Faut-il admettre l'existence de phénomènes psychologiques inconscients ?
Publié le 20/02/2004
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b) Les insuffisances de la conscienceLeibniz remarquait déjà, contre les cartésiens, dans ce que l'on appelle lathéorie des petites perceptions, qu'il existe des activités de perception (doncliées à la pensée) qui se font hors du contrôle de la conscience, et à soninsu, et qui ne sont explicables que si l'on admet une forme inconsciented'activité mentale.
L'inconscient, dans ce cas, résulte par conséquent del'insuffisance que l'on observe en rapportant les faits psychiques à la seuleconscience.
Il se définit négativement comme le moyen de suppléer auxcarences d'un autre principe d'explication.De plus, la théorie de Leibniz est fondée sur le postulat de la continuité desétats de la pensée : entre conscience et inconscient, il n'existe nidiscontinuité, ni rupture ; le passage se fait graduellement par une séried'étapes intermédiaires.
Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petitesperceptions.
Il montre ainsi que notre perception consciente est composéed'une infinité de petites perceptions.
Notre appétit conscient est composéd'une infinité de petits appétits.
Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit quenotre perception consciente est composée d'une infinité de petitesperceptions, exactement comme la perception du bruit de la mer estcomposée de la perception de toutes les gouttes d'eau ? Les passages duconscient à l'inconscient et de l'inconscient au conscient renvoient à un inconscient différentiel et pas à un inconscient d'opposition.
Or, c'est complètement différent de concevoir uninconscient qui exprime des différentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime une force quis'oppose à la conscience et qui entre en conflit avec elle.
En d'autres termes, chez Leibniz, il y a un rapport entre laconscience et l'inconscient, un rapport de différence à différences évanouissantes, chez Freud il y a un rapportd'opposition de forces.
"D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sansaperception et sans réflexion, c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous apercevons pas,parce que les impressions sont ou trop petites ou en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont riend'assez distinguant à part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir aumoins confusément dans l'assemblage.
C'est ainsi que l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde aumouvement d'un moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.
Ce n'estpas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui yréponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps,destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire,attachées à des objets plus occupants.
Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quand nous nesommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propres perceptionsprésentes, nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertitincontinent après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenonset nous nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).
Et pour juger encore mieux des petitesperceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement oudu bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bienqu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de cespetits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans cemugissement même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain
c) L'hypothèse freudienneLa genèse de la théorie freudienne montre clairement que l'hypothèse de l'inconscient trouve son origine dansl'incapacité pratique de lamédecine à soigner certains troubles nerveux.
Le traitement sous hypnose conduit Freud à mettre en évidence desprocessus inconscients : le patient est capable d'évoquer, en état hypnotique, des faits dont il n'a pas de souvenirconscient, et cette réminiscence fait disparaître provisoirement les troubles constatés.La modification de la méthode freudienne, par le recours aux associations d'idées, ne change pas fondamentalementla démarche : elle a toujours pour but le retour à la conscience des éléments oubliés, et la disparition corrélativedes troubles qu'ils occasionnent.
La raison de postuler l'existence d'un inconscient est donc pratique : elle résulted'une expérience thérapeutique.
Elle seule peut rendre compte des faits observés et les expliquer.
L'inconscient estun postulat qui a pour fonction de rendre intelligibles "fies comportements qui ne le seraient pas sans cela.
Il est uneexigence théorique qui apparaît dans le champ de la réflexion de la psychologie, pour coordonner des phénomènesobservables et leur fournir un principe explicatif.
2 - L'inconscient comme hypothèse explicative
a) Le refoulementLa conception de Freud apporte une innovation d'importance : l'inconscient n'est pas dans un rapport de continuité.
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