Faut-il aimer autrui POUR LE CONNAÎTRE ?
Publié le 25/01/2020
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• On pense au texte de Pascal : «Qu'est-ce que le moi?», «celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi? Non, car je puis perdre ces qualités, sans me perdre moi-même» (Pensées, 688). Pascal se demande où est ce moi, ni dans le corps, ni dans l'âme. N'est-il qu'une somme de qualités?
• Proust pensait qu'un romancier exprimerait une vérité essentielle, si « peignant pour ses autres personnages des caractères, il s'abstenait d'en donner aucun à la femme aimée.» (À l'ombre des jeunes filles en fleurs). Cela veut dire que l'amour, seul, situe le rapport à l'autre par-delà les qualités : décrire une personne en faisant la liste de ses qualités et de ses défauts, ce n'est pas l'aimer, c'est manquer le «fond inépuisable» d'autrui.
• On voit que la réciprocité avec autrui n'est pas un simple échange fondé sur une équivalence. Elle relèverait plutôt du pari : il s'agit de maintenir une certaine irréductibilité de l'un à l'autre (tu n'es pas moi, je ne suis pas toi) tout en instaurant un rapport (je fais le pari que nous avons en commun ce que je n'expérimente qu'en moi-même, cette subjectivité dont je ne perçois en toi que les signes extérieurs). L'amour ne serait-il pas un mot possible pour décrire ce pari?
«
cas exemplaire de la honte : quand j'ai honte, je m'identifie spon·
tanément au jugement d'autrui sur moi, jugement que pourtant je
ne connais pas objectivement.
Certaines «propagations» des émo
i- tians qui surviennent dans un contexte social serviraient à montrer Ill ., que je ne suis pas d'abord à distance d'autrui mais, au contraire,
:::> qu'autrui me touche directement.
Il faut que j'apprenne petit à petit
Ul à m'en distinguer.
Ainsi, au stade que l'on a appelé «transitif», les
Ill enfants imitent d'abord, ils pleurent quand ils voient pleurer, avant .J de prendre conscience de leur différence.
Ill.
Le pari de la réciprocité
• Pour Merleau-Ponty, toute perception affirme plus de choses
qu'elle n'en saisit.
Celle d'autrui ne fait pas exception à cette règle :
«Quand je dis que je connais quelqu'un ou que je l'aime, je vise
au-delà de ses qualités un fond inépuisable qui peut faire éclater
un jour l'image que je me faisais de lui.» (Phénoménologie de la
perception, Il, IV).
•On pense au texte de Pascal : «Qu'est-ce que le moi?», «celui qui
aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il? Non : car la petite
vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne
l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire,
m'aime-t-on, moi? Non, car je puis perdre ces qualités, sans me
perdre moi-même» (Pensées, 688).
Pascal se demande où est ce moi,
ni dans le corps, ni dans l'âme.
N'est-il qu'une somme de qualités?
•Proust pensait qu'un romancier exprimerait une vérité essentielle,
si« peignant pour ses autres personnages des caractères, il s'abstenait
d'en donner aucun à la femme aimée.» (À l'ombre des jeunes filles
en fleurs).
Cela veut dire que l'amour, seul, situe le rapport à l'autre
par-delà les qualités : décrire une personne en faisant la liste de ses
qualités et de ses défauts, ce n'est pas l'aimer, c'est manquer le
«fond inépuisable» d'autrui.
•On voit que la réciprocité avec autrui n'est pas un simple échange
fondé sur une équivalence.
Elle relèverait plutôt du pari : il s'agit de
maintenir une certaine irréductibilité de l'un à l'autre (tu n'es pas
moi, je ne suis pas toi) tout en instaurant un rapport Ge fais le
pari que nous avons en commun ce que je n'expérimente qu'en
moi-même, cette subjectivité dont je ne perçois en toi que les signes
extérieurs).
L'amour ne serait-il pas un mot possible pour décrire ce
pari?
>Flash bac p.
35.
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