Devoir de Philosophie

Faut-il douter des données que la conscience nous fournit ? (ou Méfiance et Conscience)

Publié le 09/01/2011

Extrait du document

conscience

Sartre: le garçon de café

La psychologie des profondeurs chez Lacan et Jung: Suis-je moi, ou suis-je soi ?

Conscience humaine et entéléchie

 

1. Conscience et confiance 2. Les illusions de la conscience 3. Conscience et réflexion

conscience

« La psychologie des profondeurs chez Lacan et Jung: Suis-je moi , ou suis-je soi ? II. Il faudrait être plus clair à présent, et distinguer dans un premier temps, le je du moi .

La conscience est précisément ordonné par un je, il est l'actant de ce retour sur moi, entendons ici que c'est lui qui produit cette courbe réversible qui se dirige vers moi .

Dans la conscience, je a conscience de moi .

Le sujet de la conscience, c'est donc le je, là où l'objet de cette conscience, c'est précisément le moi .

Mais qu'est-ce que cache ce moi à vrai dire? Que signifie ce mot? On remarque déjà qu'il s'agit d'un et d'un seul mot renvoyant donc logiquement à une etune seule entité.

En ce sens, le moi me permet d'avoir une unité (qui me rendra par ailleurs reconnaissable auprèsdes autres).

Comme le rappelle le psychanalyste Jacques Lacan, l'enfant n'a pas spontanément une image unitairede lui, il se vit au préalable comme dispersé.

En effet, jusqu'à l'âge de 6/18 mois, l'enfant vit l'angoisse dumorcèlement.

Cela se répercute dans son appréhension de certains évènements.

Ainsi, l'enfant qui tape dit êtretapé, il pleure lorsqu'il voit un autre tombé, précisément à cause de ce problème d'unité.

Lorsqu'il se retrouve face àun miroir, il voit d'abord dans son reflet un autre que lui.

Puis progressivement, et dans un mouvement dialectique, il acquiert la conviction qu'il ne s'agit pas d'un être réel, mais bien d'une image, un image qu'il finit par reconnaîtrecomme étant la sienne.

Il s'identifie ainsi à travers un image comme entité doué d'une certaine unité, et c'estprécisément cette identification qui génère le moi.

Le je s'identifie à ce moi qui n'est qu'une image, soit une réduction de ce que je suis réellement . Ainsi n'ai-je jamais véritablement accès à ce que Lacan appelle le Sujet de la vérité , soit ce que je suis réellement: je butte sur l'image que constitue le moi.

La conscience est donc trompeuse parce qu'elle m'amène sur les rivagesde ce que je suis réellement, sans jamais pour autant atteindre l'être que je suis véritablement, sans jamaisatteindre le réel: le moi n'est jamais que l'image que le je se fait de lui-même, et non ce qu'il est réellement .

Mais qu'est-ce que cet être réel que je suis? Le psychanalyste Carl Gustave Jung l'appelle le Soi .

Mais, cela est évident, je n'ai pas un accès direct au Soi, il me faut amener le moi en sa direction, et pour cela défaire l'image inadéquate qu'il représente.

Il s'agit alors de se défaire de la facticité des moi que j'endosse tours à tours (je ne suis pas moi,du moins pas cette image à laquelle je m'identifie et qui est toujours partielle et parcellaire).

Pour reprendrel'exemple précédent, je ne me réduis pas à un garçon de café, je ne me réduis d'ailleurs pas à ma profession, ni àl'image que les autres peuvent se faire de moi.

A propos de ce masque que j'endosse en société, Jung parle depersonna , soit cette fausse identité auquel notre garçon de café s'identifiait.

Il faut ainsi renoncer à cette galerie de portraits que les autres constituent à notre place, renoncer à être l'ambition frustrée de ses parents, l'amimodèle, la réponse adéquate à chaque demande affective de notre entourage.

Attention cependant puisque lavérité pour la psychanalyse n'est pas alethèia , c'est-à-dire dévoilement: le Soi n'est pas ce qui figure derrière le masque de la personna .

L'idée est que je suis réellement n'est pas préalablement unifié, mais plutôt dispersé, explosé en une constellation psychique à conquérir; j'existe d'abord comme être divisé, comme personna , comme anima (partie féminine de la psychè), comme inconscient individuel (lié à mon histoire personnel) et collectif (soit celien inconscient entre tous les êtres)...

Pour devenir véritablement un individu, il ne s'agit donc pas simplement detraverser le stade du miroir, mais bien d'aller plus loin, et d'intégrer cette multitude de facettes de mon être.

Ceprocessus d'intégration participe à ce que Jung appelle l' individuation . Il faut donc se méfier de la conscience car elle peut participer à un processus réducteur où le je se perd dans l'image qu'il constitue de lui-même ou que les autres le poussent à constitue r.

Ce processus peut se nommer un processus de réification ( res en latin signifie chose), un processus où je me chosifie, je deviens non pas un individu mais bien une chose.

Il faut donc aller plus loin, il s'agit d'intégrer tout ce que mon être est véritablement, et ne passe limiter à telle ou telle facette.

On a bien évidemment conscience que cette intégration n'est jamais évidentepuisqu'elle peut participer à une déstabilisation du je et même le conduire à la folie.

Il s'agit donc de se défaire des fausses identification et comprendre que la conscience intégrale n'est pas donnée mais bien à gagner , à acquérir au cours d'un combat toujours délicat qui mène à être soi-même.

Conscience humaine et entéléchie III. Il s'agit un instant de constater à quel point la conscience est une faculté proprement humaine.

Aujourd'hui, de partles diverses découvertes en éthologie animale, nous savons que nous ne sommes pas les seuls à bénéficier de ceprivilège (le dauphin par exemple, ou les grands primates en sont capables).

Cependant, la conscience humainefigure encore à ce titre comme la plus aboutie.

Ainsi, si nous avions à charge la tâche difficile de décrire l'espècehumaine dans ses traits essentiels, soit ceux qui font qu'elle est ce qu'elle est, nous pourrions dire que laconscience arrive largement en tête de liste! Il faut saisir que ce point est fondamental, puisque la consciencedécoule précisément d'un « décrochage » par rapport à l'action.

En effet, la plupart des espèces animales sont immergés dans leur activité .

L'ensemble du réel ne prend forme, s'agence et est mis en perspective, en fonction des besoins, des nécessités vitales de l'organisme.

Ainsi, pour reprendre les fameux travaux de Von Uexküll, le tique vitdans un monde appauvrit qui se réduit à l'espace du biotope où elle demeure en posture d'attente, et le captagedes follicules sébacées émanant des mammifères.

L'éthologue nous explique ainsi que cet hématophage vit dans unmonde appauvri certes, mais ceci est la condition de réussite de son action. Son espace est réduit à des points stratégiques qui rendent efficient sa capacité à survivre dans l'environnement . Bien évidemment, le monde d'un chien est moins réduit si l'on peut dire que celui d'un tique, bien qu'il soit encoreentièrement mis en perspective par ses propres besoins et satisfactions.

En somme, la perception des êtres est directement liée à l'action : est vu ce qui permet une action efficiente, le reste est simplement inexistant.

Regardons. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles