Faut-il d'abord s'être trompé pour parvenir à la vérité ?
Publié le 24/07/2012
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Cette découverte nous amène à reconsidérer notre définition de la vérité. Il ne s’agit donc pas d’une vérité « objective «, indiscutable,… que nous devions atteindre. Mais d’une vérité parfaitement subjective. Cette vérité est notre vision du monde et de nous. Chacun est porteur de la sienne ; elle n’appartient qu’à lui ; c’est cette subjectivité qui fait de nous des sujets. Je peux donc dire que je construit ma subjectivité, ma part de vérité, à travers mes erreurs. La découverte que mes erreurs sont mon chemin vers ma vérité a un corollaire : l’erreur de l’autre est son chemin vers sa vérité. Admettre ce corollaire, c’est reconnaître la subjectivité de l’autre dans ce qui peut nous choquer le plus – sa, soi-disant, erreur- ; c’est le reconnaître, malgré notre opposition, comme sujet libre et pensant.
«
qui est révélateur c'est « comment » la vérité a été falsifiée.
Cela nous conduit à déduire « pourquoi » la falsification.
Le simple fait de dire : « J'ai rêvé d'un train quisifflait sans cesse.
Je ne voulais pas le prendre, mais on me tirait vers lui, etc… » révèle que la personne dormait profondément et que son « Ca », toujours au servicede son plaisir, lui a raconté une histoire rocambolesque pour tenter de lui cacher la vérité : le réveil sonnait et il fallait se lever.La capacité de l'erreur à révéler la vérité par juxtaposition avec la réalité se comprend peut-être mieux dans le discours d'un spécialiste d'histoire religieuse, undimanche matin, à la télévision.
Parlant de certaines erreurs de la Bible, au regard des découvertes archéologiques, il disait : « Celui qui a écrit cette erreur l'a fait àdessein.
Par là, il a voulu nous dire quelque chose.
La vérité se trouve dans le décalage entre le fait historique et ce qui est écrit.
La vérité d'une personne se trouvedans le décalage entre son rêve et la réalité, entre la situation dans laquelle il se trouve et la parole qu'il prononce.Concernant les limites posées à la conscience par la psychanalyse, elles ne contredisent en rien l'affirmation disant qu'il faut s'être trompé avant de parvenir à lavérité.
Pour parvenir à une connaissance plus grande de notre psychisme, il faut prendre en compte nos erreurs ; et pour les prendre en compte, il faut les avoir faites.
Dans la prise de conscience du monde ou de nous, l'erreur semble un chemin obligé, vers la vérité.
En guise de tentative de synthèse, nous pourrions nous demandersi l'erreur a sa place dans la démarche philosophique, qui reste une quête de vérité.
Etant à l'apprentissage de la démarche, nous observeront modestement notrepropre expérience d'apprenti philosophe.
Cette observation va nous conduire à reconsidérer notre définition de la vérité et, de là, à augmenter encore l'importance del'erreur dans notre recherche de la vérité.Parlons de ce que nous connaissons.
Regardons simplement notre approche de la question qui nous est posée ici.
La méthode nous a demandé de préciser les thermeset la problématique du sujet.
Pour cela, il a fallu faire le tour des questions qui nous venaient à l'esprit, y compris de celles qui, à l'examen, ne présentaient pasd'intérêt.
Il a fallu élaborer des définitions, puis écarter celle qui n'étaient pas fructueuses.
Nous avons pris en compte des opinions, avant de les éliminer par leraisonnement.
Notre recherche de la « bonne » réponse nous a conduit a commettre, sur notre brouillon, un grand nombre d'erreurs.
Sans préjuger de celles quecontient notre copie, qui seront révélées par la correction, ce qui nous permettra aussi de progresser vers la vérité.
Nous pouvons affirmer que c'est à force d'erreursque nous « parvenons » - au prix de quelles difficultés de quels efforts »- à une vérité.
Mais de quelle vérité s'agit il ? Il ne nous est pas demandé de réciter une leçon.Il nous est demandé une réponse « personnelle ».
En fait la vérité à laquelle nous parvenons est différente pour chaque réponse.
Ce qu'elle nous dit, c'est où nous ensommes, personnellement sur cette question en particulier et sur la philosophie en général.Cette découverte nous amène à reconsidérer notre définition de la vérité.
Il ne s'agit donc pas d'une vérité « objective », indiscutable,… que nous devions atteindre.Mais d'une vérité parfaitement subjective.
Cette vérité est notre vision du monde et de nous.
Chacun est porteur de la sienne ; elle n'appartient qu'à lui ; c'est cettesubjectivité qui fait de nous des sujets.
Je peux donc dire que je construit ma subjectivité, ma part de vérité, à travers mes erreurs.La découverte que mes erreurs sont mon chemin vers ma vérité a un corollaire : l'erreur de l'autre est son chemin vers sa vérité.
Admettre ce corollaire, c'estreconnaître la subjectivité de l'autre dans ce qui peut nous choquer le plus – sa, soi-disant, erreur- ; c'est le reconnaître, malgré notre opposition, comme sujet libre etpensant.
Or, si nous savons que la conscience commence lorsqu'on devient capable d'intégrer le point de vue d'autrui dans sa propre intériorité, un pas est encorefranchi lorsque nous intégrons un point de vue que nous considérons comme faux.La place prise par l'erreur, dans la recherche de la vérité, d'une conscience plus grande, vient encore d'augmenter : c'est non seulement nos erreurs, mais aussi cellesdes autres qui nous font avancer vers notre vérité.
Nous venons de découvrir la véritable nature de la vérité que nous sommes supposés pouvoir atteindre.
C'est une vérité subjective, discutable, « falsifiable ».
Et nouscomprenons que le présupposé de la question n'est pas en contradiction avec Socrate : à ce point de notre réflexion, nous aussi nous savons que nous ne savons pas.Seul est assuré de na pas aller vers la vérité celui qui est sûr de la détenir : la vérité n'est pas le chemin vers la vérité.
Nous marchons vers la vérité sur un cheminpavé d'erreurs.
C'est peut-être un des sens caché dans les vers de Nietzsche, au début du Gai Savoir :« Si tu ne veux pas user ton œil et tes sensReste dans l'ombre pour poursuivre le soleil.
»Un indice montre peut-être que nous sommes dans les bonnes erreurs.
C'est que les inventeurs de la discipline l'ont appelée « amour, recherche de la sagesse », parcequ'ils avaient renoncé à atteindre cette sagesse ; seuls les dieux et les sages la possèdent : le philosophe ne peut que marcher vers elle, en renonçant, par avance, àl'espoir de l'atteindre.
Le seul mot de philosophie répond à notre problématique : oui, la vérité doit rester une utopie.
C'est une création de l'esprit humain dont larecherche, bien réelle, est fructueuse, à condition de savoir qu'on ne l'atteindra jamais.Philosopher c'est se dire homme et non faux dieu.
Et c'est se donner une chance d'exister face à Dieu.
Ce choix d'être mortel et humain, est celui d'Ulysse ; Voltairel'illustre dans son Poème sur le désastre de Lisbonne :Un calife autrefois, à son heure dernière,Au Dieu qu'il adorait dit pour toute prière:« Je t'apporte, ô seul roi, seul être illimité,Tout ce que tu n'as pas dans ton immensité,Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance.
»
Ce sont nos erreurs qui font de nous des humains..
»
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