Faut-il absolument chercher à vivre selon ses désirs ?
Publié le 04/03/2009
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Faut-il absolument chercher à vivre selon ses désirs ?
Le désir est ce mouvement qui me porte vers un objet que j’imagine source de satisfaction. Désir de fortune, de santé, etc., le cycle du désir semble éternellement recommencé et représente mon expérience quotidienne. Le désir est donc un manque comme le montre le mythe du Banquet. A la différence du besoin qui s’apaise lors de la satisfaction, l’odyssée du désir ne s’arrête jamais. Le désir semble être une puissance d’action, ce qui nous meut. En effet, sans désirs, on pourrait se demander à quoi bon vivre ou quel sens aurait alors notre existence ? Se poser la question de la valeur de la vie nous invite ici à nous interroger sur la définition d’une vie telle que nous estimons qu’elle serait digne d’être vécue, c’est-à-dire propre aussi à développer notre propre individualité mais aussi notre bonheur, dans la mesure où chacun dans sa vie veut tendre au bonheur quelque soit la manière dont il le définit. Mais cet ensemble est alors ce que l’on peut appeler les désirs. Pourtant en tant que désir, ce dernier est sans cesse en renouvellement et peut être signe d’une manque et d’une souffrance. De même faut-il considérer tous les désirs comme étant de mêmes valeurs ? Et c’est pour cela que se pose la question : « Faut-il absolument vivre selon ses désirs ? « Mais dans la formulation même du sujet, il faut remarquer l’emploi de l’adverbe « absolument « qui développe un impératif et une totalité.
Dès lors, si en tant que manque et souffrance, on peut refuser de vouloir vivre selon la totalité de ses désirs, et quels qu’ils soient (1ère partie), il n’en reste pas moins qu’il faut voir que le désir est à l’origine même de vie et en constitue son essence (2nd partie). Pourtant, s’il faut prendre en compte ses désirs tous ne sont pas bons pour bien vivre et c’est peut-être pour cela qu’il faudra envisager une hiérarchisation des désirs (3ème partie).
I – Pour vivre correctement : refuser les désirs
II – Le désir essence de la vie : la libération de sa puissance
III – Plus vivre selon sa nature : hiérarchie des désirs
«
a) En effet, on peut se demander d'où vient cette haine farouche envers le désir comme le demande Nietzsche dans les paragraphes 1 & 2 du Crépuscule des Idoles : Pourquoi la philosophie et la religion mettent-elles si souvent en garde contre le désir, au lieu d'englorifier la puissance créatrice ? Sous le non de nihilisme, Nietzsche dénoncela condamnation a priori de tout désir, qui domine selon lui la tradition judéo-chrétienne.
A la volonté de puissance, qui est créatrice et élève l'homme au-dessus de sa condition première, s'opposerait depuis des siècles, selon lui,une volonté de néant, qui prône lâchement le renoncement et le sacrifice :« attaquer les passions à la racine, c'est attaquer la vie à la racine : lapratique de l'Eglise est hostile à la vie ».
Le désir est l'essence même de lavie.
Ne pas vivre selon ses désirs est donc une contradiction manifeste dansles termes.b) On peut s'interroger avec Nietzsche notamment dans la troisième dissertation de la Généalogie de la morale sur la portée de cet idéal ascétique prôné par tout un courant de la philosophie.
En effet, l'ascétisme est unephilosophie de la mort, du corps pauvre et maladif, à l'opposé de laglorification de la volonté et de la puissance qui s'affirme dans le désir.
Cettehaine du désir produit ces morales ascétiques dans le silence et la solitudedes cabinets de philosophie.
Cette haine du désir est une négation même dela vie.
Ces philosophies sont bien éloignées de la vie et ne peuvent donc pasapporter une réponse à une question qu'elles ne comprennent pas.
Il fautdonc vivre pleinement afin d'être heureux, développer sa volonté depuissance et goûter à la vie. c) Et quand bien même on voudrait rejeter ses désirs donc se plonger dans la contemplation esthétique comme lepréconise Schopenhauer il faut remarquer que le désir n'est pas absent, bien au contraire, de l'art comme le critiqueNietzsche dans La généalogie de la morale .
En effet pour développer sa critique Nietzsche considère qu'il y a peu de choses dont Schopenhauer parle avec autant d'assurance que la contemplation esthétique.
A ce sujet,Schopenhauer dit qu'elle agit directement comme l'intérêt sexuel.
Il ne se lasse jamais de glorifier cette délivrance de la « volonté » comme étant le grand avantage et l'utilité de l'état esthétique.
« On serait même tenté de sedemander si la conception fondamentale de « volonté et représentation » n'a pas son origine dans unegénéralisation de cette expérience sexuelle.
» En effet, ce dernier, dans Le monde comme volonté et comme représentation écrit : « c'est l'ataraxie, qu'Epicure estimait comme le bien suprême, l'apanage des dieux ; nous sommes pour cet instant, délivrés de l'odieuse contrainte de la volonté, nous célébrons le sabbat des travaux forcésdu vouloir, la roue d'Ixion immobile… » Schopenhauer a décrit l'un des effets du beau, l'effet calmant sur la volonté ;mais est-ce seulement un effet normal ? Stendhal lui insiste sur un autre effet du beau : le beau est un promessede bonheur.
Il s'agit dans ce cas d'une excitation de la volonté, d'un intérêt par la beauté.
« Dès lors, on peut peut-être objecter à Schopenhauer sa compréhension du kantisme, c'est-à-dire du beau comme désintéressement.
Eneffet, le beau plaît ici par intérêt et pour l'intérêt le plus fort, c'est-à-dire celui de la délivrance d'une torture.
Et ence sens, à travers l'exemple de Schopenhauer, à la question que signifie le fait qu'un philosophe rende hommage àl'idéal ascétique ? » L'art n'est donc pas le remède au désir, c'est même l'inverse, il est sa mise en forme en tantque puissance créatrice.
Transition : Ainsi faut en finir avec cette haine du désir qui est proprement une négation de la vie même.
les désirs sontl'essence même de la vie.
Il faut alors développer la puissance du désir qui est une puissance source de vie etaffirmation du caractère des forts.
Il ne faut plus avoir peur du désir mais plutôt le magnifier.
En ce sens, s'il fautvivre avec ses désirs faut-il tout de même que cela soit de manière inconditionnelle, c'est-à-dire « absolument » ?Ne faut-il pas vivre selon sa nature et produire alors une hiérarchie des désirs ? III – Plus vivre selon sa nature : hiérarchie des désirs a) En effet, l'homme est un être de désir ; c'est le propre de l'homme.
Vivre c'est donc vivre avec ses désirs commele développe Spinoza dans l'Ethique III .
Comme on peut le voir avec le cas du désir amoureux, pour Spinoza, l'amour est un « sentiment » pour ainsi dire positif, et même affirmateur en ce sens qu'il est pour l'esprit et le corpsen coïncidence avec la perception d'un bien.
C'est-à-dire qu'il y a augmentation de la puissance d'agir, donc d'êtreet par là il permet une plus grande liberté dans l'action.
Le désir est donc proprement ce qui nous fait persévérerdans notre être, c'est-à-dire la condition même de la vie.
Permettant une plus grande puissance d'agir, lorsque ledésir porte une idée adéquate, le désir manifeste alors nous plus grande capacité à agir et donc à manifester notreliberté.
Spinoza effectivement en Ethique III montre que l'homme est un être de désir.
Nous ne désirons pas les choses parce qu'elles sont bonnes, mais parce que notre nature nous conduit à les juger désirables.
Le monde n'estpas modelé en fonction de notre nature.
Comme on peut le comprendre dans la proposition IX le désir est un« appétit avec la conscience de l'appétit.
»b) Néanmoins, il convient de remarquer qu'une hiérarchie des désirs est nécessaire afin de saisir les désirs pouvantêtre une source de bien vivre et ceux qui peuvent être une menace.
Et de ce point de vue, on peut se référer à la.
»
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