Faut-il avoir confiance en l'opinion ?
Publié le 19/07/2010
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Socrate est ici le porte-parole de Platon, et il nous montre donc qu'il ne peut y avoir de connaissance sûre portant sur le sensible. Nous pouvons en inférer que d?après Platon, l'opinion consiste en une connaissance approximative, qui se donne pour un jugement sur ce que semblent être les choses, et qui est susceptible d'être vrai ou faux sans jamais pouvoir rendre raison de sa vérité ou de sa fausseté. La science, par contre, permettrait la connaissance vraie et stable de l'objet qu?elle étudie puisqu?elle porte sur l?intelligible, c?est-à-dire les choses qui « ont elles-mêmes une certaine réalité qui leur appartient et qui n?est pas relative à nous. « (Cratyle, 386d-e) c) Pour ces différentes raisons, il apparaît à Platon qu'il est inconséquent d'avoir confiance en l'opinion, et l'on peut soutenir alors avec lui que l'opinion doit toujours être mise de côté pour faire place à la connaissance vraie qui est celle de la science. Transition : Ce faisant, la doctrine platonicienne appelle ici à s'en remettre à une connaissance absolue et sûre d'elle, or, n'est-il pas permis de douter d'une telle connaissance idéale ? La nécessité des « opinions de poids «. a) Platon croyait à la possibilité d'une science de toute chose et d'une unité de la science. Mais Aristote a souligné le fait que la réalité se divise en régions distinctes dont chacune relève d'un savoir propre. Ainsi n'argumente-t-on pas en éthique avec les mêmes outils conceptuels qu'en arithmétique. Il écrit ainsi que « pour chaque genre, de même qu'il n'y a qu'une seule sensation, ainsi il n'y a qu'une seule science, comme, par exemple, une science unique, la grammaire, étudie tous les sons articulés.
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et qu'il faut comprendre comme des aspects marquants ayant fait leurs preuves et s'étant déposés dans la cultureet l'expérience d'un peuple.
Ainsi écrit-il pour ce qui concerne la politique qu'« il faut avoir été bien guidé par leshabitudes prises pour écouter comme il convient un enseignement portant sur les actions belles et justes, et d'unefaçon générale sur tout ce qui a trait à la politique.
» ( Ethique à Nicomaque , I, 2, 1095b 2-7) c) Aristote nous montre donc bien que, s'il est vrai que l'opinion ne procure pas une connaissance absolumentcertaine comme il en est de la science, on peut cependant lui accorder foi.
En effet, il est des domaines danslesquels l'opinion nous fournit plus d'assurance que la science qui ne parvient pas à s'affirmer fermement.
Alors, ilfaut avoir confiance en l'opinion, qui seule nous permet d'avancer dans le monde de la contingence qui est le nôtre.Transition : Cet argumentaire aristotélicien ne met-il pas en lumière le fait que la confiance que l'on doitaccorder à l'opinion relève d'un statut particulier ? La « morale par provision.
» 3.
a) Il semblerait en effet que l'opinion constitue une forme de connaissance à laquelle il faut savoir s'en remettre« faute de mieux ».
Ce n'est pas en effet parce que l'opinion dit nécessairement la vérité qu'il faut l'écouter, maisparce que, pragmatiquement, on en constate l'efficacité.
Toujours rechercher la vérité prend du temps, or l'urgencede la vie ne nous laisse pas ce temps et le pragmatisme nous oblige donc à renoncer parfois à cette vérité et ànous contenter de l'opinion.b) On peut donc considérer que l'opinion permet de construire ce que Descartes appelle une « morale par provision »(une morale provisoire), c'est-à-dire une morale à laquelle on doit s'en remettre en attendant de parvenir à uneconnaissance scientifique des choses.
Peut-être Aristote abandonne-t-il trop vite la quête de vérité et croit-il ainsique l'on doive s'arrêter définitivement à l'opinion alors que celle-ci n'est qu'une béquille.
En fait, on peut imaginerqu'il soit possible de parvenir un jour à une connaissance certaine et que ce ne soit qu'en attendant cet état de faitqu'on use de l'opinion.
La connaissance de la vérité étant toujours plus sûre que la connaissance qu'on tire del'opinion.c) On peut donc affirmer qu'il est légitime d'avoir confiance en l'opinion, mais que cette confiance doit être limitée,qu'elle n'est qu'un pis-aller, un intermédiaire entre l'ignorance et la science dont il n'est sage d'user que tant que lascience n'a pas épuisé son objet.
L'opinion permet donc de construire une « morale par provision » qu'il faut sedonner pour « vivre commodément » pendant qu'on se met en quête de la vérité des choses (Descartes, Discours de la méthode , III).
Il serait absurde de ne pas lui faire confiance, car l'on ne peut survivre en remettant toujours tout en cause.
Cependant, il serait toutaussi absurde de lui faire une confiance aveugle.
La confiance qu'on accordeà l'opinion devra donc savoir s'effacer devant cette confiance plus entièrequ'on pourra donner à la science.
Cela nous amène donc à ajouter que laconfiance, c'est avant tout un pari, un pari par lequel on accorde crédit àquelque chose en attendant d'en avoir la certitude absolue.
Conclusion :Dans une première partie, nous avons vu avec Platon en quoi l'opinionsemblait condamnable.
Nous avons ensuite nuancé cette position radicale ensoulignant à l'aide d'Aristote pourquoi il était parfois nécessaire de s'enremettre à l'opinion.
Cela étant, nous avons ensuite approfondi cetteperspective en montrant que la confiance en l'opinion devait être temporaire,et savoir céder tôt ou tard la place à la science, ce qui nous a amenés àreconsidérer la notion de « confiance »..
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