Devoir de Philosophie

Faut-il désirer l'impossible ?

Publié le 26/04/2014

Extrait du document

Faut- il désirer l'impossible ? Du désir d'un carre de chocolat, au désir sexuel en passant par celui de devenir milliardaire, il semble que désirer c'est tendre consciemment vers ce que l'on aimerait posséder, en ressentir le manque comme une privation ou une gène a notre bien être. Mais le désir est aussi a l'origine de l'action et du plaisir car il n'y a pas d'action, sans que directement ou indirectement, on l'ai désirée, et pas de plaisir sans un désir qui m'a fait précédemment me voir l'objet comme un moyen de satisfaction. Or, la définition de l'impossible est quelque chose d'irréalisable, d'inaccessible voir même d'inexistant et donc représente au contraire ce qui ne se possède pas. Doit-on alors souhaiter posséder ce qui est hors de notre portée ? Pourquoi désire-t-on l'impossible et qu'est ce que désirer l'impossible ? Le désirer n'est-ce pas se condamner au malheur et a l'insatisfaction permanente ? Ou au contraire, est-ce utile voir nécessaire a l'existence humaine ? Le problème soulevé concerne donc l'attitude a adopter face a un double probleme : celui qui consiste a ne pas maitriser ses désirs, a leur laisser libre court dans le bon comme dans le mauvais, ou celui qui consiste a ne désirer que ce qui est afin d'éviter les désastres auxquels le désir peut mener. C'est pourquoi nous verrons d'abord que désirer l'impossible est dans la nature même du désir puis que la quête de l'impossible peut conduire au désastre s'il ne dépend pas de nous afin de se demander s'il n'est pas préférable de desirer ce qui est digne d'être désirer. Désirer l'impossible c'est tendre vers l'inaccessible, c'est se livrer a une pulsion, une énergie créatrice qui ne se limite pas aux objets présents mais qui concerne tout ce que notre esprit peut imaginer, que cela soit possible même si c'est peu probable (désirer devenir milliardaire) ou une chimère, a jamais inaccessible (désirer décrocher la lune). Contrairement au besoin qui a une notion de nécessite vital et qui est un acte répétitif, mécanique, qui reste du domaine du possible (j'ai faim, je mange, je n'ai plus faim), dans le désir il y a une notion insatiable qui cherche toujours plus afin de combler le manque qui l'accable, que cela soit dans le fantasme ou l'imaginaire. Ce désir est toujours renaissant puisque « le désir satisfait fait aussitôt place a un nouveau désir » (Schopenhauer). C'est a dire qu'il n'y a rien qui puisse satisfaire complètement le désir au point de nous faire cesser de désirer. Par conséquent, le désir ne peut jamais s'apaiser, si bien qu'on désire toujours l'impossib...

« n’est -ce pas s’exposer a la souffrance et la frustration ? Le désir d’impossible qui semble tout d’abord incarner la libert é, le courage et l’émancipation des interdits sociaux, n’est il pas un désir ali ène et esclave de lui -même ? Ne sommes -nous pas des êtres de raisons ? Ne serait -il donc pas contradictoire avec notre nature de se livrer a des désirs déraisonnables. En effet, si le désir est impossible cela signifie qu ’il n’est pas ancre dans le réel, et comme dit Kant « le réel ne contient que le possible » et donc que ce qui est envisageable. Or il n’est pa s réaliste de désirer l’immortalit é, de devenir milliardaire dans la seconde ou de voyager dans le temps. S’abandonner a ce genre de désir ce serait adopter un comportement déraisonnable, contraire a la logique et a notre nature. De plus, comme le dit Ep icure, le plaisir est notre référence, cela entend que nous somme des être de plaisir, fuyant la souffrance et le malheur. Désirer l’impossible, c’est alors prendre le risque de s’exposer la frustration, a la souffrance et sombrer dans la dépression car no tre but serait toujours hors de portee et donc incompatible avec le bonheur. En effet la puissance du désir réside dans sa propre frénésie et non dans la capacit é de se réfréner. Pour illustrer cette idée, Socrate recourt a l’image d’un tonneau perce qui laisse fuir tout ce qu ’il contient. Tout coulerait donc dans l’ame dont rien ne pourrait étancher sa soif de désir. Dans ce cas, ne pas désirer l’impossible peut avoir pour fin de nous prot éger de la déception en nous évitant de nous confronter a la réalit é ou on n’atteindrait jamais notre désir. Au contraire, la qu ête du possible est source de bonheur et de sagesse .

D’apr ès le Epict ète, le désir appartient aux « choses qui dépendent de nous », ce qui signifie que nous pouvons avoir un pourvoir sur lui grâce à notre volont é.

Il faut avoir constamment présent à l’esprit la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas, puis s’efforcer de ma îtriser ce qui est à notre port ée et accepter ce qui ne l’est pas. Ainsi, désirer l’impossible, c’est désirer ce qui ne dépend pas de nous. Le désir authentique n’est pas le désir de l’impossible mais le désir du possible, c’est -à-dire de ce qui est à notre port ée et rel ève de la volont é, du jugement, de notre pouvoir d’assentiment. La sagesse consiste ainsi à ma îtriser nos désirs, en poursuivant seulement des désirs possibles, qui peuvent être réalis és, et en renon çant à tous les désirs impossibles, qui sont irréalisables. C’est la seule mani ère d’atteindre le bonheur. Socrate portera également une critique sur la conception illusoire que l’homme du désir le fort est sup érieur (Callicles) n’est en réalit é que l’esclave de son désirs, des ses ambitions et de ses passions auquel il opposera la ma îtrise de soi du sage, qui règle son existence selon a raison. L’ali énation du désir viendrait du fait que l’homme devient esclave de lui -même et dépendant de ses désirs, il n’a ni bonheur, ni libert é.

On a par exemple la figure du désir ali ène de Don Juan qui désir l’impossible sous la forme de l’éternel féminin. Derriere la séduction de chaque femme réel, ce qu ’il souhaite c’est rendre hommage a toute les femmes. Aucune femme n’est l’objet de son désirer. Ce qu ’il aime c’est la chasse et non la prise, c’est le désir et non la satis faction, c’est le désir de désirer. Une fois qu ’il a conquis une femme, l’objet de son désir s’éteint et il s’en désint éresse avant d’en désir une autre. Ainsi Don Juan désire le désir. La séduction du beau sexe n’est que la figure du désir de désir. D’un cote il incarne l’homme qui ne peut cesser de désirer sans mourir, mais de l’autre il reste enferme en lui -même. Il ne peut être lui -même car il se perd dans ses désirs et donc ne peut se reconnaitre. Il a besoin de dresser un catalogue de ses conqu êtes po ur se retrouver er se méprend même en séduisant de nouveau des femmes qu ’il avait des conquis (Elvire, sa propre épouse). Si le désir illimit é nous a d’abord sembl é incarner le désir libre et authentique par excellence, il s’est révélé par la suite comme un désir creux, ali éné, malheureux : l’homme est esclave de lui -même et vit sous le régime de la passion et de la frustration permanente. Mais dans ce cas la, s’il ne faut ni se livrer a ses désirs, ni renoncer a son désir d’impossible et désirer ce qui dépend de nous cela ne risque -t-il pas d’entrainer une discipline trop stricte du désir et de porter atteinte à la sph ère pratique ? Le désir de l’accessible n’est -il pas contradictoire avec la nature du désir ? Presente ainsi, il semble que désirer l’im possible ne soit pas vraiment désirable, et que le désir maitrise fasse pale figure face au désir intemp érant : le désir du sage,n ’est -il pas conformiste. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles