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Faire l'histoire, est-ce juger le passé ?

Publié le 17/01/2022

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histoire

Pour lui, la réalité historique est « équivoque et inépuisable «. Valéry dit que l'histoire « justifie ce que l'on veut «. Dans sa richesse hétéroclite, il y a toujours de quoi justifier n'importe quelle position a priori de l'historien. L'historien se projette dans l'histoire avec ses valeurs et ses passions. Il ne saurait survoler l'histoire, la constituer du point de vue de Sirius, car il est homme lui-même, il vit dans l'histoire, il appartient à une époque, à un pays, à une classe sociale. Il est lui-même prisonnier du cours de l'histoire. L'histoire science (l'  « Historie « disent les Allemands) est un acte de l'historien et cet acte lui-même un événement historique, il appartient à la réalité historique (« Geschichte «). C'est pourquoi toute science historique, elle-même moment de l'histoire, serait condamnée à une relativité, à une subjectivité irrémédiable : « La conscience de l'histoire est une conscience dans l'histoire. «         

Ceci exclut toute possibilité de tirer de l'histoire des « leçons «. Car l'historien ne tire pas sa philosophie ou sa morale de ses connaissances historiques.

L'historien porte-t-il un jugement de valeur sur l'histoire ? Ou, au contraire, son travail de reconstruction du passé est-il neutre et objectif ? Dès lors, quelle objectivité pour l'histoire ?

Si l'historien porte des jugements de valeur sur l'histoire, sur quoi ces derniers portent-ils ? Sur les actions individuelles ? Sur des conduites collectives ? Voire sur une époque ?

De plus, au nom de quoi juger le passé ? Le jugement de l'historien n'est-il pas marqué les idéologies de son époque qui peuvent fausser son appréciation sur le passé ?

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« Ce dernier terme a pour origine probable, selon Lévi-Strauss, la désignation du chant inarticulé des oiseaux, paropposition au langage humain.

Mais ni le mot «sauvage», ni le mot «barbare» ne se réduisent à qualifier la nature parrapport à la culture.

Lorsque nous traitons tel ou tel peuple de « sauvage », lorsque nous qualifions ses coutumes etses rites d'« habitudes de sauvages », nous faisons certes comme si nous le rejetions hors de la culture, dans un «pur état de nature ».Mais, en réalité, le sauvage « pur » n'existe pas, car tout homme est toujours d'emblée inscrit dans une culturedéterminée.

Par ces expressions, nous voulons signifier en réalité que nous rejetons la culture de l'autre, comme sielle n'était pas digne d'être une manifestation culturelle de l'homme, et devait être abaissée au rang de grossièrenature.Ainsi, c'est comme si on refusait d'admettre le fait même de la diversité culturelle, affirmant implicitement ououvertement que seule la culture à laquelle nous appartenons est vraie, « normale », modèle et expression de lanorme, donc supérieure.Lévi-Strauss précise, à la suite de cet extrait, que le véritable «barbare» est celui qui applique à l'autre cequalificatif, et se montre ainsi incapable d'accepter la diversité culturelle et la relativité de sa propre culture.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: L'expression « c'est un sauvage » cache donc en réalité, selon Lévi-Strauss, une forme plus ou moins déguisée deracisme, de peur et de refus de la différence culturelle.C'est dans son texte Race et histoire que Lévi-Strauss développera ces analyses pour montrer que ce refus a habitéle mouvement du colonialisme européen depuis le XVe siècle et lui a même apporté ses plus puissants alibis.C'est, en effet, en raison même de ce rejet que l'on proclamait la nécessité, par la colonisation, de « civiliser lessauvages ».

C'était en réalité un prétexte, nous dit-il, pour détruire les formes de civilisation qui ne correspondaientpas aux normes et aux idéaux de celle de l'Occident.Mais le texte de Lévi-Strauss s'oppose aussi à une certaine manière de concevoir le travail de l'ethnologue,manièrequi prédominait au début du siècle.

Il s'agissait alors de traiter les « cultures primitives », celles par exemple destribus d'Amazonie, comme des sous-cultures ayant manqué leur phase de développement.En montrant qu'il existe une « pensée sauvage » aussi riche et complexe que celles qui animent la culture del'Occident, Lévi-Strauss a tenté de renouveler le travail de l'ethnologue en le débarrassant de tout ce que sous-entendait de péjoratif l'idée même de « sauvage ».C'est pourquoi il écrit, à propos de l'idée occidentale selon laquelle les cultures «primitives» sont inertes etstationnaires : «Chaque fois que nous sommes portés à qualifier une culture humaine d'inerte [...] nous devons doncnous demander si cet immobilisme apparent ne résulte pas de [notre] ignorance.

» II.

Les limites du jugement. Cette restriction nous invite à examiner de plus près ce que nous entendons lorsque nous parlons de « juger lepassé ». • La question du « recul ».L'historien est tout d'abord pris dans un dilemme : quels critères doit-il retenir pour juger le passé? Ce dernier doit-ilêtre évalué à partir des critères de l'époque ou à partir de notre mentalité actuelle? La question du respect desdroits de l'homme est-elle par exemple pertinente pour juger les pratiques médiévales, à une époque ou cette notionn'avait pas encore été élaborée ? L'esclavage défendue par Aristote n'est-il pas à replacer dans le contexte del'époque ? Le recul de l'historien est-il la garantie d'un jugement sûr ou rend-il au contraire le jugement plus difficile? • Juger ou connaître?Le positivisme historique a tenté d'évacuer cette question en fixant à l'historien le seul but d'une connaissancerigoureuse des faits historiques.

Il ne s'agira plus du tout de juger le passé mais de le connaître, c'est-à-dire d'endécrire avec précision tous les éléments et de les coordonner entre eux avec rigueur pour, éventuellement, dégagerensuite des « lois de l'histoire ». • Les idéologiesCet idéal positiviste semble cependant aussi difficile à tenir que celui d'un jugement pertinent, car l'historien,consciemment ou inconsciemment, est toujours marqué par une idéologie qui l'incite à ordonner les événements etles hommes selon tel ou tel rang d'importance. Beaucoup de penseurs d'aujourd'hui ne croient plus que l'idéal d'objectivité impassible dont les positivistes avaientrêvé, que Fénelon lui-même prônait jadis (« Le bon historien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays ») soit réalisable. Dans toute la masse des faits du passé que nous pouvons reconstruire à partir de leurs traces, il nous faut faire unchoix.

Mais comment distinguer le fait historique, le fait important du fait non historique insignifiant ? Seignobos disait que l'on juge de l'importance d'un fait à ses conséquences mais celles-ci à son tour ne seront-elles pasappréciées subjectivement par l'historien? On connaît la boutade de Valéry .

La découverte des propriétés fébrifuges de l'écorce de quinquina au XVII ième serait plus importante que tel traité signé par Louis XIV parce lesconséquences de ce traité sont aujourd'hui effacées tandis que « les régions paludéennes du globe sont de plus en plus visitées...

et que la quinine fut peut-être indispensable à la prospection et à l'occupation de toute la terre qui. »

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