Faut-il désirer l'impossible ?
Publié le 26/04/2014
Extrait du document
«
n’est -ce pas s’exposer a la souffrance et la frustration ? Le désir d’impossible qui semble tout
d’abord incarner la libert é, le courage et l’émancipation des interdits sociaux, n’est il pas un désir
ali ène et esclave de lui -même ?
Ne sommes -nous pas des êtres de raisons ? Ne serait -il donc pas contradictoire avec notre
nature de se livrer a des désirs déraisonnables. En effet, si le désir est impossible cela signifie qu ’il
n’est pas ancre dans le réel, et comme dit Kant « le réel ne contient que le possible » et donc que
ce qui est envisageable. Or il n’est pa s réaliste de désirer l’immortalit é, de devenir milliardaire dans
la seconde ou de voyager dans le temps. S’abandonner a ce genre de désir ce serait adopter un
comportement déraisonnable, contraire a la logique et a notre nature.
De plus, comme le dit Ep icure, le plaisir est notre référence, cela entend que nous somme
des être de plaisir, fuyant la souffrance et le malheur. Désirer l’impossible, c’est alors prendre le
risque de s’exposer la frustration, a la souffrance et sombrer dans la dépression car no tre but
serait toujours hors de portee et donc incompatible avec le bonheur. En effet la puissance du désir
réside dans sa propre frénésie et non dans la capacit é de se réfréner. Pour illustrer cette idée,
Socrate recourt a l’image d’un tonneau perce qui laisse fuir tout ce qu ’il contient. Tout coulerait
donc dans l’ame dont rien ne pourrait étancher sa soif de désir. Dans ce cas, ne pas désirer
l’impossible peut avoir pour fin de nous prot éger de la déception en nous évitant de nous
confronter a la réalit é ou on n’atteindrait jamais notre désir.
Au contraire, la qu ête du possible est source de bonheur et de sagesse .
D’apr ès le
Epict ète, le désir appartient aux « choses qui dépendent de nous », ce qui signifie que nous
pouvons avoir un pourvoir sur lui grâce à notre volont é.
Il faut avoir constamment présent à l’esprit
la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas, puis s’efforcer de ma îtriser
ce qui est à notre port ée et accepter ce qui ne l’est pas. Ainsi, désirer l’impossible, c’est désirer ce
qui ne dépend pas de nous. Le désir authentique n’est pas le désir de l’impossible mais le désir du
possible, c’est -à-dire de ce qui est à notre port ée et rel ève de la volont é, du jugement, de notre
pouvoir d’assentiment. La sagesse consiste ainsi à ma îtriser nos désirs, en poursuivant seulement
des désirs possibles, qui peuvent être réalis és, et en renon çant à tous les désirs impossibles, qui
sont irréalisables. C’est la seule mani ère d’atteindre le bonheur.
Socrate portera également une critique sur la conception illusoire que l’homme du désir le
fort est sup érieur (Callicles) n’est en réalit é que l’esclave de son désirs, des ses ambitions et de
ses passions auquel il opposera la ma îtrise de soi du sage, qui règle son existence selon a raison.
L’ali énation du désir viendrait du fait que l’homme devient esclave de lui -même et dépendant de
ses désirs, il n’a ni bonheur, ni libert é.
On a par exemple la figure du désir ali ène de Don Juan qui
désir l’impossible sous la forme de l’éternel féminin. Derriere la séduction de chaque femme réel,
ce qu ’il souhaite c’est rendre hommage a toute les femmes. Aucune femme n’est l’objet de son
désirer. Ce qu ’il aime c’est la chasse et non la prise, c’est le désir et non la satis faction, c’est le
désir de désirer. Une fois qu ’il a conquis une femme, l’objet de son désir s’éteint et il s’en
désint éresse avant d’en désir une autre. Ainsi Don Juan désire le désir. La séduction du beau sexe
n’est que la figure du désir de désir. D’un cote il incarne l’homme qui ne peut cesser de désirer
sans mourir, mais de l’autre il reste enferme en lui -même. Il ne peut être lui -même car il se perd
dans ses désirs et donc ne peut se reconnaitre. Il a besoin de dresser un catalogue de ses
conqu êtes po ur se retrouver er se méprend même en séduisant de nouveau des femmes qu ’il
avait des conquis (Elvire, sa propre épouse).
Si le désir illimit é nous a d’abord sembl é incarner le désir libre et authentique par
excellence, il s’est révélé par la suite comme un désir creux, ali éné, malheureux : l’homme est
esclave de lui -même et vit sous le régime de la passion et de la frustration permanente. Mais dans
ce cas la, s’il ne faut ni se livrer a ses désirs, ni renoncer a son désir d’impossible et désirer ce qui
dépend de nous cela ne risque -t-il pas d’entrainer une discipline trop stricte du désir et de porter
atteinte à la sph ère pratique ? Le désir de l’accessible n’est -il pas contradictoire avec la nature du
désir ?
Presente ainsi, il semble que désirer l’im possible ne soit pas vraiment désirable, et que le
désir maitrise fasse pale figure face au désir intemp érant : le désir du sage,n ’est -il pas conformiste.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Faut il désirer l'impossible
- Faut-il désirer l'impossible ?
- Rien n’est impossible : il faut s’attendre à tout
- Rien n’est impossible : il faut s’attendre à tout
- Pourquoi désirer l'impossible?