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Faut-il craindre la domination sans limite de la rationalité scientifique ?

Publié le 27/02/2008

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scientifique
On peut déterminer cette rationalité avec le couple théorie et expérience, avec les notions de démonstration, de certitude, de preuve etc. Il faut ici s'interroger sur la manière dont fonctionne la science : on peut alors se référer à la distinction entre expliquer (les sciences dures) et comprendre (les sciences humaines), mécanisme / finalisme, les causes et les raisons, décrire, prédire, dire le comment / le pourquoi etc. La question devient alors celle de savoir s'il faut craindre la domination de la certitude, des preuves, d'un certain type de vérité, d'un certain rapport au monde, d'une certaine manière de dire le monde. La rationalité est essentiellement logos : raison, discours, rapport. Dans ce cadre, la rationalité scientifique renvoie au discours scientifique, à sa façon de dire le monde. La question est alors celle de savoir si le langage scientifique est le langage le plus propre à dire le monde et si les autres types de discours doivent être éliminés. ·                     Y a-t-il d'autres formes de rationalités que la rationalité scientifique ? Le sujet demande donc s'il faut laisser la place à d'autres formes de rationalités ou à des formes d'irrationalités. Le corrélat de cette question est celui de savoir si la vie (sous toutes ses formes : politique, économique, artistique, sociale etc.) doit être soumise à la raison scientifique.

La rationalité scientifique : cette expression suppose qu'il existe "la" rationalité scientifique, ou que la science est une. Or, on peut déjà remarquer la diversité des sciences (biologie, mathématiques, chime etc.). Ce qui unifie cette diversité est donc l'unité d'une rationalité. On peut déterminer cette rationalité avec le couple théorie et expérience, avec les notions de démonstration, de certitude, de preuve etc. Il faut ici s'interroger sur la manière dont fonctionne la science : on peut alors se référer à la distinction entre expliquer (les sciences dures) et comprendre (les sciences humaines), mécanisme / finalisme, les causes et les raisons, décrire, prédire, dire le comment / le pourquoi etc. La question devient alors celle de savoir s'il faut craindre la domination de la certitude, des preuves, d'un certain type de vérité, d'un certain rapport au monde, d'une certaine manière de dire le monde. La rationalité est essentiellement logos : raison, discours, rapport. Dans ce cadre, la rationalité scientifique renvoie au discours scientifique, à sa façon de dire le monde. La question est alors celle de savoir si le langage scientifique est le langage le plus propre à dire le monde et si les autres types de discours doivent être éliminés. ·                     Y a-t-il d'autres formes de rationalités que la rationalité scientifique ? Le sujet demande donc s'il faut laisser la place à d'autres formes de rationalités ou à des formes d'irrationalités. Le corrélat de cette question est celui de savoir si la vie (sous toutes ses formes : politique, économique, artistique, sociale etc.) doit être soumise à la raison scientifique.

 

scientifique

« psychologiques que la science ne peut intégrer ne sont qu'une manière impropre de parler des phénomènespsychologiques, lesquels doivent se décrire uniquement par les états et processus cérébraux.

La sciencen'utilise qu'un discours "extensionnel" (la pierre ne "croit" rien lorqu'elle tombe), un discours dans lequel lesobjets n'ont pas de contenus mentaux, ni de désirs, et ne se rapportent à rien d'extérieur.

La domination dela rationalité implique donc, dans la mesure où elle nous donne la vérité sur le monde, l'élimination des autresdiscours, impropres.

Il ne faut donc pas, dans cette logique, avoir peur de la domination sans limite de larationalité scientifique, mais au contraire l'étendre. · Transition : mais c'est présupposer que la rationalité scientifique est un discours premier, propre, non figuré, sur le monde.

En outre, comme le remarquait déjà Descartes, de nombreux domaines échappent àla rationalité scientifique, et cela par principe, à commencer par la morale.

La question de savoir ce qu'il fautfaire ici et maintenant, alors que nous sommes des êtres finis qui ne connaissons pas la totalité du monde etqui ne pouvons connaître l'état total du monde à un instant donné, ne peut être tranchée par la rationalitéscientifique.

Dans ce cadre, ce qui compte est plus la "résolution" de notre démarche que la certitude qu'elleest la bonne en soi ( Discours de la méthode ). 2.

Mais la rationalité scientifique n'est universelle que par réduction.

Sa domination sans limite corresponddonc à un appauvrissement et une négation de la vie. · Ainsi, comme le remarque Merleau-Ponty dans l'avant propos de la Phénoménologie de la perception , la rationalité scientifique est seconde, construite, et ne constitue pas notre premier rapport aumonde.

Le monde nous est d'abord donné comme "sens" dans unerapport perceptif au monde vécu.

La science est une expressionseconde de ce monde vécu.

Dès lors, "le réel est à décrire et non àconstruire ou à constituer".

La rationalité scientifique "construit" sesobjets mais ne décrit pas leur apparition à la conscience concrète.

Aucontraire, la phénoménologie a pour tâche le "compte rendu du vécu"sans analyse ni explication.

Une domination sans limite de la rationalitéscientifique conduirait donc à la négation de notre premier rapport aumonde, et donc du fondement de cette rationalité même.

Il faut donc,dans cette logique, craindre un oubli de notre rapport originaire aumonde. · Mais en un autre sens, il faut remarque que cette rationalité est de toute manière limitée : comme le remarquait Aristote ( Seconds analytiques ) il ne peut y avoir de science que du général et du nécessaire.

Or, une grande part de notre vie se situe dans lacontingence et le particulier, nous sommes soumis au hasard.

On peuten déduire que la domination sans limite de la rationalité est doncimpossible, et si elle est affirmée, n'est qu'une imposture. · Il faut alors craindre cette imposture qui correspond à une "confusion tyrannique des ordres", selon une expression de Pascal (préface au Traité du Vide ) : la science a son ordre propre, l'ordre de l'expérience sensible et de la raison universelle (la loi), mais d'autres ordres existent (l'ordre de la charité, ou du coeur).On peut donc ici montrer que la domination sans limite de la rationalité scientifique est une "injustice", qu'ilfaut toujours replacer cette rationalité sur son terrain. · Transition : mais alors se pose la question de la place de cette rationalité, et de son rapport à l'ensemble de la vie humaine. 3.

La rationalité scientifique doit donc être contenue au rang de moyen. · La rationalité scientifique, et son expression en termes de pouvoir, la technologie, ne donne pas les fins mais ne fournit que des moyens.

Ainsi, comme le remarquait Nietzsche dans le Gai Savoir , la science elle- même suppose une foi, quelque chose qui est au fondement de cette recherche de vérité et de ce type decompréhension du monde.

Avec la science, la fin n'est pas donnée.

Une domination sans limite de la scienceserait alors une domination ou une suprématie des moyens sur la fin. · En outre, on peut faire droit à une certaine conception de la vérité qui ne peut se révéler dans le discours scientifique.

Ainsi, Heidegger dans Qu'est-ce que la vérité ? analyse le mot grec de vérité ( aletheia ) comme "dévoilement".

La vérité scientifique, elle, repose essentiellement sur la prédictibilité et la possibilitéde manipuler les objets décrits sous certaines lois.

La vérité poétique, elle, nous "ouvre" sur le monde, nousle "révèle", et nous révèle à nous même.

En ce sens, la domination sans limite de la rationalité scientifiqueexclut d'autres discours qui lui sont irréductibles et constitue donc la perte d'un sens, un appauvrissement. Conclusion : ainsi, on peut craindre non une domination sans limite de la rationalité scientifique, laquelle rationalité étant limitée intrinsèquement par la méthode qu'elle suppose, mais une confusion des ordres qui fait passer pourrationalité ce qui n'est que tyrannie.

Il faut en effet faire droit à d'autres rationalités, ou discours, lesquelspermettant d'appréhender des secteurs du monde vécu qui échappent de fait à la scientificité (en raison de notreignorance) mais aussi en droit (par exemple la question des finalités).

En ce sens, on peut considérer que la notionde vérité ne se réduit pas à la notion scientifique de vérité.

La crainte, si elle a lieu d'être, ne doit donc pas tantporter sur la rationalité scientifique elle-même que sur son usage.. »

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