Faut-il être cultivé pour apprécier l'art ?

Il n’est certes pas évident de saisir d’emblée ce sur quoi reposerait notre appréciation de l’art ni de définir ce que peut signifier apprécier l’art. Il se pourrait même que l’art soit justement ce domaine de l’expérience qui soit à la fois le plus rebelle à toute définition précise et qui ne requiert pas de formation particulière. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on entend par art. Mais là encore une définition ne pourra-t-être que provisoire tant ses formes sont multiples. Il reste toutefois que l’on peut difficilement détacher l’art de la notion de beauté et l’on devra par là peut-être adopter une compréhension minimale de ce que peut signifier apprécier l'art : l’être sensible à la beauté des oeuvres. Ce serait donc de notre capacité à saisir la beauté que contiendraient les oeuvres qu’il s’agirait. Mais nous  pouvons déjà remarquer que nous saisissons la beauté autant qu’elle nous saisit. Ainsi, l’appréciation de l’art résulterait toujours d’une rencontre, d’un événement. Ceci aurait pour conséquence que si nous pouvons toujours nous y préparer, cette rencontre doit en même temps toujours nous prendre au dépourvu. La culture que nous devrions alors envisager serait celle qui nous prépare à cette rencontre avec une beauté qui nous révèle à nous-mêmes autant que nous la reconnaissons. Il s’agirait alors d’envisager une culture de l’étonnement, celle qui nous mettrait à la disposition d’une beauté toujours à venir.