Faire une expérience est-ce s'instruire ?

« -Cf.

Kant.

La nature ne révèle ses lois que lorsqu'on l'interroge.

L'expérience scientifique est ainsi un mode d'interrogation.

Lorsqu'il devient possible, après qu'elle a réussi, d'énoncer une loi, c'est en réponse à une question initiale.

- De la sorte, l'expérience scientifique est constitutive d'une connaissance universelle, parce que son aspect matériel est défini en fonction d'un schéma intellectuel et théorique d'explication du phénomène.

Ce qui est visé au-delà de l'aspect concret, c'est le fonctionnement théorique.

III.

QUELLE INSTRUCTION? - Si l'on prend le terme dans un sens flou et très général (apport de toute espèce de savoir), on peut admettre que toute forme d'expérience - y compris quotidienne- est instructive pour un sujet singulier.

- Si au contraire on entend par instruction l'acquisition ou la présence d'un savoir communicable parce qu'universel dans son intention et son mode de constitution, seule l'expérience scientifique apparaît alors instructive.

- Toute expérience parascientifique- soulignant la singularité d'un phénomène (cas des médiums, de la parapsychologie, etc.) ne peut dès lors instruire que qui veut bien à l'avance être convaincu de sa portée.

Ce qui lui manque pour accéder au statut de l'expérience scientifique, c'est la capacité d'être répétable.

On est là dans une zone intermédiaire entre l'expérience quotidienne (dont il n'est pas a priori impossible qu'elle soit vécue de façon semblable ou comparable par deux sujets distincts) et l'expérience scientifique (dont la répétabilité est une condition nécessaire, un caractère fondamental).

CONCLUSION «Acquérir de l'expérience» ne m'enseigne rien d'autre que ce à quoi je suis prêt ou disposé.

Au contraire, «faire une expérience» (scientifique), c'est accepter de voir remis en cause ce que l'on croyait savoir.

L'instruction véritable est celle qui se constitue sur un fond de doute, d'incertitude et suivant le principe qu'elle est en droit inachevable.. »