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Faut-il attendre de la philosophie qu'elle nous aide a mieux vivre ?

Publié le 07/07/2009

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Faut-il attendre de la philosophie qu'elle nous aide a mieux vivre ?

La question « peut-on « concerne deux choses : une capacité objective, et un droit : ou bien je peux faire une chose parce que je suis capable, physiquement par exemple, de la faire, ou bien je peux faire une chose parce que l'on ne me l'interdit pas, que cette interdiction provienne d'une institution, d'une autre personne ou encore de moi-même. Le sujet appelle plutôt la seconde compréhension, et demande donc que l'on s'interroge sur ce qui autorise ou interdit de dire que la philosophie nous aide à mieux vivre.

La philosophie est une discipline qui peut aussi bien rechercher des réponses aux questions portant sur les causes et les modes de fonctionnement du monde que définir la meilleure manière de vivre possible – en tout cas, certaines traditions philosophiques, les écoles antiques stoïcienne et épicurienne par exemple, se donnent explicitement comme objet d'aider les hommes à mieux vivre. Le sujet demande donc que l'on interroge cette tâche, de manière à décider s'il est pertinent de soutenir que la philosophie parvient à la remplir.

Il faut enfin préciser la définition de l'expression « nous aider à vivre mieux «. Le verbe « aider « suggère que le rôle de la philosophie dans l'amélioration de notre manière de vivre n'est pas fondateur, mais auxiliaire : la philosophie ajouterait des principes mais ne donnerait pas forcément les principes premiers – même si l'aide apportée par elle peut nous amener à réviser ces principes premiers. Mieux vivre, c'est peut-être améliorer nos conditions de vie, nos conditions matérielles par exemple, mais c'est aussi, dans un sens plus général et plus philosophique, avoir une meilleure manière de nous conduire dans la vie, de nous rapporter au monde qui nous entoure et aux événements qui nous affectent.

C'est la pertinence de la déclaration selon laquelle la philosophie nous aide à mieux vivre qui est interrogée ici : attribue-t-elle à la philosophie l'objet qui est vraiment le sien, ou peut-on soutenir que la philosophie ne s'occupe pas de la vie bonne mais d'une connaissance générale du monde qui dépasse les modes de vie individuels ? si la philosophie s'occupe effectivement de la vie bonne, est-elle efficace dans cette tâche ? 

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« donnent donc le droit de soutenir que la philosophie a pour but d'aider à la conduite de la vie, peut-on élargir cetteprétention à la philosophie en général ? II.

La philosophie comme discipline générale de connaissance permettant un rapport plus juste aux choses La philosophie peut se donner des objets très variés, qui ne concernent pas au premier chef la conduite de la vie.Dans ses recherches sur ces objets, elle s'efforce cependant d'adopter la position intellectuelle la plus juste possiblede manière à éviter l'erreur, elle suppose que l'on travaille à acquérir un certain ordre de la pensée : en ce sens, ellepermet à l'homme d'acquérir une pertinence intellectuelle qui peut peut-être lui servir à mieux évaluer les choses quile concernent directement : c'est une seconde manière, plus générale, de s'autoriser à soutenir que la philosophiepermet de vivre mieux. Descartes, Discours de la méthode Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, ensorte qu'un État est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles ysont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre depréceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatresuivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de nemanquer pas une seule fois à les observer.

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne laconnusse évidemment être telle : c'est-à-dire, d'éviter soigneusement laprécipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mesjugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à monesprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant deparcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par lesobjets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu,comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; etsupposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent pointnaturellement les uns les autres.

Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de nerien omettre.

Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir, pourparvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses, quipeuvent tomber sous la connaissance des hommes, s'entre-suivent en même façon et que, pourvu seulement qu'ons'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduireles unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on nedécouvre. Alain, Propos sur le bonheur Tant que l'on n'a pas bien compris la liaison de toutes choses et l'enchaînement des causes et des effets, on estaccablé par l'avenir.

Un rêve ou la parole d'un sorcier tuent nos espérances ; le présage est dans toutes lesavenues.

Idée théologique.

Chacun connaît la fable de ce poète à qui il avait été prédit qu'il mourrait de la chuted'une maison ; il se mit à la belle étoile ; mais les dieux n'en voulurent point démordre, et un aigle laissa tomber unetortue sur sa tête chauve, la prenant pour une pierre.

On conte aussi l'histoire d'un fils de roi qui selon l'oracle,devait périr par un lion ; on le garda au logis avec les femmes ; mais il se fâcha contre une tapisserie quireprésentait un lion, s'écorcha le poing sur un mauvais clou, et mourut de gangrène.L'idée qui sort de ces contes, c'est la prédestination que des théologiens mirent plus tard en doctrine ; et celas'exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu'il fasse.

Ce qui n'est point scientifique du tout ; car cefatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera.

» Transition : On a examiné jusqu'à maintenant la capacité de la philosophie à fournir des principes utiles à la vie bonne, et on a validé cette prétention : peut-être pourrait-on cependant se montrer plus critique envers la valeurde la philosophie à cet égard, dans la mesure où elle présente le risque de fournir à l'homme une grille qui serévélerait peu pertinente pour la conduite de sa vie, mais qu'il ne remettrait pas en cause sous prétexte que c'est laphilosophie qui la lui fournit. III.

Critique de la prétention de la philosophie à aider à vivre mieux Cette dernière partie, plus polémique, voudrait interroger les présupposés sur lesquels la philosophie s'appuie pourrevendiquer son efficacité à aider les hommes à vivre mieux : la philosophie se présenterait comme une autorité utileà l'amélioration de la vie de chacun, mais oublierait d'interroger son propre mode de fonctionnement et présenteraitdonc le risque d'imposer des principes fondés sur des illusions.

S'en remettre à la philosophie pour améliorer la. »

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