
sa nature animale en développant sa raison.
L'homme apparaît comme l'être de la non-immédiateté :
à la réponse
imposée, il substitue des réponses inventées.
Que signifie alors cette injonction :
« Sois naturel » ? Un retour à cet
état dont l'homme a eu tant de mal
à sortir? Un conseil qui indique qu'on
s'est trop éloigné de la nature, que le culturel a étouffé notre sensibilité?
Nous allons tâcher de comprendre ce conseil.
[1- L'homme ne peut pas se réaliser à l'état de nature]
L'état de nature n'est pas un état historique, mais un état mythique,
idéologique, qui sert d'hypothèse de travail.
C'est
un état que l'on
découvre en l'analysant par la réflexion afin
de nous faire mieux com
prendre l'homme social, l'homme actuel.
Pour Rousseau, par exemple, bien comprendre l'homme et la société,
c'est distinguer, sous nos comportements sociaux, l'homme naturel,
l'homme tel que
l'a formé la nature, sans tous les artifices culturels qu'il
n'a pu acquérir qu'après de lents progrès.
L'homme naturel vivrait dans
un état paradisiaque, heureux, dans
un état de bonté morale (cf.
sujet 2,
texte de Rousseau : « La pitié est naturelle à l'homme » ).
Cependant, à l'état de nature, l'homme ne peut pas réaliser ses poten
tialités : il possède la raison, mais une raison endormie, qu'il ne sait ni
exercer, ni développer.
Pour répondre à sa vocation humaine, l'homme ne
peut
se contenter de vivre dans cet état naturel.
C'est en devenant un être
social que l'homme va développer sa perfectibilité : raison, langage,
conscience, moralité.
C'est ainsi que l'homme sort de l'état de nature et
qu'il peut s'élever
à la moralité.
[Il -La civilisation se retourne-t-elle contre l'homme ?]
Nous venons de voir que l'homme, à travers toute l'histoire, n'a eu de
cesse de s'arracher à la nature.
« Sois naturel » semble un conseil insensé,
car la culture humaine est l'ensemble des institutions qui ont pour but
d'empêcher le retour, dans l'homme lui-même, de l'animalité niée.
Tout.
»
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