Faire usage de la parole, est-ce renoncer à la violence ?
Publié le 29/10/2022
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Faire usage de la parole, est-ce renoncer à la violence ?
L’actualité n’a de cesse de nous prouver que, bien souvent, la violence prône sur la parole.
C’est notamment
le cas pour la récente crise des Gilets Jaunes, où les revendications de ces manifestations n’ont pas, ou très
peu, résulté sur un dialogue calme et productif, mais plutôt par une série de protestations violentes et de
destructions matérielles.
Ainsi, l’un semble exclure l’autre : l’homme violent ne parle pas, et au contraire,
l’homme qui parle ne se bat pas.
Seulement, est-ce réellement le cas ? Faire usage de la parole, est-ce
renoncer à la violence ? Nous verrons dans un premier temps que la parole et la violence résultent en vérité
sur une forme de complémentarité, puis que la parole peut de nombreuses fois se caractériser par une
forme détournée de violence.
Cependant, nous verrons que le véritable dialogue a bien le pouvoir de
repousser la violence.
Tout d’abord, la violence est un caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec
une force intense, brutale et souvent destructrice.
Elle désigne un emploi illégitime d’une force pour nuire à
quelque chose ou à quelqu’un, et s’observe aussi bien chez les êtres humains que chez les animaux.
A
l’inverse, la parole est le propre de l’Homme.
Elle correspond à la faculté de s’exprimer et de communiquer
par le biais d’un langage articulé ou sous forme de signes.
La parole semble alors entièrement opposée à la
violence : l’une est matérielle, l’autre immatérielle.
L’une implique une passivité physique, l’autre un passage à
l’acte brutal.
En effet, lorsque deux armées ennemies s’affrontent sur un champ de bataille, la violence
domine, les mots n’y ont aucune valeur ni aucune place.
De même, une conversation fructueuse ne conduit pas
à un recours aux mains.
Ainsi, par définition, la parole semble exclure la violence.
Néanmoins, la parole et la violence sont en vérité bien plus proches que l’on peut le croire à première vue.
En effet, on peut souvent constater que l’une entraine l’autre, et ce dans bien des domaines.
La guerre en
est l’exemple le plus concret : après un conflit armé, vient toujours la discussion, notamment lors de
signature d’accords de paix.
Après la Première Guerre mondiale vient l’armistice du 11 novembre 1918, mais
aussi le Traité de Versailles : la parole y est perçue comme finalité de la violence.
Mais ce lien de cause à
effet peut aussi se produire dans le sens inverse : on ne compte plus les violences nées de simples
escarmouches verbales, de malentendus multiples, de divergences d’opinion exprimées à haute voix.
La
période de la Terreur en est remplie : prononcer quelques mots en faveur de la monarchie a coûté la vie à
des centaines, voire des milliers, de français.
La violence ne vient parfois pas sans parole, et la parole ne
vient parfois pas sans violence, ce qui peut témoigner d’une certaine complémentarité entre deux aspects
que
tout
semble
pourtant
opposer.
De plus, la violence est loin d’être restreinte à une dimension physique, et peut impliquer l’engagement
farouche de deux adversaires sans même en venir à un quelconque usage des poings.
Et cette violence
morale est bien souvent communiquée par la parole.
En effet, les mots peuvent parfois être aussi aiguisés et
tranchants qu’une épée, menant à une véritable destruction psychologique.
La forme la plus simple et
concrète de cette violence verbale est l’utilisation de l’insulte, une dégradation et atteinte à autrui.
Mais
certaines restent bien plus complexes, sans en être moins douloureuses.
La menace est par exemple un
usage de la parole empreint d’une violence extrême.
Bien qu’elle reste immatérielle, seulement formulée, elle
peut affecter un individu avec une grande brutalité.
On peut alors citer les véritables combats verbaux
entre Pyrrhus et Andromaque, dans la pièce du même nom, d’auteur Racine, pour l’illustrer.
Dans cette pièce,
Pyrrhus exerce sur l’héroïne une grande pression par une menace et un chantage odieux : si elle refuse de
l’épouser, son fils mourra.
Ici, Pyrrhus est loin de brutaliser physiquement Andromaque.
Et pourtant, l’effet
est le même : il insère en elle la même peur, et la même douleur, que produit une véritable blessure physique.
Ainsi, la parole est capable de créer une autre forme de violence qui lui est propre : la violence verbale,
morale, et symbolique, qui oppose tout aussi bien deux adversaires, et implique une situation de domination,
un rapport de force.
On ne peut donc pas échapper à la violence par le seul usage de la parole.
La violence et la parole ne sont donc pas deux éléments contraires : l’un n’exclut pas l’autre.
La parole peut
même se transformer en l’outil d’une violence morale sans pareille.
Mais quel est le véritable rôle de la
parole dans la violence ? Dans quelle mesure peut-on la restreindre à cet usage ?
Tout d’abord, la parole, source de violence, peut être utilisée comme une arme.
Elle est un outil de
domination par la persuasion, permet la mise en place d’un rapport de force, car qui dit interaction et
communication ne veut pas dire égalité.
Ainsi, lorsque la parole cesse d’être rationnelle, cesse de rechercher
par le dialogue une vérité commune, elle entraine une forme de domination dont la finalité ne peut être
qu’une violence morale et symbolique.
C’est notamment l’usage qu’en font les sophistes par l’utilisation de la
rhétorique, un art ayant pour but de persuader, et non de convaincre, sans même passer par la vérité.
Gorgias l’explique dans l’œuvre de....
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