Faut-il dire de l'homme qu'il est libre ou qu'il se libère ?
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
L'homme, en tant qu'être conscient, a le sentiment d'être libre. Mais ce sentiment est, en fait, illusoire. Il résulte de l'ignorance. Car l'homme est soumis à des déterminismes naturels, sociaux, psychologiques. Il faut donc dire de l'homme non qu'il est libre, mais qu'il se libère. La liberté s'acquiert par la maîtrise de la nature (de ce point de vue, le développement des sciences et des techniques a donné à l'homme un grand pouvoir); par la maîtrise du développement économique et social; par la maîtrise de soi (dominer ses passions, chercher à mieux connaître son inconscient). La liberté se conquiert donc. Elle est le pouvoir d'agir fondé sur la connaissance des déterminismes qui s'exercent sur nous.
1) La liberté comme essence de l'essence inaliénable
2) Nous sommes condamnés à être libres (Sartre).
3. La liberté est à la fois donnée et ordonnée.
«
tout, que pourra-t-on me restituer en échange ? Ce contrat est un contrat de dupe.
Je renonce à tous mes droits,je les donne à une autre qui en use à sa guise.
Qu'aurais-je à réclamer contre lui ? Que pourrais-je faire s'il veut menuire ? « C'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue et de l'autre une obéissance sans borne.
»
Renoncer à ma liberté revient à promettre d'obéir inconditionnellement à un autre, donc à me considérer comme unsimple instrument, un simple objet, une chose dont l'autre peut disposer à sa guise.
Or, vouloir être un objet, unesclave, est impossible Je n'abdique pas alors simplement mes droits, mais que je renonce aussi à mes devoirs, queje me détruis comme être moral.
Si celui auquel j'ai promis d'obéir m'ordonne de faire une action que je juge atroce,de deux choses l'une, ou bien j'obéis, mais alors j'abdique tout jugement, me considère comme une machine, et menie comme être moral, je ne suis alors (à mes propres yeux) qu'un instrument animé, ou bien je refuse d'obéir etdans ce cas je fais éclater au grand jour que ce contrat de soumission est intenable, que je n'ai jamais puvéritablement vouloir obéir inconditionnellement.
Ne pas être libre signifie ne pas accomplir sa volonté mais celle d'un autre.
Or, Rousseau montre que la liberté définit l'homme comme tel, et que nul e peut vouloir renoncer à sa liberté, cad nul ne peut vouloir véritablement sesoumettre.
Ce serait « renoncer à sa qualité d'homme », vain & contradictoire : autant dire qu'un homme voudraitdevenir un esclave, un instrument, une chose.
L'importance de la conception de Rousseau n'est donc pas tant de montrer que l'homme est naturellement libre que d'affirmer que cette liberté est inaliénable, et doit perdurer sous leslois, sous le pouvoir.
La liberté ne s ‘échange pas, on n'échange pas tout contre rien.
Sont ainsi disqualifiées toutesles théories qui, sous couvert d'assurer à l'homme sa sécurité, sa simple survie biologique, le privent en réalité del'essentiel.
Cette sécurité est illusoire, cette survie est dégradante, en tant qu'elle transforme l'homme en chose etle prive de toute moralité.
En ce sens, La pensée de Rousseau se veut libératrice : « Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir ; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leurabrutissement. »
Rousseau anticipe sur le premier article de la « Déclaration des droits de l'homme » : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Faire ainsi éclater l'illégitimité de toute forme d'esclavage ou de soumission impose de penser une forme d'Etat où laliberté soit préservée.
Mais Rousseau nous contraint aussi à nous interroger sur toutes les formes de servitude volontaire, celle où les hommes « perdent tout dans les fers, jusqu'au désir d'en sortir ».
(Et les formes contemporaines, comme le totalitarisme, imposent sans doute de repenser la question à nouveaux frais).
2) Nous sommes condamnés à être libres (Sartre).
« Dostoïevski avait écrit : « Si Dieu n'existait pas, tout serait permis ».
C'estlà le point de départ de l'existentialisme [...].
Autrement dit, il n'y a pas dedéterminisme, l'homme est libre, l'homme est libéré.
Si, d'autre part, Dieun'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordresqui légitimeront notre conduite.
Ainsi, nous n'avons ni devant nous, ni derrièrenous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou desexcuses.
Nous sommes seuls, sans excuse.
C'est ce que j'exprimerai en disantque l'homme est condamné à être libre.
»SARTRE.
Dans « L'existentialisme est un humanisme », tirant les conséquences «morales » du principe existentialiste : « L'existence précède l'essence »,Sartre en conclut que nous sommes radicalement libres, et par suiteradicalement responsables.
Si « nous sommes condamnés à être libres », c'estque nous devons assumer une liberté que nous n'avons pas choisie, mais quinous définit.La philosophie de Sartre est un philosophie de la liberté, dont les prémissesreposent sur la fameuse formule : « L'existence précède l'essence ».La conséquence la plus immédiate de ce principe est que « l'homme n'est riend'autre que ce qu'il se fait ».
Nous sommes tout entier liberté, libres –dans leslimites de notre condition, de notre situation- de nous faire.
Aucune naturehumaine, aucun destin ne dicte notre conduite.
La liberté est ici l'absence de norme qui préexisterait à notre action.Or, cette conscience de notre liberté ou de notre totale responsabilité peut provoquer soit l'angoisse qui s'emparede nous face à cette responsabilité, soit toutes les conduites de « mauvaise foi » qui visent à nous dissimuler cetteliberté, à nous démettre de nos responsabilités en accusant le destin, les circonstances, ou la pression d'autrui.C'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres.
»Bien saisir la conception sartrienne de la liberté, de l'angoisse et de la mauvaise foi, présuppose que l'on ait saisi ceque signifiait : « L'existence précède l'essence ».Tout objet fabriqué a d'abord été conçu.
Pour reprendre l'exemple de Sartre, un coupe-papier est un objet fabriqué.
»
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