Faut-il attendre de la philosophie qu'elle nous aide à mieux vivre ?
Publié le 12/09/2005
Extrait du document
La philosophie naît d’un besoin fondamental de compréhension. Ce besoin submerge l’homme quand celui-ci se perd dans l’absence de sens ou d’unité qui doivent structurer le monde de la nature et de l’esprit. Hegel émettra cette idée que c’est quand les choses apparaissent scindées, quand la réalité ne va plus de soi, qu’il y a une nécessité de philosopher, de ressaisir le sens qui opère à travers toutes les structures de l’esprit. La philosophie doit ainsi livrer le sens. Mais elle doit ainsi se prononcer sur ce qui se passe, puisque l’action nécessite tout autant réflexion, en tant que ce sont les hommes qui font l’histoire. Dès lors responsabilité, engagement, attitude critique doivent jalonner toutes les sphères où se joue la réflexion. Mais n’y aurait-il pas, plus fondamentalement, à travers la philosophie, une volonté toute personnelle de suivre un chemin vers une forme de sagesse ?
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Transition : Si certaines écoles philosophiques se donnent comme objet de permettre à l'homme de mieux vivre, et donnent donc le droit de soutenir que la philosophie a pour but d'aider à la conduite de la vie, peut-on élargir cetteprétention à la philosophie en général ?
II.
La philosophie comme discipline générale de connaissance permettant un rapport plus juste aux choses
La philosophie peut se donner des objets très variés, qui ne concernent pas au premier chef la conduite de la vie.Dans ses recherches sur ces objets, elle s'efforce cependant d'adopter la position intellectuelle la plus juste possiblede manière à éviter l'erreur, elle suppose que l'on travaille à acquérir un certain ordre de la pensée : en ce sens, ellepermet à l'homme d'acquérir une pertinence intellectuelle qui peut peut-être lui servir à mieux évaluer les choses quile concernent directement : c'est une seconde manière, plus générale, de s'autoriser à soutenir que la philosophiepermet de vivre mieux.
Descartes, Discours de la méthode
Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, ensorte qu'un État est bien mieux réglé lorsque, n'en ayant que fort peu, elles ysont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre depréceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatresuivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de nemanquer pas une seule fois à les observer.
Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne laconnusse évidemment être telle : c'est-à-dire, d'éviter soigneusement laprécipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mesjugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à monesprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant deparcelles qu'il se pourrait, et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.
Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par lesobjets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu,comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; etsupposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent pointnaturellement les uns les autres.
Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de nerien omettre.
Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir, pourparvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses, quipeuvent tomber sous la connaissance des hommes, s'entre-suivent en même façon et que, pourvu seulement qu'ons'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduireles unes des autres, il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on nedécouvre.
Alain, Propos sur le bonheur
Tant que l'on n'a pas bien compris la liaison de toutes choses et l'enchaînement des causes et des effets, on estaccablé par l'avenir.
Un rêve ou la parole d'un sorcier tuent nos espérances ; le présage est dans toutes lesavenues.
Idée théologique.
Chacun connaît la fable de ce poète à qui il avait été prédit qu'il mourrait de la chuted'une maison ; il se mit à la belle étoile ; mais les dieux n'en voulurent point démordre, et un aigle laissa tomber unetortue sur sa tête chauve, la prenant pour une pierre.
On conte aussi l'histoire d'un fils de roi qui selon l'oracle,devait périr par un lion ; on le garda au logis avec les femmes ; mais il se fâcha contre une tapisserie quireprésentait un lion, s'écorcha le poing sur un mauvais clou, et mourut de gangrène.L'idée qui sort de ces contes, c'est la prédestination que des théologiens mirent plus tard en doctrine ; et celas'exprime ainsi : la destinée de chacun est fixée quoi qu'il fasse.
Ce qui n'est point scientifique du tout ; car cefatalisme revient à dire : « Quelles que soient les causes, le même effet en résultera.
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Transition : On a examiné jusqu'à maintenant la capacité de la philosophie à fournir des principes utiles à la vie bonne, et on a validé cette prétention : peut-être pourrait-on cependant se montrer plus critique envers la valeurde la philosophie à cet égard, dans la mesure où elle présente le risque de fournir à l'homme une grille qui serévélerait peu pertinente pour la conduite de sa vie, mais qu'il ne remettrait pas en cause sous prétexte que c'est laphilosophie qui la lui fournit.
III.
Critique de la prétention de la philosophie à aider à vivre mieux
Cette dernière partie, plus polémique, voudrait interroger les présupposés sur lesquels la philosophie s'appuie pourrevendiquer son efficacité à aider les hommes à vivre mieux : la philosophie se présenterait comme une autorité utileà l'amélioration de la vie de chacun, mais oublierait d'interroger son propre mode de fonctionnement et présenterait.
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