Faut-il dire avec Paul Valéry que la conscience règne mais ne gouverne pas?
Publié le 05/03/2005
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Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là. Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre. Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet. Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins. Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces. L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux « (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs «, pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma. L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui bousculent et négligent ces règles. Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales que j'accepte. « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison « signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme.
Gouverner son existence signifie avoir une totale maîtrise de tous les élèments qui la constituent. Ce n'est jamais le cas. La conscience règne sur les passions, mais ce n'est pas elle qui les fait naître. MAIS, avoir conscience, c'est connaître. Connaître, c'est maîtriser. tout ce dont j'ai conscience peut donc être soumis à ma volonté. Je gouverne en maître absolu ce qui entre dans le champ de ma connaissance.
«
• De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agitele patient.Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et necontrôle pas , puisse recouvrer sa liberté.En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud.
Il y a en moi un autre ,un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.
Je subis un conflit dont je n'ai pasconscience, qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.
En ce sens je suis un être passif et agi,qui n'a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.
Le but de la cure est de faire en sorte queje prenne conscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.
Au lieu de subir ce que je neconnais pas, je choisirai en toute conscience.
Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il yaura le choix d'un sujet maître de lui-même.Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.
« Dans lecours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».
Avec Copernic,elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.
Avec Darwin, elle est en train de montrer quel'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale.Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité étaitnaïf et erroné.
C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée, devant l'Inquisition en 1633.C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.
Les hommes refusent ce qui lesblesse et y opposent une farouche résistance.
Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à lamégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'estseulement pas maître dans sa propre maison.
»L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient quile pousse à agir malgré lui.
Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rendpassif, ce déchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse.
La connaissance de soi assure la maîtrise de soi côté, en effet, de la maîtrise sur les choses, du pouvoir politique et social, ne peut-on parler d'une maîtrisede soi et d'un pouvoir sur soi? Et que désignent-ils exactement ?Maîtriser un processus, c'est organiser une stratégie vitale pour soumettre à une force ce processus.
Or,qu'est-ce que le « soi» ? C'est le sujet lui-même, la conscience du sujet.
Ce sujet, cette conscience exigentune maîtrise ou un pouvoir, l'exercice d'une force.
Pourquoi? Parce que le « soi », s'il n'est pas maîtrisé, nepeut que se perdre dans le chaos ou le vide, dans l'écoulement incessant des pulsions, des désirs ou despassions.
Si je n'agis pas sur le « soi », alors je me perds moi-même, je m'égare.
Le soi s'écoule, pris dans unflux et un flot irrationnels.
Qu'est-ce donc qu'être maître de soi ? N'est-ce pas d'abord se saisir, se connaître,appréhender ses passions, mesurer leur impact et leur sens, les interpréter et les comprendre? N'est-ce pasparcourir le champ qui va de l'opaque au transparent? Spinoza nous le dit fort bien: une passion cesse d'êtreune passion quand nous en formons une idée claire et distincte.
Dès lors, être maître de soi, n'est-ce pas seconnaître de mieux en mieux, forger des idées adéquates du soi, interpréter le sens de nos conduites, commed'ailleurs le montre Freud, rejoignant Spinoza?
La conscience est unifiantePar-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique.Le vécu peut se présenter sous des formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voireidentiques, peuvent être différentes, mais en dépit de ces différences, il s'agit de mon expériences, de monvécu.
La multiplicité ne prend sens que sur fond d'unité de la conscience.
Ainsi Descartes, dans la « DeuxièmeMéditation » reconnaît qu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination,la sensibilité.
Mais ces facultés sont toutes déduites à partir de l'unité du cogito.
La conscience s'apparaîtdonc à elle-même comme fondamentalement unique & identique.
Elle joue comme pouvoir unificateur.
C'estcette unité de la conscience qui assure l'accès à la personne.
Kant écrit :.
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